I.0.

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There's a light at each end of this tunnel

- Breathe (2 A.M.)

***

Je parcours les rayons de la bibliothèque de Berlin avec anxiété, ne cessant de guetter les quelques personnes m'entourant. A cette heure, l'endroit est désert, je reprends une gorgée de mon café posé sur une étagère et je replonge mon attention dans mon livre, essayant d'être le moins repérable possible. Mon téléphone se met à vibrer dans la poche de mon jean, je le déverrouille, les mains tremblantes et efface l'énième message que je viens de recevoir avant de reprendre mon livre.

- Le portrait de Dorian Gray ? Retentie une voix près de moi.

Je relève la tête pour détailler l'homme qui se trouve devant moi : brun, de taille moyenne, une posture d'homme influent et des vêtements simples mais élégants.

- Un véritable chef d'œuvre de l'époque victorienne, une ode à l'hédonisme qui me plait tout particulièrement !

- C'est une manière de voir les choses, pour ma part j'y vois surtout la décadence engendrée d'un pacte avec le diable, Wilde a réécrit le mythe de Faust sous le prisme de la jeunesse éternelle.

- C'est une vision plus pessimiste de l'œuvre, j'en conviens. Dit-il.

Il me tend sa main, main que je saisis en hochant la tête. Si l'on omet son petit air sournois, il ne me paraît absolument pas louche, ce qui, dans les circonstances actuelles, est vraiment très étrange. L'espace d'un instant, l'idée que cela puisse être un piège me traverse l'esprit mais il chasse bientôt mes doutes en lançant un regard à mon téléphone.

- D'ici quelques minutes, ce ne sera plus un problème. Dit-il avec un air rassurant – et à ma grande surprise, assez convaincant.

- C'est un endroit spécial pour ce genre de... Transactions, non ? Je demande.

- Vous trouvez ? Me répond-t-il. Une jeune chercheuse qui entre dans une bibliothèque, il n'y a rien de bizarre, c'est donc le meilleur moyen de passer inaperçu.

Il me tend une enveloppe, que je prends et ouvre avec précaution, détaillant du regard chacun des documents.

- Tout est en règle ? Je demande.

- Vous voulez dire, pour une fausse identité ? Oui, tout est en règle. Me confirme-t-il. Avez-vous une idée de ce que vous allez faire ensuite ?

- Je pensais rentrer dans mon pays d'origine, la Roumanie. Je réponds, les yeux rivés sur la carte d'identité. Ils cherchent un enseignant dans mon domaine de recherche à l'université de Bucarest.

- Bucarest... Dit pensivement l'homme. Vous savez, je possède quelques logements là-bas que ma famille a racheté après la chute de l'URSS, je passerai un coup de fil ou deux pour vous, vous pouvez avoir l'esprit tranquille, vous n'aurez aucuns problèmes.

- Qu'est-ce que vous voulez en échange ? Je demande, suspicieuse.

- Pour l'instant, rien. Me dit-il. J'ai cru comprendre que votre situation était critique alors je ne vous demande rien en échange.

- Pas d'argent ? J'insiste.

- J'ai bien assez d'argent qu'il ne m'en faut. Dit-il en balayant la question de la main. Tout ce que je veux, c'est que vous profitiez de votre nouvelle vie.

- Pourquoi faire ça ? Je demande. Pourquoi faire la charité de cette manière ?

- Oh mais je sais comment fonctionne le monde Mademoiselle, et j'aime avoir des alliés un peu partout dans le monde, tout ce que je vous demande c'est d'ouvrir l'œil, peut-être qu'un jour j'aurais besoin de renseignements.

- Cela me semble être un arrangement correct. Je confirme en tendant la main vers lui. Encore merci pour ce que vous avez fait.

- Profitez bien de votre nouvelle vie, Ileana Vacaresco.

- Et vous êtes ?

- Zemo. Dit-il. Baron Helmut Zemo.

I KNEW YOU WERE TROUBLE || Bucky BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant