Un jour, un soir, maman est venue nous trouver après notre journée d'écoliers. Les yeux bouffis, le teint gris, quelque chose s'était passé, je l'avais deviné.
"Elle est à l'Hôpital, on sait pas ce qu'il se passe."
C'est au départ, avant les pleurs et l'émoi, un rire d'incompréhension qui s'échappa de mes lèvres. Comment ? Pourquoi ? Combien de temps ? Ces questions s'envolèrent chercher leur réponse sans jamais les trouver. Le soir, la maison fut plongée dans le silence, aucun bruit, aucun appétit, aucune envie. Je me repassais un film dans ma tête, sans entrée ni entracte, simplement le film de notre dernière discussion, jeudi soir où on s'était chamaillé. Pourquoi au fait ? Je m'en souviens même plus. Mais ce dont je me rappelle fort bien c'est que nos derniers mots furent chargés de colères, avant qu'elle ne parte loin de nous.
Le week-end, maman est restée près de toi, allant et venant entre la maison et ta nouvelle maison. Elle apprit beaucoup de choses, mais d'autres restaient, d'ombre, voilées. Au départ, tu avais simplement des coups sur le corps, myriades de tâches bleues, sans savoir d'où elles venaient. T'étais partie aux urgences le lendemain, ton sac de cours sur le dos, persuadée d'aller à l'école juste après cette petite enquête, te disant que ce n'était rien. T'avais même prévenu tes amies "Oui, je serai en retard, je reviendrai l'après-midi, pas de soucis !"
Les médecins t'ont pris du sang, sans réellement comprendre. Une ado de dix-huit ans qui se ramène en se plaignant d'avoir des coups sur le corps ? Incompréhensible.
On t'a repris du sang une fois.Puis une autre.
Puis on t'a dit "Madame, vous devrez passer la nuit ici."
T'as rien compris, nous non plus. Les médecins t'ont emmené, t'avais disparu. Et t'y es restée. Une nuit, deux nuits, une semaine, puis deux. On a commencé à parler d'horreur, d'un corps qui se mutilait atrocement lui-même, annihilant et détruisant tel un raz-de-marrée. Il n'était pas méchant, pas vraiment, il pensait bien faire en détruisant le virus ! Point de virus en toi sinon tes cellules, tes globules, tes tissus... T'avais déjà perdu tes plaquettes, sans t'en rendre compte. Une blessure trop profonde, et c'était la fin, jamais tu n'aurais coagulé, jusqu'à, de ton sang, te vider.
Je comprenais rien. Pourquoi ? Quand ? Comment ? ces questions, elles non plus, ne trouvèrent jamais de solution.
Puis on a commencé à parler de mots que je connaissais. Chimiothérapie, greffe, opération.
Note d'espoir sur une mélodie bien triste, il y avait une réponse à ce problème ! Plus qu'à trouver le donneur, le sauveur, pour te sauver et te ramener. Ce sauveur, ce fut notre frère, mais hélas, ton corps ne l'entendait point de cette oreille. La greffe, immédiatement, il a rejeté, causant en toi un dysfonctionnement plus que léger.
C'est là qu'on t'a retrouvé, étendue, depuis des minutes ou des heures ? Jamais je n'ai eu aussi peur. De ces journées, aucun souvenir tu n'as gardé. Mais quelque chose, au fond de toi, s'était brisé.
Merci Hôpital, de l'avoir prise et rendue. On s'est rapprochés, frères et sœurs réunis prêts à tout affronter. Ce n'est que lorsqu'ils nous sont enlevés qu'on voit la valeur des gens qu'on a aimé. Histoire inventée ou pure vérité, le songe reste le même, si le destin décide de vous priver, il le fait sans sourciller.
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Et si on se posait ?
SpiritualParce que la question mérite d'être posée. Je vous invite ici à des réflexions. Sur nous, l'entourage, l'espace et les étoiles. Vous aurez mon opinions, et les commentaire accueilleront les votre. Sincèrement votre, Une petite Plume du Ciel.