Les secours ne tardèrent pas à arriver pour m'administrer les premiers soins à l'arrière de la voiture. Mis à part une entorse au genoux et quelques plaies superficielles un peu partout au niveau des jambes et des bras, on pouvait dire que j'étais saine et sauve. Avec une attelle, je serais sur pieds d'ici quelques mois.
Blessures superficielles ou non, c'est en larmes que ma mère se précipita vers moi pour me serrer dans ses bras jusqu'à que je ne puisse presque plus respirer. Au bout de quelques minutes, elle fut bien obligée de desserrer sa prise pour laisser la place à mon père qui semblait tout aussi inquiet. Sans surprise, Charlie n'était pas là. Mes parents avaient toujours tenté de le préserver du mieux qu'ils pouvaient de tout ce qu'ils considéraient comme un minimum traumatisant. Et en ce moment, j'étais un aimant à expériences traumatisantes.
Bien que l'homme à la cagoule avait quitté cette sombre route depuis plusieurs heures maintenant, les récents événements étaient encore beaucoup trop frais pour que je puisse évaluer les dégâts sur ma santé mentale. Toutefois, j'étais persuadée que je n'étais pas encore rentrée dans ma phase dépression et tristesse.
J'étais plutôt coincée entre le stade du déni et celui de "j'essaie de deviner les projets de mon agresseur pour le réduire en bouillis".
Dans les bras de mon père, j'avais une vue imprenable sur les deux inspecteurs adossés contre leur berline. Ils étaient arrivés en même temps que mes parents mais avaient préféré rester en retrait attendant sans doute que cesse l'effusion d'affection qui se produisait sous leurs yeux. Pines parlait avec les policiers qui m'avaient retrouvé et semblait prendre des notes tandis que Kruger écoutait d'une oreille distraite tout en me sondant d'un regard insistant. Ses deux iris m'analysaient comme si la réponse à tout ce mystère se trouvait dans mes propres pupilles. Dans un premier temps, je tentais de soutenir son regard mais quand ce dernier se fit plus perçant, je me tournais vers ma mère dont les larmes perlaient encore sur les joues.
Je n'avais rien contre Kruger. C'était même l'enquêtrice la plus douée qui m'avait été donnée de voir. Rien ne lui échappait même quand j'étais trop bouleversée pour témoigner. Sans doute que, sans elle, cette affaire n'aurait pas avancé depuis le temps et pour cela, j'avais beaucoup d'estime pour elle. En revanche, ce qui me mettait mal à l'aise, c'était son métier. Elle était payée pour me poser des questions, pour raviver les moments les plus traumatisants de ma vie et le pire c'était qu'elle était parfaitement douée pour cela. Avec le temps, j'ai compris que faire revivre les faits aux victimes était une façon comme une autre, pour un enquêteur, de récolter des informations même si cela devait amener les témoins à bout. Peut-être n'avais-je pas toute ma tête ? Car il était indéniable que j'admirai cette femme parce qu'elle effectuait parfaitement ce métier que je détestait.
Toutefois, les interrogatoires de Kruger, contrairement à ceux de Pines, étaient toujours assez rapides à défaut d'être doux. Je n'avais pas besoin d'être cuisinée trop longtemps. Kruger ne faisait ni de détour, ni de digression et ne s'embêtait pas avec la politesse. Elle allait droit au but et ne s'intéressait qu'à l'essentiel.
Pines, lui, était persuadé que pour avoir le plus d'informations possible, il fallait gagner la confiance de celui qui était interrogé... ce qui s'avérait dans la plupart des cas mais prenait inéluctablement beaucoup plus de temps. D'autant plus lorsqu'on sait que le type d'individus interrogé s'apparente le plus souvent à des profils comme dealers de drogues, malades mentaux ou adolescentes trahis. Bien que les deux dernières catégories pouvaient souvent en former qu'une.
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NOUVEAU DÉPART
Roman pour AdolescentsJe ne sais pas ce qui est pire: Quitter Paris où se trouve toute ma vie ou bien emménager dans un château perdu au fin fond de la Bretagne. Pourtant fuir tout ce qu'il s'est passé là-bas m'est plus que vital: Plus rien ne me retient dans cette vill...