Chapitre 3

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Astrid revint le lendemain, et le surlendemain. Chaque soir, elle posa sa main sur la porte sombre, parlait doucement au dragon puis ouvrait la cage. Chaque soir, le dragon déboulait dans l'arène et la forçait à reculer jusqu'à ce qu'elle s'assoit dans un coin. Puis, il se détendait et recommençait à vaquer à ses activités, comme le premier soir. Et chaque matin, il savait reconnaître le moment où il était temps pour lui de retourner dans sa cage et il le faisait savoir à Astrid. La jeune blonde devenait de plus en plus fascinée par ce dragon, si bien que ses pensées n'étaient plus remplies que d'écailles bleues et d'épines empoisonnées. Comment avait-elle fait pour ne pas se rendre compte de la véritable nature des dragons auparavant ? Car jamais le Vipère n'avait eu le moindre geste agressif envers elle, en-dehors du moment où il s'assurait qu'elle n'était pas un danger pour lui, quand Astrid ouvrait la cage.

Elle était tellement perdue dans ses pensées qu'elle n'entendit même pas le Viking qui s'assit à ses côtés, alors qu'elle prenait son repas à la Grande Salle. Elle ne prit conscience de sa présence que lorsqu'il passa un bras autour de ses épaules. Elle grogna de mécontentement et se dégagea, se décalant sur le banc d'une trentaine de centimètres. Mais le Viking insista et vint se replacer près d'elle, reposant son bras autour de ses épaules.

-Rustik, lâche-moi, gronda Astrid en serrant les poings.

-Oh Astrid, tu es là ! s'exclama le Jorgenson, comme s'il venait de remarquer la présence de la blonde. Quelle coïncidence de te trouver là, à côté de moi !

-En effet, c'est vraiment étrange, maugréa Astrid, les yeux rivés sur son bol de nourriture.

-Dis Astrid, tu sais qui est-ce que Stoick va bientôt nommer officiellement comme nouvel hériter ? interrogea Rustik en observant ses ongles pour se donner un air détaché.

-Je me pose vraiment la question de qui va avoir l'immense honneur de succéder à Stoick Haddock la Brute, répliqua sarcastiquement Astrid.

-Ah bon, tu ne sais pas ? fit mine de s'étonner Rustik. Alors laisse-moi te l'apprendre. Moi !

-Quelle joie, quel bonheur, je languis d'impatience, marmonna Astrid. Maintenant Rustik, si tu voulais bien enlever ton bras, je t'en serais infiniment reconnaissante.

-Pourquoi ? On est bien comme ça non ?

Astrid perdit soudain patience et dégaina son poignard pour venir l'appuyer contre la gorge de Rustik.

-Lâche. Moi, siffla-t-elle en détachant les syllabes. Rustik, j'ai été sympa avec toi jusqu'à aujourd'hui mais je commence à en avoir marre. Il va falloir que tu te rentres dans le crâne que je ne suis pas ta petite-amie et que je n'ai pas envie de l'être. Maintenant, tu vas me faire le plaisir de retirer ton bras avant que je ne te le coupe.

Rustik eut un rire peu convaincu.

-Eh eh, fit-il nerveusement. Tu n'oserais pas.

-Tu veux parier ? répliqua Astrid, la voix claquante.

Elle augmenta la pression sur la gorge de Rustik, pas au point de le faire saigner, juste assez pour lui faire peur, et le foudroya du regard. Rustik déglutit péniblement et retira lentement son bras, faisait attention à ne pas énerver Astrid plus qu'elle ne l'était.

-Merci bien, dit froidement Astrid en se retirant dans un coup de vent, plus rapide qu'une ombre.

En un instant, elle était déjà près des portes de la Grande Salle et la seconde d'après, elle marchait vers sa hutte.

-Un jour tu seras bien obligé de m'aimer Astrid Hofferson, marmonna Rustik en se frottant la gorge, jetant des regards incendiaires dans la direction dans laquelle Astrid était partie. Attends un peu que je doive me marier, tu verras ce que le titre d'héritier de Beurk m'offre.

Dragonniers - AstridOù les histoires vivent. Découvrez maintenant