𝓣𝓻𝓸𝓲𝓼𝓲𝒆̀𝓶𝒆 𝒇𝓵𝒆𝓾𝓻

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« J-je vous ai suivit car je voulais vous avouer mes sentiments ! » dis-je en cherchant désespérément une lettre dans mon sac.

J'avais écris une lettre d'amour un jour alors que je m'ennuyais en cours. Elle n'était pas spécialement destinée pour lui mais je l'avais préparée pour le jour où j'aurais le courage d'avouer mes sentiments à quelqu'un sur un coup de tête. Je n'aurais jamais cru qu'elle me servirait à me sortir d'une tel situation, comme quoi, il fallait toujours avoir une lettre d'amour dans son sac.

Le grand garçon ne disait rien, comme à son habitude et se contentait de me fixer et d'observer chacun de mes gestes. Je ne pouvais pas m'empêcher de lui lancer des regards le temps de chercher cette fichue lettre. Mon cœur battait et mes mains tremblaient, j'étais maladroite dans mes gestes et il l'avait sûrement remarqué. Je ne tremblais pas de peur contrairement à ce qu'on aurait pu penser, étrangement je me sentais en sécurité depuis que j'avais entendu le ton de sa voix, il n'était pas énervé, il était toujours si calme et avait sûrement une très bonne maîtrise de ses émotions, contrairement moi.  J'étais terriblement stressée par ses yeux posés sur moi, j'étais au bord de l'arrêt cardiaque par la pression de son regard, je ne voulais pas m'humilier devant lui, je voulais tout bien faire, peut-être pour l'impressionner, lui prouver que j'étais une femme qui savait ce qu'elle voulait. Une femme qui avait confiance en elle mais c'était facile à comprendre que non, malheureusement.

J'avais enfin mit la main sur cette lettre et la lui tendis en fermant les yeux. Je l'aurais sûrement mieux écrite si j'avais su que je la lui donnerais vraiment un jour...
Je le sentis la prendre alors que je pensais trop et un soulagement traversa tout mon corps comme si j'étais sortis d'affaire. J'ouvris légèrement les yeux pour le regarder la lire.
Il semblait attentive à chacun des mots écrits et ça me faisait plaisir, ça prouvait au moins qu'il me donnait de son temps. Je sentais malgré tout le râteau à pleins nez, il la lisait attentivement certes, mais tout ça accompagné d'un visage neutre, presque sans émotion et désintéressé. Est-ce que son rejet allait me rendre triste ? C'est sur, je l'avais tant idéalisé, je savais que c'était mal, il se pourrait qu'il ne soit pas du tout comme ce que j'imaginais de lui mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ?

C'était une petite lettre, il avait finit de la lire rapidement et posa de nouveau ses yeux violets sur moi. Il était toujours aussi déstabilisant, j'étais dans tout mes états, c'était vraiment mauvais. J'étais consciente qu'avec ce simple regard, il pouvait facilement m'utiliser, il pouvait me demander quoi que ce soit et je savais pertinemment que je lui obéirais juste pour voir ses mêmes yeux s'attendrir.
Jusqu'à là, il semblait froid et distant mais l'attention qu'il me prêtait ajoutait une simple touche de chaleur en lui. Je voulais voir chaque aspect de sa personnalité, c'était impossible qu'il soit constamment sérieux. Il devait aussi avoir ses moments de faiblesse, de doute ou de fou rire, avec sa famille ? Son frère peut-être ? Des membres de son gang..?
J'aimerais qu'il partage tout avec moi aussi, on se donnerait rendez-vous dans un parc, il aurait sa tête posé sur mon épaule et on se partagerait de la nourriture dans un éclat de sentiments l'un pour l'autre.

En espérant le voir m'aimer, il rangea la lettre dans sa veste pour mon plus grand plaisir, allait-il accepter mes sentiments ? Je serra mes poings et commença inconsciemment à sourire et bouger mes jambes joyeusement. Il ne fallait pas juste se fier à son physique d'Arès, au fond il devait être comme Éros.

Le grand brun ne m'adressa pas un mot et me fit signe de le suivre.

« Hein ? V-vous voulez que je vous suiv- ? »

Pourquoi est-ce que je le vouvoyais depuis le début me dis-je en m'arrêtant dans ma question. Il donnait l'impression d'une personne tellement haute placée et avait une élégance dans tout ses gestes calculaient à la centimètre que je l'avais automatique vouvoyé...

« Vous- »

Je voulais lui demander son prénom et son nom mais je ne savais pas si j'avais le droit de le tutoyer...Il avait sûrement le même âge que moi, oui mais sa prestance m'empêchait psychologiquement de le tutoyer sans son accord pourtant lui l'avait bien fait tout à l'heure.

Alors que je rêvassais en suivant le garçon tressé, il s'arrêta subitement de marcher devant une boutique de fleurs et arracha une orchidée pour me la montrer.

« Ran ? » dis-je en le fixant, curieuse de son geste.

Ran, c'était le mot pour dire orchidée en japonais. Pourquoi me montrait-il cette fleur spécifiquement ? Aimait-il ces fleurs là plus que les autres ? C'est vrai qu'elles étaient belles mais j'avoue que jusqu'à aujourd'hui, je n'avais jamais pris le temps d'observer de près les fleurs, surtout celles-ci.

« C'est mon prénom. » dit-il finalement en laissant tomber la fleur parterre pour l'écraser avec son pied.

C'était donc ça le prénom de celui qui attisait ma curiosité ? Ran ? C'était un très jolie prénom mais honnêtement je n'aurais pas cru qu'il porterait un prénom à la signification si douse et fragile.

« C'est jolie, moi c'est... »

Je ne continua pas ma phrase et pointa du doigt des prunes japonaises rangeaient dans des caisses devant une épicerie non loin de nous. Ran se tourna pour regarder ce que je lui montrais.

« C'est Ume. » dis-je avec un sourire.

Il hocha la tête et après m'avoir fixé quelques secondes, reprit son chemin me faisant toujours signe de le suivre.

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𝐿𝐸 𝑀𝑈𝑇𝐼𝑆𝑀𝐸 𝐷'𝑂𝑅𝐶𝐻𝐼𝑆 [𝑅𝑎𝑛]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant