Chapitre 3

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Mingi a répondu de avec plaisir à cet inconnu, tentant de calmer son cœur qui bat bien trop fort, trop vite pour ce que la situation implique. Il lui a expliqué de sa voix douce et calme mais passionnée ce qu'était un tournesol et combien sont beaux les champs remplis de ces fleurs qui suivent le soleil. L'inconnu a tout écouté jusqu'au bout, sans en perdre une miette, sans l'interrompre, pendu à ses lèvres. Quand le fleuriste s'est enfin tu, se concentrant à nouveau sur son interlocuteur, il a presque rougi en croisant son regard brillant de curiosité, d'une flamme qu'il n'avait jamais vu auparavant, comme si elle n'existait que dans ces prunelles sombres. Et puis l'inconnu a du partir, achetant bien évidemment la composition avec cette fleur qui l'avait tant surpris et qui semblait tant passionner le vendeur. Juste avant qu'il ne passe la porte, quelques mots s'échappèrent des lèvres de Mingi, des mots qu'il n'aurait pas voulu retenir de toute façon, comme si ils résultaient d'un besoin vital.

- Comment tu t'appelles ? Moi c'est Mingi. Song Mingi.

L'inconnu s'est retourné, surpris, comme si il ne s'attendait pas à cette question, comme si c'était la première qu'on la lui posait, comme si elle avait une signification qui échappait à Mingi, plongeant ses yeux curieux dans ceux du fleuriste puis il sourit, d'un sourire doux mais éblouissant, comme un soleil à lui tout seul. Sa beauté rayonne soudainement, comme un éclat qui semble sortir de nul part, pur et éblouissant. Il répond, d'une voix douce dans laquelle on peut entendre sa gentillesse et cette lumière qui brille en lui.

- Kim Hongjoong.

Et sans un mot de plus il part, disparaissant presque sous le regard fasciné de Mingi, qui fixe la porte encore quelques instant. Il a cette impression étrange d'avoir rencontré un être surnaturel, irréel, presque un Ange. Les jours qui suivent, il n'a que Hongjoong en tête, surveillant la porte de la boutique d'un œil, se relevant d'un sursaut dès que quelqu'un entre. Il en vient à avoir du mal à se concentrer sur ses compositions et à accidentellement mettre du jaune un peu partout, comme une rayon de soleil dans chacune de ses créations. Mais le jeune homme de revient pas. Une journée passe. Deux. Trois. Une semaine entière. Et puis presque trois. Il a arrêté d'espérer de le revoir. Le soleil qui s'était mystérieusement allumé dans sa vie, rendant cette ville moins triste, moins grise, s'est éteint, en même temps que le petit espoir du changement.

Chaque matin, il se lève à la même heure, mange la, même chose, descend à la boutique à la même heure, portant Miya de la même façon, il ouvre la boutique, ponctuel, il y fait ses taches quotidiennes, conseil, vente, création, composition, ménage, comptabilité, à midi il ferme, le temps de se faire à manger, caressant Miya qui vient réclamer des câlins comme si elle était triste d'être délaissée alors que chaque client est absolument gaga de ses beaux yeux, puis il ouvre de nouveau, reprend ses activités. Le soir arrivé, il ferme, fait le ménage, remonte avec Miya, la nourrit, se nourrit, s'installe devant la télé, l'éteint et va se coucher. Chaque geste en boucle, comme un robot, une rituel qui le dévore, dépourvu de magie, de couleur, de changement, de cette petite étincelle qu'il attend, espère et qu'il a vainement cru trouver en Hongjoong, en ce client inconnu qui n'a fait que passer sans jamais revenir, un client comme les autre, une personne sur laquelle il a naïvement placé ses maigres espoirs de bonheur idéal.

Et en se couchant chaque soir, en sentant Miya se lover contre lui, une larme coule en silence, aussi solitaire que lui. Il rêve de ce déclic, celui des films à l'eau de rose bien trop niais qui fait changer à jamais l'existence du personnage principal. Continue de rêver Mingi. Les rêves dont l'on se souvient deviennent réalité.

He Loved SunflowersWhere stories live. Discover now