Juste Cause (en cours de réécriture)

Il ne manquait plus que ça...

Au 83e étage, une petite réunion entre collègues est organisée. Un pot de départ pour un certain Paul. Je ne le connais pas très bien et de ce que j'ai entendu de lui, c'est un coureur de jupon invétéré et un pervers accompli. Il aurait brisé le cœur de plusieurs collaboratrices. Linda m'a avoué avoir un coup de cœur pour lui depuis le premier jour où elle l'a vue sans jamais oser lui adresser une parole non professionnelle. Linda est une secrétaire vraiment très sérieuse et je me félicite de l'avoir incité à rejoindre Nolan comme assistante. C'est une belle personne en qui Nolan peut avoir entière confiance.

Il aurait demandé à être muté dans une filiale en Asie, son but étant de vivre la bas, il n'a pas hésité un instant lorsque l'occasion s'est présentée. Nolan doit les rejoindre pour boire un verre. J'ai été invité malgré moi, car je travaille au même étage ce qui ravit Linda qui ne voulait pas venir seule. Je ne suis pas une adepte de ce genre de rassemblement mais je peux entendre des souvenirs échangés, des rires sincères, de l'émotion et ... une lourdeur légendaire.

- Je suis déçu de partir sans avoir eu l'occasion de t'inviter à dîner un soir, me dit Paul.

- Ne t'en fais pas avec ça.

Alors que tout le monde nous regarde interrogatif, je peux voir Linda serrer les dents, ne l'a-t-il donc pas invité une seule fois ?

- On se serait bien amusé dommage.

- Non je ne crois pas !

- Pourquoi ça ?

- Parce que j'aurais refusé !

Le regard de Paul se veut surpris. Un silence plane dans l'open space, alors qu'il se détourne de moi pour parler à quelqu'un d'autre.

- Je crois qu'il ne va pas s'en remettre, me dit Linda.

Elle me dit ça en rigolant mais je ne suis pas sûre qu'il faille le prend à la légère, il a l'air assez contrarié.

- Mais si ne t'inquiète pas.

Je termine mon travail et clôture mon dernier poste quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent laissant entrer cinq hommes à l'allure patibulaire.

- Je peux vous aider ? Demande Linda.

- Nous voudrions voir le PDG ! Lui répond l'un des hommes.

- Désolée il n'est pas là pour l'instant.

Elle semble nerveuse, je pense qu'il y a lieu de s'inquiéter, car ces hommes n'ont pas l'air d'être là par courtoisie.

- Appelez-le !

- Je...

- Maintenant !

Le ton employé ne laisse clairement pas lieu à la discussion, je voie Linda se liquéfier petit à petit.

- Nous n'avons pas le numéro de Monsieur North, Il faut aller au 95e étage pour ça ! Enchaîne Paul

Quel con ! Pourquoi il dit ça ? Il aurait mieux valu les renvoyer au RDC... abrutit.

- Très bien, allons-y ! Dit l'homme en montrant les portes de l'ascenseur à Linda qui est maintenant terrifiée.

Que se passe-t-il ?

- Linda tout va bien ? Ai-je demandé.

Elle se tourne vers moi avec une lenteur prudente, les larmes menacent de couler et il me semble qu'elle tremble. Quand elle se décale un peu sur le côté, je peux voir que les collègues, derrière elle, reculent. Je distingue des « oh mon dieu », « c'est pas vrai », des hoquets de stupeur. Je crois que la situation est plus grave que je ne le pense.