Elle ignorait comment elle était remontée, mais quand ses yeux se rouvrirent, elle était transportée comme un vulgaire sac à patate par au moins deux personnes. Elle s'était agitée et l'une d'elle avait lâché ses pieds. Elle était tombée violemment sur les fesses, surprise.
Isidore avait rigolé, tenant toujours le haut de son corps. Il l'avait lâché quand elle s'était dégagée pour porter une main à son derrière endolori. Marlon s'était exclamé.
— Jeanne je suis désolé ! Est-ce que ça va ?
Elle avait acquiescé, puis s'était relevée en s'aidant de son bras valide. Sa douleur à l'épaule s'était rappelée à elle sans attendre et elle avait constaté que son bras avait été bandé.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Tu as ressurgi exactement là où tu as disparu, sauf que tu étais évanouie. C'était comme si le sol t'avais recraché. Marlon a fait un bandage pour ton épaule et ensuite on s'est dit qu'il valait mieux avancer...
— Où est l'épée ?
— On a fait un vote pour savoir qui la porterait, avait répondu Oscar. Moi j'ai voté pour moi, Izzy pour Marly et Marly pour Izzy.
— Ne m'appelle pas comme ça, avait râlé Marlon.
— Ça n'avait pas l'air de te déranger quand c'était lui, avait rétorqué Oscar en faisant un signe de tête vers Isidore.
Marlon avait rougi, et Oscar avait repris.
— Izzy a dit que vous auriez voté pour Marly – il avait appuyé un regard provocateur vers Marlon – et que c'est lui qui devrait l'avoir mais moi je pense que selon notre accord...
— C'est très bien comme ça, avait coupé Jeanne.
Elle avait adressé un sourire à Marlon qui s'était détendu. L'épée sacrée avait remplacé son arme habituelle dans son fourreau, ce qui lui donnait un air encore plus prestigieux qui n'avait pas échappé à Isidore.
— Je vois que tu t'es remis de ta baignade, lui avait-elle lancé.
— C'était moins fun que d'habitude. Les effets se sont vite estompés.
Il s'était tourné vers elle et elle n'avait pas pu s'empêcher de le revoir dans l'eau dorée, nageant derrière la paroi de verre. Nu. Elle avait chassé l'image.
— Quoi ? J'ai un truc sur le visage ?
— Il y a une image imprimée sur ma rétine qui s'affiche chaque fois que je te regarde. C'est très perturbant.
À son regard, il avait tout de suite compris de quoi elle parlait. Au lieu d'être gêné, Isidore s'était marré.
— Ça va te hanter toute ta vie !
Jeanne lui avait décoché un regard noir, juste au moment où ils avaient aperçu la place de la ville. Quelques instants plus tard, Ellias accourait vers eux.
Il avait d'abord vu l'épée à la ceinture de Marlon, qui dégageait une aura telle qu'il était difficile de passer à côté, puis l'épaule ensanglantée de Jeanne. Son expression était passée de l'heureuse surprise à l'inquiétude en un temps record.
— Qu'est-ce que tu as fichu ?
Il n'avait pas pu s'empêcher de toucher le bandage et Jeanne avait grimacé.
— Je me suis battue contre une armée de soldats en pierre.
À sa grande surprise, Ellias avait rigolé.
— Non mais en vrai ?
— Quoi, c'est si improbable que ça de m'imaginer me battre contre une garde armée ? s'était vexée Jeanne.
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Le Chat de Monsieur Saune
FantasíaQuand Monsieur Saune, son patron, lui confie la garde de la librairie et de son chat avant son départ en vacances, Jeanne ne voit pas ce qui pourrait mal se passer. Employée modèle le jour, écrivaine en herbe la nuit, elle se pense prête à faire fac...