He Loved Sunflowers

Chapitre 7

Hongjoong est revenu. Quelques jours plus tard, il est à nouveau entré dans la boutique, de son pas léger mais hésitant. Mingi, occupé avec une cliente, qui se trouve être la mère de Yunho, le salue rapidement, d'un sourire peu professionnel qu'il a du mal à quitter. Et dans les yeux de la femme face à lui, il peut lire un encouragement, de la fierté ou quoi que soit ce sentiment positif. D'ailleurs, quand il a fini de préparé son bouquet et de l'encaisser, juste avant qu'elle ne parte, elle lui souffle gentiment un "bonne chance jeune homme, vous avez bien choisi". Il ne sait pas ce qu'il doit en penser mais il la remercie tout de même tandis qu'elle quitte la boutique. Il se tourne ensuite vers Hongjoong, qui est accroupi, occupé à caresser Miya derrière les oreilles. Il a l'air si simplement heureux que le cœur du fleuriste se réchauffe et il le laisse un peu jouer avant de l'interpeller doucement.

- De quoi as-tu besoin aujourd'hui ?

Hongjoong se relève, se séparant de la jeune chatte qui proteste. Il a dans les mains un grand sac qui semble un peu lourd et plein à craquer d'objets que Mingi ne peut pas identifier et semble essouffler, soit parce qu'il a couru soit parce que le trajet effectué avec son lourd barda l'a fatigué.

- De tournesols.

Encore cette fleur. Pourquoi prend-elle tant de place dans sa vie soudainement ? Pourquoi prend-elle tout son sens ? Elle est belle. Si belle. Plus belle que toutes les autres. Il en a même une près de sa caisse, qu'il observe quand il est seul.

- Bien sur, combien t'en faut il ?

- Je ne sais pas...

- C'est pour une occasion particulière ?

La signification lui revient violemment en tête. Et si Hongjoong avait quelqu'un de suffisamment précieux, quelqu'un qu'il admire tant qu'il souhaite lui offrir cette fleur ? Bien sur on peut offrir une fleur sans sa signification, mais pas quand on la connait, pas quand on s'y est intéressé et renseigné à ce propos. Et tout cela devient ridicule. Mingi est ridicule. Il le sait. Comment peut-il penser quoique ce soit quand le jeune homme n'est qu'un client, un client différent certes, un client qui s'interroge, qui est curieux, qui apparait soudainement et disparait sans avoir acheté quoi que ce soit, mais un client tout de même.

- C'est pour les peindre. Je suis étudiant en art.

Ou peut-être pas. Peut-être se met-il juste trop la pression. Il réfléchit un instant, a cette histoire de peinture et de nombre de fleurs, quand une idée lui vient. Une idée futile, stupide, ridicule, tout autant que lui et ses espoirs enfantins, mais une idée tout de même.

- Tu sais, s'occuper de tournesols c'est pas facile, et si tu veux les peindre, il faut qu'ils tiennent un minimum n'est ce pas ?

Hongjoong hoche la tête, visiblement affecté par ce fait. Il a l'air légèrement déçu, comme si cela lui tenait vraiment à cœur, ce qui est peut-être le cas.

- Donc pourquoi tu ne peindrais pas ici à la place ? Tu auras toutes les fleurs que tu veux et je te ferais un espace à l'arrière de la boutique.

Futile. Stupide. Ridicule. Mais son besoin d'avoir le jeune homme près de lui, ses espoirs cumulés le pousse à faire cette proposition, aussi utopique qu'elle soit. Il y a un silence. Un silence qui s'éternise. Un peu comme si le temps s'était arrêté. Il lit sur le visage de Hongjoong une confusion sans nom. Le regret commence à prendre place, s'installant petit à petit, gonflant de plus en plus, comme un ballon.

- Pourquoi pas.

Pop !

- Combien veux-tu que je te paye ?

- Pardon ?

- Je ne vais pas m'installer dans ta boutique comme ça...

- Ne t'inquiète pas pour ça. Mais si ça t'inquiète à ce point, je ne te demande qu'une chose : acheter à manger pour Miya. La chatte.

- Marché conclu.

Hongjoong tend sa main avec une telle énergie, un si grand sourire, tant de joie que Mingi éclate de rire en la serrant. Il est rassuré, soulagé que le jeune homme est accepté cette idée un peu folle. Il a enfin une excuse pour l'avoir à ses côtés, alors qu'ils ne connaissent toujours rien l'un de l'autre. Une excuse pour en savoir plus, justement. Et si il pouvait lire les esprits, il apprendrait que Hongjoong n'attendait que ça. Que cette occasion. Parce que le bonheur n'est qu'une suite logique d'occasion à ne pas laisser passer. Ce qu'ils ont fait toute leur vie. Et ne veulent plus jamais faire.