Mémoire 5

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Celui pouvant lire dans les pensées

D'abord, je fus choqué. Le temps sembla s'arrêter autour de moi. Je voulais me convaincre qu'il n'avait pas dit ces mots, que j'avais tout halluciné. Mais je ne le pouvais pas.

J'avais très bien entendu. Il avait prononcé mon titre. Aucun doute n'était possible. 

L'effroi et la panique monta en moi. L'émotion me happa avec la force d'un typhon dévastateur. Mon expression dut se décomposer de façon effarante, car le jeune homme aux cheveux noirs s'empressa de mettre une main rassurante sur mon épaule pour s'acquérir de mon état et se montrer sûrement rassurant.

Je savais que je n'avais rien à craindre. Il avait été clair là-dessus. Jamais le jeune homme ne trahirait quelqu'un comme lui, quelqu'un comme nous, peu importe qui était-il. Mais je ne pouvais pas empêcher mon corps de réagir à la peur qui me hantait depuis si longtemps, la peur d'être découvert honteusement par mégarde, celle d'amener véritablement la disgrâce sur le nom de ma famille.

Je détestais peut-être cette image de perfection impériale pour toutes les choses ingrates qu'elle me forçait à accomplir, cependant je ne connaissais que cela. Personne à part un intime ne pouvait savoir qui se dissimulait derrière le masque.

Mon état mental était un bordel sans nom. Il n'y a pas d'autres mots pour le décrire. Je me sentais inquiet et apeuré tout en étant compris et accepter. Avec le contraste et la puissance de ce que je ressentais, j'avais l'impression que j'allais être malade. Mon estomac se tordait en un millier de nœuds inconfortables. Ma respiration était hors de contrôle et mon cœur battait à s'en arracher de mon torse. Les tremblements de la diligence ne m'aidaient pas à me stabiliser.

Ce genre de crises m'étaient déjà arriver durant ma jeune adolescence, mais jamais avec une telle intensité. Probablement que le niveau de pression sur la maîtrise de mes émotions au palais m'empêchait de les ressentir pleinement. Le stoïcisme et la prestance étaient comme une question de vie ou de mort là-bas et mon cerveau semblait bloquer pour me permettre de « survivre ».

Prenant conscience que je paniquais, Finn vint s'asseoir à mes côtés et caressa doucement mon dos.

« Prend de grandes respirations, dit-il doucement. Tout va bien, tu n'es pas en danger. »

Sa compassion et sa chaleur me faisait du bien. Il tentait de me conforter et tout cela de manière douce et platonique. Je n'étais pas capable de confirmer ses intentions exactes. Surtout avec l'état dans lequel je me trouvais. Mais durant notre discussion et celles qui suivirent, je n'avais pas décelé d'arrière-pensées chez lui.

Ce genre comportement altruiste était nouveau pour moi. La plupart des hommes que j'avais rencontré partageant mes préférences amoureuses cherchait toujours une faveur quelconque en retour. Finn, en revanche, n'avait pas l'air de faire partie de cette école, un peu comme lui.

Mon dernier amant avait été le plus respectueux d'entre tous, mais cela ne l'empêchait pas d'être un trouillard sans volonté selon mon jugement du temps. Il n'était pas prince, alors il avait sans doute la liberté d'agir plus que moi. Bon sang, que j'étais terriblement naïf.

Mais enfin.

Tranquillement, je revins à moi après beaucoup d'effort pour ne pas me laisser submergé par la houle déferlant en moi.

« Tu vas mieux? » me demanda mon compagnon de route.

« Oui... je crois. Je... je suis désolé de m'être donner en spectacle comme cela. »

« Eh, il n'y a pas de souci. Ce n'est pas ta faute. Peu importe ce qu'on a essayé de te rentrer dans le crâne, ta panique et ce que tu ressens ne sont pas honteux ou disgracieux. »

Mémoires d'un reflet sur les flotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant