TDAH

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Cher TDAH, 

Dans la majorité de mes lettres, je commence par "cher". Habitude prise en primaire d'ailleurs, mais c'est pas le sujet de cette petite lettre, même si en partie. 

Je te connais depuis toujours, mais je n'ai pas toujours su que tu étais là. Oh, parfois tu ne prenais pas la peine de te manifester avec une pancarte rose fluo à crier que tu étais là. Parfois, c'était un simple défaut : Une habitude à voler de temps à autre par envie de stimuler le défi et les limites de ce que je pouvais faire, lever moi-même une interdiction, répondre en prenant un air supérieur pour voir jusqu'où aller. Voilà ce qui résume une grosse partie de ma vie. Jusqu'où aller ?

Et parfois, c'était plus flagrant. Une jambe qui tremble, pour canaliser mon énergie quelque-part. Une facilité déconcertante à me déconcentrer, même lorsqu'on me parle de choses importantes. Une incapacité à exécuter un gros travail d'un coup. Une impossibilité de se sentir menacé par les échéances jusqu'à ce que le soir de la veille approche ou l'angoisse monte.

À cause de toi, j'ai besoin d'avoir de la musique dans les transports en communs pour ne pas me sentir étouffé. J'ai besoin de trembler ma jambe pour ne pas me sentir attaché et emprisonné.

À dire vrai, je n'ai jamais été sûr que tu sois là. Aucun médecin n'a dit : "Tu es hyperactif mon grand". Mais cette année, quand j'ai animé trente gamins de 10 ans, j'ai vu deux hyperactifs. Et je me suis reconnu dans chacun de leurs gestes. Leurs paroles, leurs pensées, leurs habitudes. De tous, j'étais le seul vers qui l'un d'entre-eux allait. Parce-que je lui ai dit. "Je suis comme toi. Impossible de me gérer, de me contenir. Impossible d'écouter, d'entendre. Chaque objet est un monde de possibilités, mon cerveau ne saurait pas rester tranquille. Je bouge tout le temps, je pense tout le temps. Je ne dors que quand je suis épuisé parce-que je suis incapable de le faire à un autre moment. La colère me surpasser parfois et je change d'émotions comme de chemise."

Tu as fait de moi ce que je suis aujourd'hui, quelqu'un qui ne sait pas tenir en place, qui ignore le danger. Je ne peux pas rester sans bouger, j'ai besoin de stimuli. C'est ce qui m'empêche d'étudier, c'est ce qui m'empêche d'avancer sur mes projets, c'est ce qui m'empêche d'être a-l'aise. Parce-que tout ce qui me passe par la tête passe presque directement dans mes membres. Sauter sur un rebords, courir dans une rue, crier dans ma chambre, taper mon clavier jusqu'à avoir mal à la main, essuyer méthodiquement mon écran, replacer encore et encore le filtre de mon ordinateur.

Mais au fond, je t'aime bien. Tu es ma petite particularité à moi. Sans toi, je me trouverais bien moins intéressant. Souvent, t'es une plaie. Mais souvent, je t'aime.

Amicalement tiens,

Ton hôte depuis trop longtemps..

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 21, 2021 ⏰

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