✨Chapitre 8: L'espoir est bien la dernière chose qui meurt ✨

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J'assiste à une scène effroyable à laquelle je ne peux strictement rien faire. Je ne me suis absolument jamais senti aussi impuissante de toute ma vie. Voir des événements se passer devant ses yeux, être pleinement consciente de la gravité de la situation tout en ne disposant d'aucun moyen pour aider est de loin d'une des pires sensations au monde. Max a déjà rejoint Al alors que moi je ne suis encore qu'à une dizaine de mètres d'eux. 


Je supplie intérieurement Max de revenir auprès de moi, de revenir à la raison. Mais à cause des bourrasques de vent qui se multiplient et produisent un bourdonnement assourdissant, ou bien à cause du caractère borné de Max, mes supplications demeurent vaines. Albert est trop loin, Max est trop proche. Et moi je suis trop faible. 


Pourquoi donc avait-on doté les fantômes du pouvoir de se téléporter? Sans ce maudit pouvoir, j'aurais pu arrêter Max, j'aurais pu l'empêcher d'avancer, j'aurais pu l'en dissuader, j'aurais pu éviter le drame ! 


Il n'y a plus aucun espoir, mais je continue de me ruer vers eux en espérant. Cette petite voix dans ma tête qui me susurre que rien n'est perdu tant que Max n'a pas atteint sa proie, a pris le contrôle de mes jambes qui s'élancent à toute allure. L'espoir est bien la dernière chose qui meurt. Parce que même lorsque tout semble perdu d'avance, même si l'univers entier s'acharne à vous garder dans l'obscurité, même lorsque l'on sait soit même qu'il n'y a plus aucune chance, il y auras toujours cette petite voix dans un coin de votre tête qui seras là pour vous encourager dans votre vaine obstination. Cependant, elle finira la plupart du temps par s'éteindre promptement lorsque la situation seras si désespérée qu'aucun retour en arrière ne seras possible. Elle vous laissera là, sans aucune once de pitié, seul, avec votre chagrin et vos remords. Et alors que cette foutue petite voix m'encourage armée de ses meilleurs pompons de cheerleader, Max se tourne vers moi, soudainement attendrit. Il semble hésiter. 


Sans doute sait-il que ce qu'il envisage de faire est mal, complétement dénué de sens et totalement stupide ?


Sa colère a dû cependant l'emporter sur sa conscience car après ce léger moment d'accalmie, le démon qui sommeillait en Max éjecte violemment Albert quelques mètres plus loin. Je m'arrête brusquement de courir et m'effondre sur mes genoux. Condamnée à être spectatrice d'une scène surréaliste, j'ai tout simplement l'impression d'être là sans vraiment l'être. Mes yeux me montrent qu'il s'agit bien de la réalité, mon corps me l'affirme, mon esprit me le prouve mais mon cœur n'y est pas. Est-ce qu'il est possible de se tromper à ce point sur une personne? Ou est-ce qu'on sait depuis le début qu'une part d'ombre existe chez elle mais on refuse de l'admettre ? 


Mon cœur se gèle complètement, anéanti et paralysé. La violence du coup que porte Max à Albert me laisse sans voix, sans émotion. Seul des larmes amères trouve encore la force d'errer sur mes faibles et froides joues bleues. Cependant, ce ne sont que des larmes d'apparence, des larmes sans signification car à l'intérieur de mon être entier, il n'y a plus que du vide. Je ne savais pas que je pouvais me sentir encore plus vide que je ne l'étais en arrivant. Je ne savais pas que je pouvais me sentir vide à nouveau après les merveilleux moments avec Max qui avaient succédé à l'emménagement. 


Mais peut-être que c'est ça la sensation de trahison? Comprendre que les moments qu'on pensait merveilleux ne sont que des leurs. Comprendre que chaque fois qu'on se vide de son essence, de sa joie, de son être, on creuse un abîme qui ne pourra jamais plus se refermer si ce n'est que s'amplifier. Comprendre qu'il y a pire que de se sentir mal puisqu'il est également possible de ne ressentir rien. Il n'y a pas pire que rien.

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