... qui devient réalité.
L'espace d'un instant, je crus rêver. Non, je croyais être en plein cauchemar. La vision de ma mère étendue sur le lit, un trou dans le ventre dont s'échappait une mare de sang, ne pouvait être qu'un cauchemar. Mais sa poitrine se soulevant doucement me fit me précipiter à son chevet. Je tentais d'abord de la faire parler afin de savoir comment elle allait pour finalement lui dire de préserver ses forces. Il me fallut quelques instants avant que mes pensées ne puissent se remettre un tant soit peu en ordre me faisant réaliser que la priorité était de prévenir les urgences, mais son appel plaintif me retint :
— Ne te force pas ! Je vais appeler les secours et ils pourront te soigner.
— C'est trop tard ma chérie.
— Je suis sûr qu'on peut encore te sauver ! m'écriais-je en lui prenant la main.
— L'hôpital est trop loin.
— Je ne veux pas... Je ne veux pas encore me retrouver seule, murmurais-je d'une voix brisée.
— Tu ne seras jamais seule.
— Mais ça ne sera pas toi !
— Ma chérie... Fais-moi une promesse.
— Tout ce que tu veux !
— Promets-moi d'être prudente.
— Je te le promets ! Je ne me battrais plus inutilement. Je me ferais le plus discrète possible. Je ne foncerais plus tête baissée... Alors, s'il te plait ne me laisse pas.
Mais seul le silence me répondit. Je ne pouvais pas y croire, elle allait forcément me répondre alors je refusais de faire sortir les sanglots qui me remontaient à la gorge, fixant mes larmes qui heurtaient violemment le parquet. Pour la première fois de ma vie, je ne savais pas combien de temps s'était écoulé. Des secondes ? Des minutes peut-être ? Ou bien des heures.
Une chose est sûre, peu importe combien de temps j'attendais, je ne pourrais plus jamais entendre le son de sa voix, ou goûter à ses plats, ni même la voir sourire tous les matins quand j'irais lui dire bonjour. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça lui arrive à elle ? Pourquoi est-ce que je dois encore vivre ça ?
Soudain le bruit de la baie vitrée me fit sursauter me faisant enfin relever la tête pour découvrir un homme blond se tenant immobile face à moi. À cette distance il m'était impossible de distinguer clairement son visage à cause du manque de lumière.
— Qui —
— Arrête de pleurer. Est-ce que tu veux finir comme elle ?
En entendant cette question, mon corps se raidit d'un coup.
— Il semblerait que non, alors écoute bien. Ne parle pas à la police, surveille tes arrières et bien sûr, si tu ne veux pas revivre ça, tient ta langue. Les faibles n'ont pas leurs mots à dire.
Je n'eus pas le temps de régir qu'il me souffla une étrange poudre bleutée au visage.
Au petit matin je me réveillai en sursaut dans mon lit comme n'importe quels autres jours, espérant intérieurement que tout ceci n'était qu'un énième cauchemar. Mais les traces de larmes sur mon visage et le sang encore sur mes mains me ramenèrent violemment à cette cruelle réalité. Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas être vrai. Les images de la veille ne cessèrent de me revenir encore et encore au point que je me précipitais dans la salle de bain afin de vomir.
Maintenant un peu plus calme je me rappelais les mots de l'inconnu. Est-ce que c'était lui le meurtrier ? Pourquoi est-ce qu'il m'a laissé la vie sauve ? Je respirai un bon coup me rappelant que je n'obtiendrais aucune réponse comme ça, je dois rester calme et réfléchir. Je déglutis difficilement et me rendis compte que je ne pouvais pas rester ici. C'était trop dangereux de rester là, je devais réfléchir, mais c'était impossible ici. Je ne perdis pas de temps, lava les traces de sang sur moi et attrapa un sac pour y mettre le strict minimum, l'argent de secours de maman et Étoile dans son sac de voyage, mais laissa mon portable sur mon bureau. En passant devant la porte fermée de la chambre, je n'eus pas le courage de l'ouvrir à nouveau. Je pris le bus en direction de Mélas, un trajet qui prendra toute la journée.
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Destin Sanglant
VampireJe n'ai jamais vu le destin comme quelque chose qu'un être surpuissant t'imposait, mais plus comme le chemin que tu avais le plus de chance de suivre en fonction d'innombrables facteurs. Je pensais que le mien serait assez simple, peut-être que je s...