Chapitre 16

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Je regardai son visage, puis mes mains, en imaginant à la place de mes doigts mes griffes de louve. Je relevait lentement la tête, puis le regardai avec des yeux pleins de questions.

-       Qu’est-ce qui t’as fait sa ? demandai-je inutilement.

-       La vraie question c’est plutôt : qui m’as fait sa, dit il en insistant sur le « qui ».

-       Alors, qui est-ce ?

-       Votre peuple.

Je lui fit signe de développer sa réponse avec mes mains et en insistant du regard.

-       Mon peuple, poursuivit-il, est depuis l’aube du monde responsable du maintient de la paix et de l’équilibre sur la terre des hommes. Nous sommes les O’tooawk. Les ancêtres des Enfants de la Lune. Les légitimes fils lunaires. Notre peuple veille sur l’équilibre des nations. À la différence des « Enfants de la Lune », nous naissons avec nos pouvoirs.  Nous ne pouvons changer d’apparence, mais nous sommes plus forts que vous. Il y a environ deux siècles, des peaux pâles ont commencé à arriver sur la terre des hommes comme moi. Mais contrairement à nous, ils veillaient sur le mal, le déshonneur et le vice. Ils ont commencer par exploiter nos terres, couper nos arbres, puis enlever nos enfants pour en faires des esclaves et violer nos femmes.

-       Les Traîtres ? questionnai-je.

-       Non, pas vraiment, dit-il sans se départir de son regard sombre.

-       Les Enfants de la Lune, poursuivit-il, nous aidaient à nous débarrasser de ces hommes. Et puis un beau jour, l’un des leurs est né parmi les étrangers. C’est là que tout  changer. Ils n’ont plus voulu protéger la terre des hommes contre les nouveaux venus car ils les considéraient comme des frères. De plus en plus d’Enfants de la Lune sont nés, et de moins en moins de gens nous aidaient. Ils ont commencé à dire que notre peuple était fou, puis que nous étions dangereux. Mais ils ne voulaient pas se salir les mains. Alors ils ont demandé aux hommes blancs. Ils ont réussit à semer dans le cœur des blancs une telle haine, une telle peur envers nous qu’il ne leur à pas été difficile de nous exterminer. Ils ne savaient pas où nous logions, ils ont alors décider que tous les peuples amérindiens étaient des O’tooawk. Ils nous ont exterminé, un par un, dans la pire des tortures. Ces hommes portèrent bientôt le nom de Traîtres. Les Enfants de la Lune raconte une autre histoire quant à leurs naissances, mais elle n’est pas véridique. Ils ont effacer toute preuve de leur culpabilité dans la mémoire des leurs et des blancs, mais pas dans la nôtre. Et grâce à eux, les hommes blancs se sont approprié notre terre, et nous sommes traités comme de la vermine.

Je ne savais pas quoi dire. Les Enfants de la Lune étaient des monstres ? Cela allait contre tout ce que l’on m’avait dit jusque là. Pourquoi le croirait-je ? Pourtant, je sentais qu’il avait raison. Je devais maintenant considérer que Blanche, Nicolas, Samïan, Lou et toute  ma meute étaient des monstres, des ennemis. Et moi aussi.

-       Voilà pourquoi tu ne me fais pas confiance, lui dit-je.

-       Qui te dit que je ne te fais pas confiance ?

-       Si tu me faisais confiance, avançai-je, je n’aurais pas de chaine d’agent qui m’empêche de me transformer autour du cou.

-       J’ai mes raisons de ne pas te faire confiance, dit-il.

-       Tu as des raisons ? Tu crois peut-être que je te fais confiance, moi. Je suis ici, avec une personne que je ne connais pas, qui me brime, et qui vient de me dire que tout en ce que j’avais toujours cru juste était faux ? Tu ne me connais même pas, et tu me dis que je ne suis pas digne de confiance ?

-       Je ne t’ai pas dit que tu n’étais pas digne de confiance !

-       Bon, reprit-je plus calmement, on ne va pas se disputer, se serai idiot. D’accord ?

Je regardai Karim, toujours assis à la table. Je ramenai mes genoux sous moi pour m’asseoir plus confortablement.

-       D’accord, fini-il par dire.

-       Bien. J’aimerais que tu répondes à ma question. Pourquoi suis-je chez toi ?

Il prit un moment pour me répondre.

-       Tu volais péniblement, le vent et la pluie te rendait faible. Je t’ai vue tomber à l’eau, puis je t’ai secourue mais tu étais inconsciente. Je t’ai amener chez moi et t’ai coucher dans mon lit. Contente ?

-       Comment à tu pu me secourir ? J’étais au milieu de l’océan !

-       Vous n’êtes pas les seuls à savoir voler, dit-il.

Curieuse de savoir en quoi il se transformait, je lui posai la question.

-       Je ne me transforme pas, dit-il avec un sourcillement. Je te l’ai déjà dit, nous naissons avec nos pouvoirs.

-       Comment peut tu voler sans te transformer en oiseau ?

Il ne me répondit pas, mais il se leva, me tourna le dos puis enleva son manteau, puis sa chemise. Mon cœur rata un  battement en apercevant son dos musclé et basané, entourer par une large bande de tissu comme boursouflé.

-       Qu’est-ce que c’est ? dit-je en pointant le tissu.

-       C’est pour passer pour quelqu’un de normal, dit-il.

Il commença à défaire le nœud, puis enleva la bande. J’eus le souffle coupé lorsque j’aperçu deux grandes ailes en plumes rouge vif, bleu roi et or se déplier lentement.

-       Wouah, soufflai-je en me levant. Elle sont magnifiques, m’exclamai-je en tendant une main pour y toucher.

Elles étaient douces et soyeuses.

-       Qu’est-ce que tu fais ? dit Karim en se retournant avec un visage austère.

-       Oups ! Désolée, dit-je en retirant ma main et en rougissant violement.

Je sentais que je n’en avais pas fini avec ses expressions sévères et ses regards noirs. Et au fond de moi, je m’en réjouissais.

Rose Ross, Les Enfants de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant