Emma
Les bras ballants, je suis trop secouée pour réagir. Je le vois courir, il a l'air de s'esclaffer. Son pull repose dans mes mains et je me mets à lui hurler après, sans pour autant le suivre. A ma grande surprise, je ris aussi. Je ris tant que des larmes coule de mes yeux. Et j'ai froid, je frissonne à cause du vent frais de la mer. J'enfile, tout de même à contre cœur, son sweat. Il est chaud, doux et... je me surprends à le sentir ? Quoi ? Je le renifle...J'arrête immédiatement, en grimaçant de dégoût quand je me rends compte de mon geste. Je prends ma planche et je réfléchie à ce qu'il m'a dit. Il voulait que je lui apprenne à surfer, d'accord... mais je ne pouvais pas. Je ne peux plus. Cependant, quelque chose me tiraille. Quelque chose de profond et ça a peut-être un rapport avec l'histoire du décès de son grand-père. Je n'ai jamais perdu de proches, mais je sais ce qu'est la souffrance. Et j'ai l'impression qu'en ce moment, rien n'est plus important pour lui que d'honorer cette part de sa mémoire. Quelque part j'ai vraiment envie de l'aider et en plus en échange il doit participer au projet de science.
Il va me falloir un petit moment de réflexion. Non enfaite, un énorme moment de réflexion. J'ai l'impression que tout va trop vite. Beaucoup trop vite. Ce garçon que je connais seulement depuis deux semaines. Ce garçon un peu trop intrusif. Il allait falloir que je mette des barrières, et de sérieuses barricades !
Je reviens sur le bitume, pour rentrer chez moi. Je n'en ai pas envie, mais il le faut. Je me rappelle que j'ai prévenu ma famille que je ne mangerais pas à la maison, donc je vais m'acheter un sandwich au Delly' Burger. Un fastfood qui sert les meilleurs milkshakes de toute la ville. Il ne se situe pas très loin de la plage, j'adorais y aller avec mes anciennes amies lorsque l'on venait surfer. Et je n'y suis pas retournée depuis. Je crains toujours de croiser quelqu'un qui poserait trop de questions sur mon absence. Et je ne voulais pas prendre de risques. Mais là ! J'en ai terriblement envie.
Quand j'arrive devant l'enseigne, je me remémore de bons souvenirs. Celle-ci se détache du paysage par sa couleur rouge criarde. De grosses lettres néons donnant le nom du lieu agrémente la façade et des tuyaux de fer sortent du sol, comme pour former une clôture. Les murs, composés d'immenses vitres, laissent entrevoir les personnes qui y déjeune. L'intérieur et cosy, pleins de banquettes en cuire déguisent l'espace. Des tables en verres, dans lesquelles ont été introduits des paysages, permettent de manger en sérénité et en voyageant. Quant aux serveurs, ils donnent la constante impression d'aimer leur job et les clients. Tout le temps souriant.
Je soupire, et entre. Personne ne fait attention à moi lorsque le carillon retentit et une vague de soulagement me submerge. Je me dirige jusqu'au comptoir et appui sur la petite sonnette pour commander. C'est là que je me rappelle que tous les employés me connaissent. Espérons que le restaurant en a changé depuis l'an passé. Je vois alors une petite tête brune qui m'est inconnue et me réjouit de ma bonne fortune. Je commande la spécialité du coin avec un milkshake au chocolat et à la noix de coco. On me sert très rapidement. Je paye et m'apprête à sortir quand une voix féminine m'interpelle.
<< - Eh ! Toi là ! Emma c'est ça ?
Je me retourne pour voir qui m'a appelé et mes yeux croisent ceux d'une fille blonde. Je cherche à me rappeler où est-ce que j'avais bien put la voir auparavant. Je n'avais pas une bonne mémoire des visages, et ça me faisait souvent défaut. Et avant que je n'aie pu mettre un nom sur ce facies, elle se présente :
- Oh... c'est vrai que l'on ne s'est vu que rarement. Je suis Anna. On est dans la même classe.
Je me souviens d'elle. En effet c'est la fille qui traînait avec Oliver l'autre jour. Je me sens mal tout d'un coup de ne pas l'avoir remise alors qu'elle est dans ma classe.
- Je m'excuse, je suis nulle avec les visages. Donc Anna c'est ça ?
Elle me regarde avec sur le visage un sourire qui me paraît un peu crispé. Puis en me détaillant, elle écarquille les yeux en me disant :
- Mais... tu portes le sweat d'Oliver ?! C'est celui qu'il portait à la soirée... Comment ça se fait !
Au ton qu'elle à employer, je sais que ça ne lui plait pas. J'essaye d'atténuer sa frustration.
- Oui c'est bien son pull. Mais ce n'est pas vraiment... enfaite les circonstances ont fait que j'avais froid et je ne lui ai rien demandé quand il me l'a donné. Je le lui aurais bien rendu mais il est parti en courant.
Je m'embrouille un peu dans mes explications alors que je n'ai pas besoin de me justifier car il n'y avait rien à justifier.
A son expression qui se décompose, je vois que ça ne fait qu'empirer les choses. Je décide alors de le retirer pour le lui donner. Je ne sais absolument pas ce qu'il se passe entre eux mais je ne veux surtout pas être prise dans leur romance. C'est bien une des choses qui m'insupportent le plus. Les problèmes et la romance. A grosse dose j'en ferais une overdose. Lorsque je le lui tends, elle hésite à le prendre. Puis elle me l'arrache des mains, un grand sourire à nouveau plaqué sur son visage parfait.
- Merci, ne t'inquiète pas, je le lui rendrais au lycée.
Elle a l'air satisfaite. Tant mieux, j'ai évité le pire. >>
Je la salue, un peu gênée puis je m'en vais. Mon smoothie et mon repas toujours à la main. Je sors et rentre chez moi.
Je fais attention à ce que personne ne me voit. A priori, mes parents ne sont pas là. L'absence de leur voiture en témoigne. J'ouvre le garage et pose ma planche à l'endroit exact où elle était auparavant, avec la bâche poussiéreuse qui la recouvrait. Je me précipite dans ma chambre, en m'assurant que ma petite sœur n'est pas non plus rentrée puis me déshabille. Je range ma combi au fin fond de mon armoire et prend mon téléphone. Je me suis décidée. Avant de mourir, je veux pouvoir faire le meilleur autour de moi. Être la meilleure. Alors oui, je vais accepter, d'avantage pour son grand-père que pour lui.
J'écris que j'accepte son marché, que je suis d'accord pour que l'on travaille ensemble et que je lui enverrais le sujet plus tard. Je l'insulte aussi. Tant pis. Pour son pull, je ne lui dis rien, de toute façon elle le lui rendra. Je vais me balader un peu sur le web. Je vois qu'Anna m'a follow sur Instagram. Je l'accepte, curieuse. Je clique sur une de ses stories et vois qu'elle a donné une fête récemment. Et lorsque je les passe unes à unes, je tombe sur Oliver et elle, filmés à l'improviste, s'embrassant à pleine bouche. Je me demande qu'elle est le but de cette séance de bécotage. S'étouffer avec la langue de l'autre ?
Je comprends mieux sa réaction tout à l'heure et dans ma tête je fais le lien entre la gueule de bois de ce dernier et la mine terreuse de cette dernière. Oh... c'est bien pour eux, s'ils sont heureux ça me va. Enfin, comme si j'en avait quelque chose à faire.
Lorsque mon téléphone vibre, je vois que j'ai reçu une notification. Un message d'Oliver. Je l'ouvre et je ne vois aucune utilité à sa réponse. Un smiley qui fait une bise et un "ok". Mais à quoi joue-t-il ?
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A nos cœurs brisés
RomanceLui il est libre, Elle, elle ne l'est pas, Elle, elle est malade, Lui ne le sait pas. * * * Emma et Oliver se connaissent depuis l'enfance. Lui a changé, et...