Chapitre 1 : le départ tant attendu

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"Dieu sait que nous n'avons jamais à rougir de nos larmes, car elles sont comme une pluie sur la poussière aveuglante de la terre qui recouvre nos coeurs endurcis."

Comme j'aurais aimé en cet instant que cette citation de Dickens soit vraie. Malheureusement, les larmes que je versais ces derniers temps me faisaient plus honte qu'autre chose. Pour moi, la tristesse n'était que le reflet de la faiblesse d'un Homme. C'était comme cela que je voyais les choses à cette époque et c'était bien pour cette raison que je me refusais à pleurer, pensant que ma fierté en serait rongée. Seulement ce jour-là était différent.

Nous étions le 3 Septembre et l'automne étrangement glacial s'installait progressivement, comme un souffle léger sur l'Angleterre. Les arbres s'étaient recouverts de teintes orangées et les fleurs s'étaient cachées. Les feux commençaient prématurément à crépiter dans les cheminées, leurs flammes formant un parfait contraste avec la pâleur du ciel en cette timide matinée. Je regardais ce paysage avec une observation détaillée, car il était tôt et je n'avais visiblement rien trouvé de mieux à faire. J'attendais en silence que ma mère se fût réveillée, mais avec le calme assourdissant qui régnait chez nous en ce début de journée, quelque chose me disait que j'allais encore devoir attendre un moment.

Si jour-là, était spécial, c'était pour la simple et bonne raison que ma mère et moi devions voyager. Quelques jours plus tôt, j'avais été renvoyé de mon établissement scolaire, car l'on m'avait injustement accusé d'avoir commis une chose dont je n'étais en aucun cas responsable. L'injustice était malheureusement une chose contre laquelle nous ne pouvions pas nous battre de nos jours, c'était comme la violence ou les insultes, tout aussi humiliant. Pourtant je n'avais rien pu faire pour me défendre, car même mes proches me croyaient coupables.

Tout cela était peut-être dû au fait que l'on m'ai retrouvé derrière le lycée, un briquet à la main et tremblant comme une feuille de la tête au pied. Ceci avait inévitablement été une preuve suffisante au yeux du directeur... Mais comme vous pouviez l'imaginer, c'était une longue histoire et elle se trouvait être beaucoup plus complexe que ces quelques simples détails. Ainsi je préférais ne pas avoir à vous la raconter, du moins pour le moment.

Donc dans le but de reprendre ce que je vous disais précedement, ma mère avait décidé de m'envoyer dans une nouvelle école, un internat pour être exact et ce dernier répondait au nom de "Blossomwood". Etrange n'est-ce pas ? D'habitude, les mots évoquaient toujours pleins de choses aux Etres Humains. Avec des simples lettres nous pouvions imaginer un lieu, une personne, un paysage, une odeur... Or ce qui était étrange avec ce nom-là, c'était qu'il ne me disait absolument rien. C'était comme s'il était venu d'une autre époque, c'était comme une langue étrangère que je n'aurais pas su comprendre, comme une écriture ancienne que je n'aurais pas su déchiffrer.

J'étais adossé contre le mur, sur le rebord de ma fenêtre, faisant mes adieux à mon jardin encore fleurit par des parterres de fleurs de toutes sortes et de toutes les couleurs. Ce spectacle était merveilleux mais malheureusement je savais que je ne le reverrai pas avant longtemps car lorsque je serais dans cet internat, je ne pourrais rentrer à Birmingham que pendant les périodes de vacances scolaires. J'avais horriblement déçu ma mère, et d'après ce que j'avais retenu de ses quelques paroles de réprimandes, elle m'en voulait terriblement. J'avais essayé de lui expliquer ce qu'il s'était réelement passé cette journée-là, mais bizarrement personne n'avait voulu m'écouter. C'était énormément frustrant le fait de devoir parler dans le vide, sans le moindre interet porté à vos paroles.

Soudain alors que j'étais plongée dans mes pensées les plus profondes et les plus mélancoliques, on frappa à la porte de ma chambre. Je n'avais pas entendu ma mère se lever et mon coeur se mit à battre en constatant que le moment que j'avais tant redouté était enfin arrivé. Je devais partir...

BlossomwoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant