Chapitre 8 - le grand pardon

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Les jours qui suivirent cette petite mésaventure me parurent interminables. Le côté positif, c'est que dorénavant, tout le monde me connait. Je pense avoir même un fan club vu que je reçois régulièrement des cadeaux sur mon bureau pendant mes pauses. Bien sûr, leur timidité impose le plus grand anonymat qui soit. De si charmantes attentions à mon égard se devraient pourtant d'être remerciées chaleureusement. Grace à eux, je me suis depuis, sédentarisée à la même place. Personne n'ose plus venir s'installer sur ce bureau pourtant si joliment décoré. Un énorme radio réveil Hello Kitty occupe désormais la moitié de mon bureau. Je profite aussi d'un confortable petit oreiller personnalisé où l'on peut lire « Je vends du rêve ». La dernière touche de déco offerte est une sorte de cadre en peluche qui fait le tour de mon écran avec une craquante petite tête de tortue en plein milieu. Dois-je préciser que l'on me demande l'heure toute les 5mn ? Grrrrr ! Je ne sais pas encore comment, mais Carole devrait trembler en attendant ma vengeance. (Mouahahahahha : rire diabolique et sadique)

Quoi ! Même Antoine a décidé d'adhérer au club ? C'est quoi encore cette réunion ?

Invitation à la formation « Comment se faire pardonner »

De : Antoine.Riccardi@EliteCompta.com

Requis : Vignaud@EliteCompta.com
Date/Heure : Vendredi 4 Aout 2017 21:00-00:00
Emplacement : non-défini

Laurène,

Pour commencer, j'ai (et je l'avoue volontiers) un peu abusé un peu mardi en te jouant ce mauvais tour. C'est pourquoi je veux me faire pardonner.

Oui, je reconnais que c'est surtout un bon prétexte pour t'inviter à venir passer cette soirée de vendredi avec moi. Je ne suis pas très féru des dîners en tête-à-tête alors j'ai pensé que cette sortie pourrait nous donner l'occasion de mieux nous connaitre tout en appréciant le charme du lieu (que je tiens secret pour le moment).

Dans le cas d'une réponse positive (toute autre réponse m'attristerai), le dress code de la soirée est assez classique « Noir & Blanc ».

Pour le transport, je te ferais parvenir un taxi qui t'emmènera sur le lieu du rendez-vous.

Antoine.

Oh mon dieu ! Je rêve ou c'est ce que je crois ? Stop stop stop ! On se calme Laurène... Je reste scotchée devant l'écran relisant chaque mot, chaque phrase... Ça doit faire bientôt plus d'un quart d'heure que je reste planté là, comme une ado face à son premier rencard. Tu comptes répondre ? Chuttt ! Laisse-moi rêver encore un peu petite conscience. Répondre quoi en plus ? Et voilà... Je sais pas quoi lui répondre. Je suis la première à l'ouvrir d'habitude mais cette fois je sèche. J'ai peur de faire encore une bourde moi et ma maladresse légendaire. Je serai capable de tout gâcher.

– Un simple oui suffira.

Je me retourne de ma chaise. Debout, juste derrière moi, les bras croisés, il me regarde de toute sa hauteur. Il sourit, je rougis... Plus il sourit et plus je rougis... plus je rougis et plus il sourit... Pitié, aidez-moi. Mais, pourquoi il agite la main devant mon visage ? (Allo, on se réveille !!!).

– Laurène ?
– Oui ?
– Je considère que c'est oui pour vendredi ?
– Oh, oui bien sûr. Avec plaisir.
– Parfait. A demain. Sois à l'heure cette fois.

Pas le temps de rétorquer que le voilà déjà reparti en me gratifiant d'un dernier sourire ravageur dont lui seul a le secret. Je me reconnais plus. Ce mec me trouble et me fait perdre tous mes moyens. Pourquoi un si beau mâle comme lui s'intéresserait à la folle dingue du service compta ? Toutes les femmes ici doivent fantasmer sur ce bel homme. Sa gueule d'ange qui contraste parfaitement avec ce regard ténébreux. Et que dire de cette bouche charnue, presque féminine qu'on rêverait de dévorer... Sans parler de son c... ! Euh... de son charisme. Une sorte de force naturelle très rassurante. Il est derrière ? Coup de flip ! Non, c'est vrai qu'il vient juste de partir. Je déraille complètement. En parlant de partir, vu l'heure, je vais pas trainer. Let's Go Home now.

En débarquant dans l'appartement, je réalise soudain que cette soirée tant attendue c'est demain et j'ai rien à me mettre. Il va falloir être efficace vu comment mon appart est en bordel. Pile de droite pour le « noir & blanc », pile de gauche pour le reste. C'est parti ! J'aurai vraiment du faire ça y'a longtemps. J'ai même retrouvé des chaussures neuves qui n'ont jamais servie ! Bon sauf que coté couleur c'est encore loupé. Résultat des courses. Deux pantalons dont un déchiré aux genoux et l'autre à surement rétréci au lavage (Oui, je me rassure comme je peux). Pour les hauts, rien de bien folichon. Des chemisiers, des chemisiers et encore des chemisiers. Grrrr ! Je pourrais demander à Carole de me prêter quelques fringues, mais je vois pas comment je pourrais faire sans lui cacher la raison de cet emprunt. Dépitée, calée entre mes deux piles de linge. Je regarde amusée un de mes chemisiers prendre vie.

– Hey Chifou ! Tu veux m'aider ? Oh mon gros pépère vient là faire un câlin à ta maman. Bon, alors... Tu choisirais quoi pour aller à un premier rendez-vous toi ?

Chifoumi me regarde fixement sans rien dire, profitant généreusement de mes caresses. Heureusement qu'il est là, rien n'est meilleur que l'amour inconditionnel d'un chat. Ses ronrons suffisent pour confirmer qu'il apprécie aussi. Je libère le fauve et direction la cuisine. On réfléchit bien mieux le ventre plein il parait. Enfin j'espère...

– Chifou ? Tu viens manger ? Chifouuuuuuu. Où es-tu petit cachotier.

Pour réponse, j'entends un bruit métallique provenant du dressing. Ma faute ! J'ai pas refermé ce fichu placard tout à l'heure.

– Chifou sort de là vilain. Regarde, tu crois que c'est pas assez le bazar ici ? Et laisse ses chaussures tranquilles. Je t'ai déjà dit que ça se mange pas les lacets.

Comme une évidence.

– Merci Chifou !

Antoine n'en croira pas ses yeux. Cette soirée risque d'être inoubliable.

Le biscuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant