La Saga des Élus tome 1 : Le Souverain Immortel

Chapitre 2 (réécrit)

-Aïe !

Le jeune Daran Maren tomba sur le dos en gémissant de douleur. En se redressant quelque peu, il vit l'imposante silhouette de son adversaire le toiser. Cette vue s'effaça pour celle d'une pointe de bois à quelques centimètres de ses yeux. Et merde.

-Tu es mort, lui indiqua une voix au dessus de lui.

Sir Gauvin retira alors son épée de bois du visage du garçon et lui tendit la main, que Daran saisit volontiers afin de se relever. Le chevalier lui mit juste après une tape derrière la tête.

-Quand tu pares une attaque, ne reste pas figé dans la même position ! Si tu ne te remets pas en garde aussitôt, tu ne réagis pas assez vite et tu laisse des zones essentielles dépourvues de toute protection. À moins que tu ne sois une Ombre ou un Démon, chaque négligence de ce genre te fais prendre de gros risques.

-Compris, maître, bougonna le jeune garçon.

-On va voir si tu as compris. Remets-toi en position !

Le jeune nobliau âgé d'une quatorzaine d'années se remit promptement sur ses deux pieds, ramassa son épée en bois et se mit dans la position que lui avait apprit son maître d'armes quand ils combattaient avec des épées courtes et légères : de profil, afin de réduire au maximum la surface qu'on offre à l'ennemi. Mais cela n'était pas valable pour les épées un peu plus longues et lourdes, car il est relativement peu aisé de se mettre de profil quand on a ses deux mains sur l'épée.

Sir Gauvin attaqua alors d'une vitesse qui semblait rapide à Daran, mais qui n'était en réalité qu'une vitesse moyenne pour un combattant un tant soi peu expérimenté. Il commença par placer un coup d'épée vers la tête de Daran, que ce dernier bloqua. Mais le chevalier, ni une ni deux, rabattit sa lame de bois vers le bas, à sa gauche. Le jeune homme put cette fois anticiper et contrer l'attaque qui visait son flanc. Il se fit alors violence pour se remettre en alerte et put parer avec succès les différentes bottes de Sir Gauvin. Ce dernier le regarda et le gratifia d'un sourire après quelques minutes.

-C'est déjà mieux, sachant qu'en plus tu n'aimes pas ça. Ça suffit pour aujourd'hui. Le soleil commence à se coucher. Va vite te passer un coup d'eau, sinon ta mère va encore me passer un savon si tu arrive comme ça à table.

En effet, Daran était en piteux état pour quelqu'un de sa condition : haut déchiré à plusieurs endroit, bleus sur les bras, le visage couvert de poussière terreuse. Il couru vers le puis qui se trouvait au milieu de la basse-coure de Fort-Vermeil, château millénaire appelé ainsi en raison de la rouille présente sur les pierres du château, riches en fer, qui devenait de cette couleur quand il était exposé longtemps à l'eau et l'air. Du moins, ça c'était l'explication de son père et du maître des archives. Il était une légende racontant qu'en réalité, les murs sont brun-rouges car les Maren, la maison à laquelle appartient cette place forte, les auraient peints avec le sang des Démons afin de rappeler à tous leur rôle et leur contribution dans la tristement célèbre Guerre Noire.

En remontant un seau d'eau, Daran ne put s'empêcher de penser qu'en soit, il était secrètement reconnaissant aux Elfes d'avoir conquis le continent d'Eian il y a de cela maintenant cinq siècles. Ainsi, lui pourrait toujours vivre confortablement, sans jamais ne connaître une seule guerre, puisqu'il n'y avait plus qu'une seule entité dominante : l'Empire Éternel . Sa vie actuelle, au sein d'un grand château, avec des moyens financiers considérables, à l'abri des brimades et des humiliations subies par l'écrasante majorité des Humains au quotidien, lui convenait tout à fait. L'Empire Éternel avait en effet jugé bon de maintenir les anciennes maisons du Grand Empire de l'Ouest vaincu, au nombre d'une vingtaine, et d'en faire les représentants d'une classe collaborationniste, ce afin qu'ils puissent se faire les chantres des bienfaits de la grande et magnifique civilisation elfique. Mais les Maren avaient commencé, il y a environ un siècle, à mettre de plus en plus de mauvaise volonté à vanter leurs occupants, et s'était vus en conséquence retirés nombre de privilèges fiscaux et commerciaux. Le père de Daran, Haren, était en privé l'un des plus virulents à l'égard des Elfes.