Chapitre 15

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 Comme un navire en haute mer, ce yacht prend une tempête en pleine face. Il est secoué de tous les côtés par ses passagers et leurs confrontations.

La confiance se fait rare ces temps-ci. Tout le monde devient suspicieux envers tout le monde. Solène a commencé à douter de son frère quand il s'est montré agressif. Laetitia, elle, doute de Dumè. Ça lui fait mal au cœur, mais après tout, ils se sont effectivement séparés un moment, et il était plutôt en colère. Et Dumè, justement, lui ne doute pas de Laetitia, elle serait incapable de faire du mal à quelqu'un volontairement, mais si le capitaine s'en est pris à elle...

Et s'il y en avait un parmi eux qui avait manipulé tout le monde. Et si tout cet escape game n'était qu'une mascarade pour déguiser un crime...

Cet escape game prend des allures de murder party un peu trop réaliste. À aucun moment, ils auraient dû se retrouver en danger, c'était juste un jeu. Si encore ils étaient lucides, ils pourraient se sortir de cette situation, mais là, chacun est motivé par sa haine et ses rancœurs envers les autres. C'est peut-être ça l'instinct de survie.

« Bravo et merci pour les vacances hein, souffle Laetitia à Vanina.

— Je suis désolée, comment j'étais censée savoir que ça allait prendre cette tournure ?

— On ne suit pas des inconnus sur un bateau au milieu de la nuit, c'est la base.

— Hey ça va hein. T'étais bien contente tout à l'heure, à fouiner partout, à lire les petits indices et les énigmes.

— La prochaine fois, j'y réfléchirai à deux fois avant de te suivre dans un voyage que tu organises. C'est tout. »

Plutôt que s'énerver encore un peu plus et envenimer la situation, Vanina préfère s'éloigner de sa cousine. Ça ne sert à rien de mettre de l'huile sur le feu. Elle reste néanmoins dans la même pièce. Elle s'appuie simplement au comptoir du bar et fait face aux autres, les bras croisés, se rongeant les ongles de temps à autre.

« Lequel de nous avait intérêt à tuer ce pauvre homme, Vanina les surprend-elle avec sa question.

— Mais personne enfin ! On est pas des criminels, riposte Solène.

— Je suis entièrement d'accord ! pointe Vanina. C'est exactement ça, personne n'a de mobile.

— Tu regardes trop de séries, grommelle Laetitia.

— Elle n'a pas tort, approuve Dumè. Aucun de nous n'avait intérêt à le descendre. On a pas nos permis bateau, on ne sait pas se repérer en mer, encore moins en pleine nuit. Et je ne vous parle pas des instruments de navigation. C'est incompréhensible sans des bases solides. Si un de nous avait fait ça, il savait pertinemment qu'il se mettrait en péril autant que les autres...

— C'est impossible qu'un de nous ai fait ça, conclue Solène

— Donc quelqu'un à quand-même réussi à embarquer sur ce bateau sans être repéré, développe Baptiste. »

Ça change entièrement la donne. Ils ne sont plus les uns contre les autres, mais les uns avec les autres contre une menace -invisible- commune. Cette révélation les fait changer totalement de comportement. Alors qu'ils se lançaient des regards suspicieux des quatre coins de la pièce, maintenant ils sont tous regroupés dans un même coin pour faire bloc. Même Vanina a quitté le comptoir du bar.

Quelqu'un est, ou était, sur ce bateau et a réussi à tuer un de ses occupants sans que personne ne s'en rende compte. Et rien ne dit qu'il n'est pas prêt à recommencer pour couvrir ses traces.

Par réflexe, Dumè reprend Laetitia tout contre lui. Elle aimerait avoir la tête à se concentrer sur les muscles qu'elle sent au travers du tissu de son t-shirt, mais son esprit est paralysé par la peur.

Un incroyable étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant