Chapitre 10

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Son plus beau sourire

Les jours passent et se ressemblent tandis que Blaire devenait de plus en plus agitée. Elle semblait avoir plus de mal à supporter mon odeur et recevait plus souvent du sang auprès de Dimitri. Mais ce qui me dérangeait le plus était qu'elle avait commencé à m'éviter, comme lorsqu'elle s'était transformée. Malgré ça je ne pouvais pas la forcer à rester dans la même pièce que moi. Je me demande comment elle sent mon odeur, après tout elle ne réagit pas autant avec Léïtis. Je me demande si pour elle, l'odeur des chasseurs est aussi tentante que celle des sorcières.

J'essayais encore une fois d'imaginer comment elle me percevait tout en scrutant la lisière de la forêt. Depuis quelques jours elle avait pris l'habitude d'aller courir jusqu'à minuit passé. C'était devenu insupportable pour elle rester ici durant cette période tandis que je refusais de mettre le pied dehors. Heureusement, Dimitri possède la majorité des terrains alentour alors pas de risque de vampire ou chasseur se baladant à proximité. De plus, Lugaid l'attendait toujours sur le pas de la porte quand elle revenait. J'ai voulu l'attendre dans les escaliers, mais je ne voulais pas que mon odeur reste dans les couloirs. Pourtant j'étais incapable de dormir tant qu'elle n'était pas revenue, alors j'attendais en guettant la forêt. C'était uniquement lorsqu'elle me disait bonne nuit à travers la porte en passant devant ma chambre que je retournai me coucher.

Aujourd'hui je reçois enfin les talkies-walkies que j'avais demandé à Lugaid, j'aurais préféré un téléphone, mais Dimitri a catégoriquement refusé. À part la ligne fixe, il n'y a aucun appareil de communication ici. Il plaça l'un d'entre eux sur la table extérieure qu'utilise Blaire pendant que j'attendais à la fenêtre de la pièce adjacente. Je la laissai s'installer et toqua contre la vitre pour lui indiquer de prendre l'objet.

— Tu m'entends ? dis-je en appuyant sur le bouton de la machine. Tu sais t'en servir ?

— Affirmatif, répliqua-t-elle en se tournant assez vers moi pour me faire un salut militaire.

— Léïtis et moi on se disait que s'était dommage que tu te retrouves à manger seule alors on trouver cette idée. J'aurais préféré un téléphone, mais Dimitri a refusé et c'est Lugaid qui les a achetés lors de l'une de ses sorties pour faire les courses.

Elle ne répondit pas tout de suite, laissant ses cheveux noirs de jais effleurer l'antenne au rythme du vent quand elle appuya sur le bouton pour dire deux simples mots.

— Merci, Ethan, dit-elle pendant qu'un sourire illumina son visage.

Je restai figée sous cette vision. Elle avait déjà eu quelques petits sourires, mais c'était la première fois que je la voyais sourire ainsi, un sourire si grand qu'il atteignait ses yeux. Sa peau claire reflétait les rayons du soleil, donnant presque l'impression qu'elle étincelait comme un cristal sous sa lumière. Ses cheveux bougeaient au rythme du vent, mais ce qui me captivait le plus était ses yeux. Il semblait briller à travers les mèches virevoltantes de sa frange, le bleu et le violet se mélangeant comme dans une danse infinie. Parfois le bleu prenait le dessus et d'autres fois c'était le violet, mais jamais elle ne maintenait leur suprématie, car elle représentait chacune une partie de Blaire.

— Ethan ? Tu m'écoutes ?

— Oui, je t'écoute ! répondis-je précipitamment.

— Tout va bien ? Ça t'arrive de plus en plus souvent de te perdre dans tes pensées. L'entrainement n'est pas trop dur ?

— Tout va bien. L'entrainement est super.

On continua de discuter pendant que nous mangions, racontant nos exercices et échangeons ce qu'on avait appris. Vers la fin de notre repas, Blaire s'arrêta au milieu de sa phrase, relevant légèrement la tête.

Destin SanglantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant