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Emma

Je suis arrivée à l'heure, comme à mon habitude. Rien n'excuse un retard, surtout quand le temps nous est compté. Je m'installe en cours. Au fond de la classe, seule. Là ou personnes ne pourra me déranger et où personne ne fera attention à moi. Je suis un fantôme, j'erre seule, pâle et sans compagnie. Je n'ai plus vraiment d'amies. On m'a complètement oublié quand je n'ai plus donnée de signes de vie à cause de ma maladie, seulement ça elle ne le savait pas, que j'étais malade.

Le cours avait bien débuté depuis cinq ou dix bonnes minutes alors que la porte de la salle de classe s'ouvre en grand. Je m'en foutais royalement, ce n'étais pas mon problème. Je me replonge dans mes dessins, dans mes calculs. Comme si de rien n'était. J'entends bien quelques soupirs à un moments donnés, quelques remarques à propos de quelqu'un, d'un nouvel arrivant. Mais qu'est-ce que ça peut me faire ?

Rien ne peut me déconcentrer. A part une chose. Le brouhaha se termine mais je sens bien qu'il y a quelque chose d'anormal. Tout est silence, ce qui est rare. Une sorte de tension s'était installée. La sensation que quelqu'un me scrute m'oblige à relever la tête. La lourdeur d'un regard est franchement désagréable. Je relève la tête précipitamment et je croise immédiatement celui qui est à l'origine de ce ressentiment. Un garçon, que je n'avais pas vu. Brun ou ébène, une couleur que j'ai grand mal à déterminer. Ses yeux bruns me reluquent. C'est dérangeant et malaisant. J'hausse les sourcils et retourne à mes dessins. Il peut bien faire ce qu'il veut. Ca n'avait pas d'importance.

Lorsque le cours se conclu, je me lève, prend mon sac, et me barre. Je le vois attraper une fille par le bras. Il me jette un coup d'œil et reprend sa conversation. Je lui tourne le dos quand soudain, je ressens une vive douleur au thorax. Je m'accroche mon pull et le serre encaisser cette déferlante de vertiges qui arrive. Je vacille légèrement quand on attrape ma main et que l'on me force à me retourner. Mes cheveux sont devant mes yeux, je ne vois pas bien qui m'a attrapé mais je le remercie intérieurement. Il vient de faire cesser une de mes crises. Je me libère de son emprise et pousse avec le dessus de ma main le rideau roux qui m'empêche de savoir qui est mon héros. C'est là que je le vois. Il sourit...ou plus tôt il a un air inquiet sur le visage ? Je ne saurais dire.

« - Salut... tu vas bien ? Me demande-t-il.

Je ne réponds pas directement à sa question.

- Tu sais que l'on n'attrape pas les gens par la main comme ça ? J'aurais pu te frapper. Ou te mettre à terre, lui dis-je avec un rictus.

Il a encore sur son visage presque trop parfait cet air de mec sympa et inquiet. Sûr de lui. Il se moque discrètement de ma remarque et me répond d'un ton détaché :

- Toi ? Me frapper moi ? Je ne pense pas non. Il marque une pause et semble réfléchir à ce qu'il va dire.

- Et dis-moi tu dessinais quoi dans ton cahier en cours ?

- Je peux savoir en quoi ça te regarde ? Lui répondis-je en haussant un sourcil le visage à nouveau fermé. Quelle question étrange.

- Pas que ça me regarde... mais tu semblais tellement concentrée que tu ne m'as même pas regardé. Me répond-t-il l'air détaché.

J'éclate de rire devant sa remarque. Quelle condescendance !

Il ouvrit grand la bouche. Sans doute étonné par la franchise de mon rire. Ce mec était un véritable livre ouvert. Je me rends compte de chacune de ses émotions d'après les expressions de son visage. Ça en était risible. Mais il reprit ce sourire trop parfait, comme un masque qu'il n'ôtait jamais.

A nos cœurs brisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant