Chapitre 2

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Des bruits sourds résonnaient dans le couloir alors qu'elle marchait, les deux mains dissimulées dans les poches de son pantalon cargo bleu foncé. Sa veste fermée remontait jusqu'à son menton, sa capuche rabattue sur ses oreilles lui offrait un peu plus de chaleur dans les premiers mois de l'hiver. Une bouffée de fumée s'échappa des ses lèvres légèrement gercées lorsqu'elle expira en passant sa main dans ses cheveux. Le corridor dans lequel elle se trouvait lui paraissait être plus froid que n'importe quel autre endroit.

Ses pas s'arrêtèrent devant une porte. Levant la main, elle toqua contre la surface froide, dure et boisée. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale tandis qu'elle effectuait un pas en arrière en se remémorant la dernière fois. Elle avait écopé du coup de poing magistral d'une des marionnettes de Yaga. Elle portait encore la cicatrice sur sa lèvre abîmée, d'ailleurs.

La porte pivota sur ses gonds.

— Tu es en retard.

Son regard se durcit en un éclair face à cet homme aux cheveux blancs. Comme d'habitude, ses yeux étaient recouverts d'un bandeau, ses mains posées sur le cadre de la porte. Il se pencha en avant alors qu'un rictus sournois s'emparait de sa bouche.

— Comme si tu avais le temps pour papoter, Gojo, répliqua-t-elle en roulant les yeux.

— Tiens ? Quelqu'un s'est levé du mauvais pied, ce matin ? il lui demanda en s'écartant pour l'inviter à entrer dans son bureau. Il reçut pour seule réponse un magnifique doigt d'honneur. Que puis-je faire pour toi, Y/N ? C'est pas souvent que tu viens me voir.

— Je ne suis pas venue pour toi, dit-elle en attrapant une lettre pliée qu'elle avait mise dans sa poche.

— Qu'est-ce que c'est ? il interrogea la jeune femme en s'emparant de ce qu'elle lui tendait.

— Un ordre venu des haut-placés, elle déclara. Gojo releva la tête vers elle après avoir rapidement écumé les mots de la lettre et fixa ses prunelles assombries. Je suis venue pour tuer le réceptacle de Ryomen Sukuna.

— Je suis désolé mais je ne peux pas te laisser faire ça pour le moment, répondit l'exorciste aux cheveux blancs. Il jeta le morceau de papier roulé en boule dans la poubelle derrière son bureau puis croisa les bras sur son torse. Itadori doit encore manger les doigts restants.

— Il a dépassé les limites, gronda la jeune femme. Il a permis à Sukuna d'émerger et le fléau a tourmenté ses camarades, n'est-ce pas ?

— J'étais là, expliqua Gojo. Sukuna n'avait pas l'intention de leur faire du mal.

— C'est des conneries, tout ça, railla-t-elle. Est-ce que tu me prends pour une idiote, Gojo ?

— Non. Mais tu devrais te fier à mon jugement, ou bien je finirai par penser que tu en es une, il l'avertit. Itadori est mon élève. Je le connais bien mieux que toi. Il apprend vite et c'est un bon garçon.

— Voilà exactement pourquoi les haut-placés ne voulaient pas que tu t'occupes de lui, dit-elle. Tu es trop doux avec les enfants.

— Mais tu l'as dit toi-même. Il reste un enfant, Y/N. Tu voudrais tuer un gosse ? il lui demanda en inclinant la tête dans sa direction.

— N'agis pas comme s'il était innocent, Gojo. Ce n'est pas un gosse. Au moment même où il a bouffé le doigt maudit de Ryomen Sukuna, il a perdu l'opportunité de vivre le reste de sa jeunesse tranquillement, déclara-t-elle fermement en dévisageant l'homme en face d'elle. Désormais, il est une cible et une menace pour l'humanité.

— Gojo-sensei ! Est-ce que vous êtes prêt pour...

Les deux adultes tournèrent leur regard vers la porte, là où se tenait un adolescent, debout au milieu de l'entrée. Le garçon aux cheveux roses se figea lorsqu'il vit la jeune femme dont les deux pupilles se rétrécirent en fentes. Il pouvait sentir la tension grimper en flèche dans la pièce rien qu'en regardant la lèvre de son professeur tiquer pendant qu'il souriait, narquois.

— Yuuji-kun, je te présente Y/N, fit Gojo.

— Euh... Bonjour ! l'adolescent inclina le menton. Ravi de vous rencontrer !

— Y/N est dans les Forces Spéciales des exorcistes, continua le professeur. Et elle est ici pour te tuer.

Les épaules d'Itadori se crispèrent, ses yeux grand ouverts. Il déglutit nerveusement, son expression joyeuse et timide s'évaporant de son visage, remplacée par la peur et l'anxiété. Il détourna les yeux vers le sol, remettant sa mâchoire en place.

— Je... comprends, murmura-t-il doucement, arrachant un plissement du front à la jeune exorciste. C'est parce que je suis le réceptacle de Sukuna. Vous pensez que je suis un danger pour tout le monde. Mais... je ne vous laisserai pas faire. Pas encore !

— Hmm ? elle s'approcha de l'enfant tandis qu'il se figeait un peu plus et se ratatinait devant l'attitude intimidante de l'inconnue. Et pourquoi ça ?

— P-Parce que... Je vais avaler les autres doigts de Sukuna. Une fois que ce sera fait, vous pourrez faire tout ce que vous voudrez de moi, maintint Itadori en regardant la jeune femme. Je veux détruire Sukuna pour de bon.

Elle ricana, sa lèvre se déformant en un rictus moqueur. Elle plaça sa main à l'arrière de sa nuque dans un petit rire et secoua la tête.

— Et bien, soit. Je suppose que je ne peux pas répondre grand-chose à cela. Cependant, pour que mon supérieur soit satisfait, je vais sûrement devoir rester dans le coin pendant un moment.

— V-Vraiment ? demanda l'adolescent alors qu'elle réajustait sa capuche.

— Tu vas avoir besoin de quelqu'un pour te garder dans le droit chemin, je serai donc ce quelqu'un, avança-t-elle en haussant les épaules. Mais ne crois pas que je serai aussi décontractée et insouciante que Gojo. C'est déjà un miracle que la hiérarchie ait accepté qu'il soit ton enseignant. Il n'y a qu'une seule raison à cela, c'est qu'il est l'unique personne à être suffisamment puissante pour se battre contre Sukuna en ayant de bonnes chances de victoire.

— Des chances ? songea l'exorciste aux cheveux blancs. Je gagnerais, il n'y aucun doute là-dessus.

Y/N leva les yeux au ciel face à son égo démesuré.

— Un jour, tu perdras cette confiance et je serai là pour me moquer de toi, s'exclama-t-elle en agitant la main par-dessus son épaule alors qu'elle marchait vers la porte.

— Où est-ce que tu vas ? interrogea Gojo.

— Je dois parler à Yaga, après je retournerai au quartier général. Mais je serai de retour pour le garçon d'ici une heure, elle répondit en s'arrêtant dans l'entrée avant de se tourner vers Itadori. Habille-toi plus amplement. Si tu veux convaincre les autres, je vais devoir te casser la gueule.

— ... Eh... ? Itadori cligna des yeux, essayant visiblement de deviner si oui ou non elle était sérieuse.

— C'est vraiment nécessaire ? questionna Gojo.

— Ouais. Si je peux leur montrer que Sukuna n'émergera pas alors qu'Itadori est blessé ou en danger, ils lui lâcheront les baskets pendant un temps, répondit-elle. Tiens-toi prêt, gamin. Je ne vais pas être tendre avec toi.

— Elle... me fait une blague, pas vrai ? Gojo-sensei ? Itadori dévisagea son professeur avec une étincelle évidente d'inquiétude dans ses yeux ambrés.

— Non, dit-il simplement en posant sa main sur l'épaule du garçon. Bonne chance. Y/N est terrifiante quand elle est sérieuse.

Itadori avala brutalement sa salive. Si même Gojo-sensei se montrait nerveux à propos de ce combat... merde ! Il était vraiment dans une très mauvaise posture, n'est-ce pas ?

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