La Saga des Élus tome 1 : Le Souverain Immortel

Chapitre 27

   Le groupe marchait sur une passerelle métallique, là aussi dorée, ne s'accrochant à rien pour se maintenir suspendue. Daran fut immédiatement stupéfait par le ciel : il était noir et rempli d'étoiles, alors qu'il faisait jour quand ils étaient entrés. Il regarda à ses pieds, pour voir que la passerelle semblait également suspendue au beau milieu d'un espace noir constellé d'étoiles.

-C'est une propriété magique de la salle : on est en permanence entourée de la voûte céleste, lui glissa Valar dans un bref chuchotement.

Ils arrivèrent finalement devant un imposant trône d'or, point de départ de multiples lignes métalliques qui allaient vers l'extérieur en s'entrecroisant afin de former des motifs de plus en plus complexe. Devant ce siège pour le moins spécial se trouvait son occupant, debout, les mains derrière le dos, qui les fixait du regard.

Daran eut un frisson quand il posa les yeux sur Naaver. Ce dernier ne ressemblait à aucun elfe que l'adolescent n'ait jamais vu. Son visage ne portait pas une ride, pourtant son expression et son regard traduisaient comme une omniscience que seul un être éternel pouvait avoir. Mais le plus fascinant et terrifiant était les yeux, de la couleur de la sève, qui ne clignaient jamais. Au contraire, ils regardaient en permanence les gens avec une froideur que l'on pourrait qualifier de polaire. Les cheveux de l'Empereur, de la même couleur que de l'argent fondu, étaient coiffés selon un motif bien trop complexe pour la plupart des mortels.

Les deux princes ainsi que les Hyzkaris les accompagnant forcèrent les rebelles à s'agenouiller, avant d'en faire de même. Après un moment de silence, Naaver prit enfin la parole :

-Eh bien, on dirait que je me sois quelque peu trompé sur vous. Bon travail, mes fils.

-Nous vous en remercions, père, répondirent les jumeaux d'une seule voix, avant de se relever et de se mettre debout derrière leur père.

Naaver s'avança alors vers le groupe de prisonniers.

-Six. Vous n'êtes que six. Et pourtant, si vous tombez, le reste de cette Armée Humaine de Libération suivra.

Commandant fut alors le premier à se libérer de l'emprise que l'Empereur semblait avoir sur tout le groupe. Il releva la tête et lança d'un ton de défi.

-Contrairement à ce qu'ils pensent, ils peuvent se passer de moi, comme de nous tous.

-Allons, un peu de pragmatisme. C'était déjà difficile de lutter contre nous avant, mais maintenant... Seth et Valanya vous ont décimé. C'est terminé, admettez-le.

-Ce n'est jamais terminé. Nos idées, nos convictions, ne meurent jamais.

-Les idées, les convictions... oui, tout à fait... fit Naaver d'une voix moins froide et plus rêveuse.

-J'ai pris soin de transmettre les miennes à toute mon organisation, qui les passeront à leurs successeurs, et ainsi de suite. La rébellion peut traverser une mauvaise passe, mais elle ne s'éteindra pas. En ce qui me concerne, je n'ai pas peur de mourir. La mort fait partie de la vie, peu importe le temps qu'elle met pour arriver.

-Ah oui ?

Pour la première fois depuis des siècles, les lèvres de Naaver Tyrall s'étirèrent pour former un mince sourire, ce qui causa un choc à l'entièreté des personnes présentes dans la salle du trône. Visiblement amusé par cette réaction, il reprit alors :

-Je suis l'exception qui confirme la règle, alors.

Cette fois, ce fut au tour de Daran de prendre la parole. Il s'adressa au souverain d'Eian d'un ton goguenard :

-Oh vous savez, une épée dans les tripes et vous rentrez dans le rang...

Les yeux d'ambre de l'Empereur vinrent alors se poser sur le visage du petit noble qui autrefois, n'aurait même pas osé le regarder.