Blossomwood

Chapitre 11 : Mrs. Chatterton

-Où est-ce que tu étais passé ? Me demanda Sacha lorsque je la rejoignis devant la salle d'histoire à l'heure suivante.

Je sentis alors mes joues prendre une teinte rose vif que j'essayais maladroitement de camoufler en tournant légèrement la tête sur le côté. Bien évidement mon attitude pleines de gênes n'échappa pas à mon amie qui me regarda de son habituel œillade chocolat que je connaissais si bien à présent. Elle savait que je cachais quelque chose, décidément rien de lui échappait.

-Et bien je... J'étais entrain de réviser dans la cour principale, répondis-je après quelques instants de recherche intérieur d'arguments.

Après tout, la réponse que je venais de délivrer n'était pas fausse, je n'avais pas menti, alors pourquoi me sentais-je aussi coupable ? Je n'avais pas à me justifier ! Pourtant, une petite voix dans ma tête venait sans cesse me répéter les mêmes mots.

A cause de lui,

A cause de lui...

Mais je préférais alors la faire taire et ne plus avoir à me confronter à elle, je savais qu'elle finirait inévitablement par gagner, par me faire avouer la raison de ma préoccupation intérieur, de ma culpabilité intense et perpétuelle. Je devenais folle... Oui, ce devait être ça, après tout nous ne pouvions pas aimer et détester une même personne, puis de toute manière, je ne l'aimais pas, je ne pouvais pas encadrer Jason Landley, alors pourquoi me posais-je autant de questions ? Mon comportement en était presque désolant. Mais ce qui était encore plus désolant, c'était que j'étais incontestablement entrain de me mentir à moi-même et Sacha avait l'air de penser la même chose.

-Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu ne me dis pas tout ? Attend, laisse-moi deviner... Un garçon t'a invité au bal ? Ou alors... On t'a invité, mais tu as refusé, c'est ça ?

Je me mis à soupirer en entendant le commentaire de Sacha qui me fit tout de même esquisser un sourire. Cela me soulageait qu'elle aborde ce sujet, au moins j'allai pouvoir l'entraîner dans une nouvelle discussion sans avoir à me justifier de mes cachoteries.

-Non, je n'ai personne pour le bal, affirmais-je alors.

Elle m'observa alors en plissant les yeux, faisant mine de réfléchir. Maintenant que je commençais à la connaître, je savais que quand elle faisait cela, c'était bien quand elle avait une idée derrière la tête.

-Il faut à tout prix te trouver quelqu'un avant ce soir ! S'exclama-t-elle avec un grand sourire aux lèvres.

Il fallait impérativement qu'elle ralentisse la cadence. Premièrement, je n'étais pas sûr de venir à cette stupide soirée et deuxièmement j'avais encore moins envie de m'y rendre avec un cavalier qu'en solitaire, car je ne pouvais m'empêcher de trouver ce principe d'une ringardise absolue. De plus j'étais très maladroite lorsque je dansais avec un garçon, je ne cessais de lui marcher sur les pieds, de me tromper de pas ou bien de ne pas suivre correctement le tempo de la musique.

Soudain, notre discussion fût malheureusement interrompu par notre professeure qui arriva d'un pas strict et rythmée dans le couloir dans lequel se trouvait notre classe. Je n'arrivais pas vraiment à la distinguer de là où je me trouvais mais je savais déjà qu'elle ne m'inspirait aucune confiance, rien qu'en examinant sa silhouette filiforme et sombre. On aurait dit le parfait stéréotype de la mégère dans les films clichés pour adolescents. Elle continuait de marcher, imperturbable, une expression neutre au visage que j'arrivais nettement mieux à distinguer à présent lorsqu'elle se rapprocha progressivement de notre salle de classe. En effet, je pus enfin apercevoir son visage aux traits durs, d'où gisait une bouche fine qui venait sans aucun doute confirmer son caractère autoritaire et despotique. Les battements de mon cœur se mirent brusquement à accélérer lorsque je remarquai que je la connaissais. Oui, je l'avais vu lors de mon premier jour, c'était cette prof à l'allure si sévère qu'un des élève avait qualifié de "peau de vache" quand nous nous trouvions en rang devant la port de l'internat.