La Saga des Élus tome 1 : Le Souverain Immortel

Chapitre 22

/!\ Violence explicite

Tss, ils m'ont même pas donné un putain de cheval, ces radins.

Cela faisait maintenant une semaine qu'Izgeth marchait à travers plaines et collines en direction de ce supposé Bastion Noir, qui serait à l'emplacement de Gandulen selon les dires de Commandant. Oh bien sûr, elle aurait largement put refuser et au lieu de se diriger au nord, s'en aller vers le sud, vers Teer'Nahell, vers l'Empereur afin que ce dernier fasse disparaître la part d'Asmodian en elle. Néanmoins, le fait que des fanatiques pratiquant les Arts Noirs aient réussi à transformer l'ancien quartier général de la l'Ordre de la Lame d'Ehaniel en place forte d'un culte dédié à l'Immortel avait réussi à attiser sa curiosité. Autant aller voir, et si ces cultistes avaient pour intention de ramener Asmodian, elle ne sera que trop heureuse d'empêcher ce dernier de revenir en ce monde. Non pas pour des raisons altruistes, ou bien pour satisfaire sa conscience, bien au contraire. Si la Destructrice voulait tout faire qui puisse contrer Asmodian, c'était avant tout par pure vengeance. Elle était prête à lui pardonner l'enlèvement, les modifications biologiques et la transformation de la jeune femme en arme vivante. C'était la guerre, après tout. Néanmoins, le Fléau de la Vie lui avait pris ce qu'elle avait de plus cher au monde, ce qu'elle ne pouvait retrouver à moins d'aller défier la Mort elle-même. Mais pour l'instant, elle devait aller jusqu'à Gandulen à pied.

Mouais. Si seulement j'avais au moins un cheval. Le bonhomme me demande quand même de traverser le quart du continent.

Au loin, derrière la colline qu'elle grimpait, elle pouvait voir de la fumée s'élever dans le ciel qui avait adopté des teintes multiples en ce début de soirée. Une fois au sommet, elle vit de quoi il en retournait : un village entier brûlait en aval. Lorsqu'elle y arriva, elle vit un tas de cadavres calcinés et de taille variables. Elle ne broncha pas, ce genre de spectacle étant monnaie courante depuis l'arrivée de l'enfant cadette de l'Empereur dans les Territoires Humains.

Les Humains vont commencer à regretter Lothar et Letïan. Valanya a semé plus de cadavres en deux mois que les Jumeaux en cinq ans. Ou en dix, peut-être bien.

Plus loin néanmoins, elle vit quelque chose qui cette fois arriva à lui faire s'arrêter et même à serrer le poing : sur une branche d'un arbre desséché pendait des enfants, nus et affreusement mutilés, au nombre d'une dizaine. Ils avaient sans nul doute d'abord été torturés puis pendus sous les yeux des adultes du village. Il manquait à certains un œil, à d'autres les deux, à d'autres les oreilles, à d'autres la langue. Certains avait même dû être écartelés, au vu des quelques cordes auxquelles étaient accrochés seulement des parties de corps enfantins. Les coupables de ce méfait avaient même poussé le vice jusqu'à coudre des têtes sur les corps d'autres.

Izgeth, d'un lancer de poignard, sectionna alors les cordes. Les corps tombèrent au sol avec un bruit sourd. Après avoir trouvé une pelle dans un établi du village désormais désert, elle se mit à creuser une dizaine de petits trous. Une fois cela fait, elle prit chaque enfant un par un, le déposa dans un trou avant de le recouvrir de terre. La colère froide qui avait commencé à se frayer un chemin dans sa poitrine s'en trouva renforcée lorsqu'elle constata l'état des entrejambes de certaines petites filles.

Les porcs. Décidément, les Morannons n'ont rien inventé.

Alors qu'elle s'apprêtait à reprendre la route, elle eut soudainement l'idée de se trouver une forge. En effet, elle manquait de protections, et les seules armes qu'elle avait consistaient en deux dagues usées. Elle put trouver l'établissement qu'elle cherchait vers le centre du village, et les flammes n'avaient pas encore atteintes la forge. Izgeth se mit alors à chercher ce qu'il lui fallait pour se mettre à la tâche. En effet, Asmodian avait enseigné à ses Destructeurs une multitude de compétences utiles en cas d'isolement en territoire ennemi, et la capacité de se forger sa propre arme en faisait partie. Fort heureusement, le forgeron avait réussi à préserver la plupart de ses matériaux et outils du pillage en les cachant dans le sol.