Un incroyable été

Chapitre 9

 « 1924... Ça pourrait être une date, un code, un mot de passe. N'importe quoi d'autre, se plaint Vanina.

— Oui mais c'est déjà ça ! se contente Solène.

— La question est de savoir ce qu'on fait de cette info maintenant... souligne Baptiste.

— Personne n'a repéré de cadenas ici ? se renseigne Laetitia. »

Tout le monde hoche la tête négativement, visiblement pas convaincu par cette étape du parcours. Ils ne disposent que de quatre chiffres comme indices, sans petit mot, sans énoncé, rien. Leur maigre piste les démotive soudainement et ils se lancent dans des conversations plus personnelles, histoire de faire plus ample connaissance.

« Alors vous venez d'où ? questionne Vanina en s'adressant surtout à Solène.

— Du sud-ouest de la France. Bordeaux, par-là, lui répond Baptiste.

— Ah génial ! Je ne suis jamais allée dans ce coin-là. J'ai un peu voyagé avec mes parents, raconte Laetitia. On a fait plutôt l'est de la France en fait. Alsace, Savoie, Alpes Maritimes, Var. Mais la côte Atlantique, jamais...

— Une chance qu'on se soit rencontrés à la piscine l'autre jour, sinon nos chemins ne se seraient jamais croisés, sourit-il. »

Laetitia à l'air tout autant ravie de cette rencontre. Elle sent déjà qu'elle pourrait passer des heures à discuter avec lui de tout et de rien. Elle s'imagine déjà les jours à venir avec lui, sur la belle plage d'Ibiza, en maillot de bain, un petit verre à siroter entre deux baignades. Baptiste donne l'impression d'être tout ce qui lui plaît chez un homme. Un vrai gentleman, très attentionné, beau gosse. Il lui rappelle quelqu'un mais plus moyen de mettre un nom dessus. Étrange...

« Et vous vous connaissez depuis longtemps ? Reprend Vanina. Vous avez l'air proche tous les trois.

— Et ben Baptiste est mon frère chéri, explique Solène avec une pointe d'ironie. Et il a rencontré Charles au lycée et on est sortis ensemble quelques mois. »

Ça fait l'effet d'une bombe sur Vanina. Elle voit toutes ses chances s'envoler petit à petit. Si Charles à un passif avec Solène, vu comment elle le regarde, il y a peu de chance pour qu'elle s'intéresse à quelqu'un comme elle. Et pour couronner le tout Solène à l'air d'être hétéro.

La discussion prend rapidement une tournure de speed-dating plus ou moins amicale. Chacun pose ses questions, plus ou moins indiscrètes. Le fait d'être tous ensemble ne les dérange pas vraiment. C'est comme une bande d'amis qui se connaissaient depuis bien longtemps.

Le seul qui se trouve laissé sur le pas de la porte est Dumè. Même avec ses deux grammes dans le sang, Charles arrive à prendre part à la discussion pour ressortir des anecdotes plus ou moins gênantes sur ses amis. Apparemment, ce n'est pas leur premier été de folie.

Un peu agacé par la situation, Dumè quitte la table et cherche de quoi se resservir un verre. En se retournant, il se rend compte que Laetitia n'a pas remarqué sa disparition. Le yacht regorge de bouteilles de liqueurs et d'autres alcools forts. Il se ferait un plaisir de tous les goûter. Et il se fiche bien que l'alcool ne règle pas les problèmes. Il s'arrête sur un Rhum arrangé aux saveurs de banane et de fève de cacao. Parfait. Il s'en sert ce qui ressemble à deux fois un verre standard, ça lui fera passer sa peine de cœur.

S'il connaît Laetitia depuis une bonne quinzaine d'années. Aujourd'hui, il ne la reconnaît plus. Elle est devenue de plus en plus mystérieuse et prend un malin plaisir à semer le doute autour d'elle. Il fut un temps où il était certain qu'ils ressentaient la même chose l'un pour l'autre. Sa meilleure explication était que son amie préférait rester une amie justement, par peur de gâcher ça et par crainte de la réaction de son père. Et depuis cette période d'amour défendu, il avait gardé espoir qu'un jour elle ouvre les yeux et s'autorise à aimer.