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Oliver

Elle vient de s'en aller. Sa requête est intéressante. Travailler ensemble ? Assurément, à vrai dire je veux la faire attendre pour l'agacer, mais je sais déjà que je vais lui dire oui. Ça pourrait me donner l'occasion de mieux la connaître.

Derrière moi, Anna la regarde partir, verte de jalousie, cette fille est vraiment possessive. Une semaine que je la connais et elle me colle déjà aux basques. Je reviens vers eux, et à la sonnerie, je rentre chez moi. J'ai terminé les cours plutôt. Le week-end arrive bientôt et j'ai prévu de rendre visite à mon grand-père. C'est un homme fort, à l'allure dure mais au cœur d'une douceur insoupçonné, c'est le seul lien qui aujourd'hui, me rattache à mon père.

Il a toujours été là pour moi. Il m'a appris à contrôler ma colère et il m'a appris à aimer. J'adore aller chez lui, il possède une petite maison de plage, à proximité de la mer, et j'aime beaucoup le regarder lorsqu'il surf. Il a tellement d'histoires à me raconter à chaque fois.

Lorsque je rentre chez moi, ma mère n'est pas encore rentrée, il y a trois jours elle m'a laissé un mot pour me dire qu'elle serait de retour en fin de semaine d'un voyage à Pékin. Je prends une pomme, m'assoit à table et regarde mon téléphone. Je n'ai pas encore reçu de message de la petite rouquine. Dommage, j'ai pourtant pensé qu'elle me contacterait. J'attendrais bien ! Je le repose et regarde autour de moi. Parfois, j'aime beaucoup détailler ma maison, et à chaque fois, j'ai l'impression de la redécouvrir. Par de petites rayures, par les traits de crayons qui ont été marqués lorsque je prenais un centimètre de plus. A l'époque, c'était le moment que j'aimais le plus.

Mon téléphone vibre, une fois, puis deux. Et je me jette dessus. Oh... un sentiment de déception me prend, ce n'est que Anna. Elle me demande si je veux participer à la soirée qu'elle organise. Je devrais refuser, mais j'accepte, j'ai besoin de m'éclater là. Je lui réponds que j'y serais mais que je ne resterais pas trop longtemps et encore une fois je repose mon téléphone. Je m'apprête à monter les escaliers quand j'entends à nouveau mon téléphone sonner. Mon dieu ! Mais qui voulais jouer avec mes nerfs aujourd'hui ?! Je décroche à nouveau, rageusement, sans même prendre la peine de voir qui est au bout de l'appareil.

<< -Quoi ?

-Chéri ? C'est moi, comment vas-tu ?

Au bout du fil, c'est la voix de ma mère que j'entends, elle est rauque et à l'air fatiguée, mais je la reconnais. Mon air ravageur s'efface de mon visage pour laisser place à un calme olympien.

-Oh maman, je m'excuse. Je vais bien, et toi ? Tu rentres bientôt non ?

Je sens une sorte de gêne entre nous, un long silence s'installe, elle est la première à le rompre.

- Je... oh Oliver ! J'ai une terrible nouvel à t'annoncer. Je l'entends renifler, sangloter. Mon cœur commence à s'emballer.

-Ton grand-père, ton cher grand-père est décédé ce matin. Il nous a quitté. Je suis désolé, je suis tellement désolé... Il faut...

Je n'entends pas le reste de sa phrase, ma vision se brouille, mon cœur s'emballe, des larmes me montent aux yeux. Et à ce moment précis, j'ai l'impression que plus rien au monde n'ira bien.

-Il faut que l'on aille organiser les obsèques, ce week-end. Je rentre demain. Nous irons à ce moment-là. Oliver, ça va ?

Je ne réponds rien. Non ça ne va pas, non, ça n'ira plus ! Je raccroche en lâchant de tristes mots, à peine audibles, barbouillés, brisés. Je monte dans ma chambre, comme une ombre, sans but. J'ai l'air sans vie. Je me couche sur mon lit, m'emmitoufle dans mes draps et ferme les yeux. Le noir m'apaise, j'ai l'impression que plus rien n'existe. Cette perte, cette nouvelle, c'est comme si je venais de perdre mon père une deuxième fois. Mon visage est trempé et le sel assèche mes lèvres. Mes cris sont silencieux, mon esprit quant à lui, est remplis de cristaux de verre qui déchire ma conscience. J'ai mal à en défaillir.

A nos cœurs brisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant