Rose Ross, Les Enfants de la Lune

Chapitre 11

Nous étions au milieu de la forêt, dans une petite clairière où poussait de jolis lys blancs. Le soleil qui brillait haut dans le ciel avait fini par chasser la brume.  Nicolas me fit signe de m’asseoir sur l’herbe.

-       Rose, l’étape de la première transformation est une dure épreuve au niveau du mental et du corps, me dit Nicolas avec sérieux. Tu dois chercher en toi afin d’atteindre l’état de la  paix de l’esprit où tu trouveras tes apparences.

-       D’accord, répondit-je.

-       Bien, je vais te laisser seule pour que tu puisses mieux te concentrer. Je te donnes un conseil ; si tu tiens à tes vêtements, tu ferais mieux de les enlever… dit il avec un air gêner.

-       Comment sa ? Blanche et Yalda, elle avait toujours leurs vêtements sur elles !

-       Oui, mais se n’était pas leurs première transformation… En tout cas, je te laisse seule ! Personne ne viendra ici. Je t’aime ! Me dit il en m’embrassant sur la joue.

-       Moi aussi ! répondit-je.

Je le regarda s’éloigner, puis il se retourna et je lu ‘’bonne chance’’ sur ses lèvres. Je sourit et lui envoya un bisous avec ma main.

J’étais seule, dans la forêt. Je paniquai. Et si un Traitre arrivait? Je ferais quoi ? Je n’avais même pas mes armes !

-Bon,  Rose, calme toi. Me dit-je

J’inspirai longuement et ferma les yeux. Je m’étendis sur le sol, après ne pas avoir enlever mes vêtements car j'étais gênée. Pour me calmer, je chantonnai une chanson de mon enfance. Ma mère me la chantait autrefois.

-       Là haut le jour tombe, il laisse place aux rêves. Aux temps d’autrefois, à la magie oubliée. La Lune laisse ses marques, sur ton beau visage. Elle fait vibrer tes rêves, et te donne sa magie. Tu protègera les faibles, combattras le mal. Fera vibrer des cœurs, et les rêves des autres, et les rêves des autres…

Sur ses douces paroles, je sombrai dans le noir.

Je flottai dans un monde vide. Ce n’était ni blanc, ni noir, ni d’aucune couleur connue. Une brume épaisse formait des spirales, prenant tantôt la forme d’une femme, tantôt de la lune, d’un loup, d’un corbeau, d’un ours ou d’un renard. Étrange, le renard n’était pas une de mes formes.

Je me concentrai un peu plus. Je ne percevais plus mon corps et je me sentais étrangement libre. Tout à coup, le loup fondit en moi, remplissant un peu le vide de la perte de mon corps. Puis le corbeau fondit lui aussi et l’ours vint par la suite. J’ouvrais les yeux.

Immensité bleue. Non. Bleue et rousse. Rousse ? Je battit des paupières et vit le ciel et une jeune femme de mon âge, me souriant gentiment.

Le sol autour de moi était jonché de morceaux de vêtements et de sang. De sang ?! Je n’avais pas mal pourtant ! Je voulu me lever, mais je trébucha et tomba à plat ventre. La demoiselle rit légèrement et me fit signe de me lever. Voilà pourquoi ! J’étais un loup ! Un loup noir au tour du visage et au buste marqué des mêmes marques dorés que lorsque j’étais humaine. Je me levais lentement, en étirant mes quatre pattes puissantes et musclées. Je voulais sentir le vent jouer dans mon pelage, le sol défiler sous mes pattes. Je voulais hurler à la Lune. Je sentis une autre chose aussi. Des présences. Dix présences. Je voulais veiller sur elles, les protéger de tout mal. Comme si elles étaient mes sœurs, mes frères. Elles faisaient partie de moi. Je percevais leurs énergies. J’hurlai pour les appeler. Leur dire de venir me rencontrer. Au loin, un cœur de hurlement et de glapissements joyeux me répondit.