Un Escalier vers le ciel (Writober 2021)

Jour 11 : le vide à tes pieds.

Casey est confortablement installé dans les bras d'Aislin. Elle lui caresse doucement les cheveux en lui murmurant des paroles rassurantes et en lui embrassant le front de temps en temps. Llewelyn, assis à côté d'eux, lui passe sa main dans le dos en faisant des cercles réconfortants et en chantonnant tout bas des paroles incompréhensibles et apaisantes. Il ferme les yeux de contentement. Et si vous vous demandez s'ils sont habillés, oui, ils le sont, parce qu'ils ont beaucoup parlé et que c'est pour ça que Kay se fait câliner. Par ce qu'il a raconté des choses qu'il n'avait jamais osées leur dire avant, même s'ils se connaissent depuis longtemps.

Les bras d'Ash sont chauds et doux, rassurants. On ne le dirait pas comme ça, quand on ne la connaît pas, car Ash est un peu abrasive. Mais en vrai, elle est tendre. Les bras de Lou aussi sont confortables, et Kay les aime beaucoup aussi, même si, quand il y est, son nez est au niveau de ses salières et ça chatouille un peu. Lou est grand et un peu osseux. Mais il est tout aussi rassurant qu'Aislin et sa voix l'enveloppe doucement, un peu comme une couverture qui l'isole du monde et de ses souvenirs.

Kay leur a expliqué que des fois il entend son père, même ici au Parloir, ou quand il est chez Lou, ou au Camp Basilone, ou même quand il est à l'autre bout du monde, au milieu d'un désert ou d'une forêt de pierres grises.

Il est là, et dans le silence il l'entend et il a soudain envie de fuir par l'escalier de secours, de se réfugier tout en haut, les jambes dans le vide, passées à travers les barreaux de la dernière plateforme, suspendu entre le ciel et la terre, invisible, oublié. C'était là qu'il se cachait toujours quand les cris devenaient trop forts, les menaces trop pressantes, les coups sur sa porte trop assourdissants.

Et c'est compliqué de trouver un escalier de secours où se cacher en plein milieu du désert ou d'une forêt en Europe, vraiment. Alors on se sent bête, planté là à chercher les marches et les barreaux de métal là où il n'y en a pas. Drew, parfois, l'a retrouvé perché en haut d'un échafaudage ou sur un balcon. Il n'a jamais rien demandé, pas au début. Il s'est contenté de s'asseoir à côté de lui en silence, comme s'il savait que sa présence imposante ferait fuir la voix et il a attendu patiemment que Casey lui raconte un jour pourquoi il se cache là sans raison.

Et il est désolé, Kay, de ne pas leur en avoir parlé à eux en premier. Mais il sait que s'il l'avait fait, Aislin se serait mise en colère, pas contre lui mais contre son père, et que ça aurait fait de la peine à Lou parce qu'il ne pouvait rien faire pour l'aider.

C'est là qu'Aislin l'a pris dans ses bras et l'a doucement câliné. Elle a embrassé son front et caressé ses cheveux, et Llewelyn lui a passé doucement sa main dans le dos. Et Ash lui a murmuré tout bas, comme une incantation : "c'est fini mon Cœur, c'est fini. Tu n'as plus besoin de te cacher avec le vide à tes pieds. On est là maintenant. On te protège et on te tient."