Le Magicobus

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Le bus violet s'arrête à ma hauteur, la porte s'ouvre et un homme en sort. Il a les cheveux grisés en bataille, les oreilles bien décollées (type Londubat), le dos voûté, des vêtements bien trop grands pour lui et qui me semblent sales. Son visage est fatigué, il a de larges cernes sous les yeux, cela lui donne encore plus mauvaise mine. Son teint est tout ce qu'il y a de plus affreux, comme s'il avait passé toute son existence enfermé dans un placard. Surpris, je recule d'un pas. L'homme ne m'a pas vu. Ses yeux fixent devant lui, dans le vide. Il fait clairement de la peine à voir...

Il prend un grande inspiration, puis récite :

- Bienvenue à bord du Magicobus, transport d'urgence pour sorcières et sorciers en perdition. Faites un signe avec votre baguette magique et montez, montez, nous vous emmènerons où vous voudrez. Je m'appelle Stan Rocade et je serai votre contrôleur cet...

Il m'aperçoit et semble surpris. Il ne fait qu'hausser un sourcil, comme si faire autre chose lui coûterait trop d'énergie.

- Hé, gamin ! s'exclame t-il. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Comment expliquer ça ?

- Je... Me suis perdu.

- Qu'est-ce qui t'a pris ?

- J'ai pas fait exprès.

L'homme me regarde, et je vois de la peine dans son regard. Je ne comprends pas.

- Allez, gamin, dit-il. Entre, tu vas tomber malade après.

Je pense qu'il risque plus de tomber malade que moi, et il saisit mon poignet, sa main tenant la mienne, exerçant une pression mais sans me blesser ou me forcer. Il me fait entrer, les portes se ferment mais le bus ne repart pas. Je regarde autour de moi : je suis le seul passager. Il est vrai que ce n'est pas les horaires lors desquels il doit y avoir le plus de monde.

Le bus fait deux étages, tous deux occupés de lit rouges qui ont l'air peu confortables. Les rideaux sont tous fermés et une lumière jaune tremblotante éclaire l'intérieur peu accueillant.

- Tu veux aller où ? me demande l'homme.

- Quel est le prochain arrêt ?

Stan hausse les épaules avant de soupirer.

- Y en a pas, en fait tu choisis où tu veux aller.

Je ne peux pas lui demander d'aller au manoir Malfoy, ce serait trop risqué, sachant qu'il est entouré d'un protection magique très puissante qui pourrait détruire le bus.

- Emmenez-moi... Au ministère de la magie.

Il me regarde avec étonnement.

- Tu t'appelles comment ?

Il ne m'a pas reconnu ? Surprenant... Il faut dire que s'il ne sort jamais de son bus, il ne doit pas voir grand-monde.

- Hypérion, répondis-je avec un petit sourire.

Ses lèvres s'étendent, découvrant ses dents jaunes.

- J'aime bien ce prénom, dit-il. Tu sais, si j'avais eu un gosse je l'aurais appelé comme ça.

Je lui sourit en retour. Il est bizarre et très éloigné des gens que j'ai l'habitude de côtoyer, mais il n'est pas méchant et il n'est pas du tout comme mon père l'avait décrit, quand j'y repense. Il n'a rien d'un voleur ou encore d'un assassin.

- Ça te fera vingt Mornilles, vingt-deux pour un chocolat chaud et trente avec un petit-déjeuner en plus.

Je sors de ma poche une pièce de deux gallions. Je vois Stan la fixer, puis détourner le regard en se mordant la lèvre. Je souris. C'est si facile de donner envie aux gens.

Journal d'un serpent, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant