Conversation autour d'un verre
La région des grands lacs était une partie unique et magnifique du continent au saint duquel reposait mon pays. Cette vallée entourée de collines et de montagnes avait reçu à sa formation l'eau des hauteurs enneigées et le terreau fertile de qualité du volcan Incandeus. Les avantages du terrain faisaient des duchés et du comté de l'endroit les plus anciens et les plus mythiques de tout l'empire.
Ville-Laurentis possédait beaucoup plus d'histoire que la capitale elle-même. Cette dernière ne s'était affirmée que lors de l'avènement de l'empereur Saint-Impérius, le début de la dynastie dont je faisais partie. Durant de nombreux siècles, la maison Laurencius, qui administrait désormais tout le territoire directement au Nord de Laurios, avait dirigé la nation dans l'ombre avant sa consolidation. Aujourd'hui, le duché se spécialisait en production de breuvages luxueux. Les plus grands crus étaient embouteillés et vieillis ici.
Ainsi, les riches amateurs de vin n'hésitaient pas à faire le détour.
Je ne fus donc pas surpris que la chevalière me propose un verre pour me remercier de l'avoir embarquer jusqu'à la cité. Je n'avais jamais été un bon buveur, mais qui refuserait un cadeau comme celui-ci? Elle m'avait déjà donné beaucoup grâce à sa sagesse, mais ce n'était pas assez à son avis apparemment.
La soirée débutait à peine et pourtant les tavernes et restaurants semblaient déborder de monde. Il fallait croire que les gens commençaient à picoler tôt dans la région. Enfin, ce n'était pas si étonnant.
« Vous connaissez bien la ville? » demandai-je à Eulia alors qu'elle me guidait à travers les rues légèrement bondées.
« Assez. J'y passe souvent pour retourner dans ma petite chaumière au bord du lac Othorion. Avec les années, on finit par mémoriser. »
« Je vois. Avez-vous un hôtel à me recommander? Je devais me rendre chez quelqu'un... mais il n'est pas encore revenu chez lui. »
Bien sûr, ce n'était pas la véritable raison. Le duc de Laurencius ne m'attendait pas avant demain après-midi et, comme à Émerios, me présenter à l'improviste ne serait pas respectueux. Ce genre de situation devenait de plus en plus redondant. Également, je n'avais pas vraiment envie de reprendre mes tâches de prince tout de suite. Je voulais profiter de ce moment sans prise de tête.
Ainsi, quoi de mieux qu'une coupe? On n'allait pas me houspiller cette fois.
« Oh, c'est dommage pour toi, me plaignit la dame. Je ne pense pas qu'il y ait des établissements comme dans la capitale. Mais je connais une auberge respectable, bien qu'un peu rustique. Est-ce que ça te conviendrait? »
« Je... je ne peux pas me permettre d'être difficile. Je veux bien aller voir. Resterez-vous là aussi? »
« Sans doute. Les voyages de nuit sont dangereux et puisque tu ne m'accompagnes pas. Je préfère attendre le lever du soleil. »
« C'est parfait! Nous avons tout le temps du monde pour continuer à discuter. »
« Oui, la conversation est toujours meilleure avec un bon repas, une bouteille et sans se demander où nous allons dormir. Mais enfin, ne nous égarons pas. Allons d'abord déposer nos bagages à l'auberge. »
J'acquiesçai et nous continuâmes notre traversée de Ville-Laurentis. L'atmosphère médiévale au crépuscule me charmait. Le style des bâtiments était complètement unique. Je ne pouvais m'empêcher de les admirer en suivant Eulia. Ce genre de charme ne se trouvait plus dans les grandes cités comme Émerios et Laurios. La capitale n'avait peut-être pas fait éclater ses remparts, mais l'architecture n'avait plus rien à voir avec celle d'origine, surtout dans les quartiers riches et le centre. La croissance de la population avait forcé la ville à changer vers sa modernité actuelle à l'esthétique relativement classique. Les ruines de la civilisation précédant l'époque impériale des derniers siècles étaient très à la mode.
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Mémoires d'un reflet sur les flots
FantasíaJ'avais entrepris ce voyage immergé dans l'abysse de la résignation et de la rancœur. J'étais le prince de l'empire le plus puissant de notre monde, mais je n'étais pas la personne parfaite pour ce rôle. Le peuple me croyait parfait, alors que derri...