Un Escalier vers le ciel (Writober 2021)

Jour 18 : voler jusqu'aux étoiles.

Kay a découvert que la nuit dans cette partie du monde est quelque chose de magnifique. La première fois qu'il a levé les yeux, il en a eu le souffle coupé. Elle est d'autant plus belle, quand, comme ce soir, il n'y a pas de lune. Ici, malgré les projecteurs qui éclairent la base, il n'y a pas d'autres lumières pour atténuer l'éclat des petits points lumineux, il n'y a pas de pollution pour voiler le ciel, et rarement des nuages. Ici, le ciel est transparent, d'un bleu sombre plus profond que de là d'où il vient, et les étoiles semblent plus brillantes.

À la fin de son tour de garde, Casey s'est trouvé un petit coin à l'abri des lumières et il s'est allongé sur le sol. Il fait frais, mais il est bien couvert alors il s'en moque. Il pose son casque sous sa tête et il s'installe comme ça. Il plonge littéralement dans ce ciel inconnu.

La première fois, il a été déstabilisé de voir toutes ces étoiles qu'il ne reconnaît pas, toutes ces lignes imaginaires qui dessinent des formes étrangères en reliant tous ces points différents de là où il a grandi. Quand il se réfugiait sur l'escalier de secours, il levait toujours le nez vers le ciel pour ne surtout pas regarder vers le bas et, tout seul, il a appris le nom de chacune des constellations encore et encore, traçant sans fin les contours des créatures fantastiques qui peuplent le ciel pour oublier à quel point son monde était brutalement banal. Plus tard, Aislin lui a raconté les histoires de ces constellations, et il aime encore quand elle lui en parle, parce que c'est un vestige de son passé à elle, un trésor qu'elle partage avec lui.

Alors ici, il apprend de nouvelles formes et de nouveau noms : Centaure, Paon, Colombe, Phénix... Et quand il rentrera, il demandera à Ash de lui raconter leurs histoires. Il plonge dans la Voie Lactée, bien plus visible et bien plus profonde dans cette partie du monde, ruban scintillant comme une rivière dont le courant le ramènerait chez lui s'il se laissait emporter.

Il se laisse totalement absorber par sa contemplation, les bras croisés sur son torse comme un gisant contemplatif, jusqu'à ce que sa tête se mette à tourner devant l'immensité du ciel nocturne et qu'il ait l'impression qu'il va voler jusqu'aux étoiles pour s'y perdre enfin et ne plus jamais revenir.

Il entend rire à côté de lui et il se redresse, brutalement ramené vers le sol et vers son corps. Il cligne des yeux et tombe sur Bobby qui le regarde en souriant depuis la pénombre des bâtiments en préfabriqué.

— Tu fais quoi, Pikachu ?

Kay se renferme et serre la mâchoire, il n'a pas envie de s'expliquer, mais il le fait.

— J'regarde les étoiles.

Avec un petit air de "et si tu trouves à y redire, va te faire voir".

— Tu t'y connais ?

— Ouais, un peu.

Après un dernier rire, Bobby vient s'installer près de lui.

— Alors vas-y, je t'écoute.