Chapitre 9

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Des souvenirs difficiles

Le mois d'octobre vient de commencer. Ou plutôt c'est ce que je pensais lorsque Lugaid nous annonça que nous sommes déjà le 20. Plus les jours s'écoulaient plus Ethan et moi devenions distant avec les autres habitants de la maison, parlant moins, souriant moins. Malgré nos efforts pour ne rien laisser paraitre ils l'avaient tous remarqué. Dimitri et Lugaid nous traitaient comme à leur habitude, à la différence que nous aurons une semaine de repos à partir du 30 au soir. Léïtis nous couvrait de plat plus délicieux les uns que les autres, mais son inquiétude transparaissait de plus en plus et ce n'était pas bon pour le bébé. Elle était déjà de plus en plus anxieuse à mesure que la date du terme approchait et malgré nos demandes elle refusait toujours de rester assise pour se reposer. On a même proposé de cuisiner à sa place, mais après mes quelques catastrophes j'ai interdiction de mettre un pied dans la cuisine. Seul Ethan a droit à ses cours. Mais aujourd'hui, en plus de son odeur âcre qui l'accompagnait je décelais une touche de nervosité accompagnée d'un regard décidé.

— Je sais que je ne suis pas la mieux placée pour dire ça, mais je suis là si vous avez besoin de parler. On voit tous que depuis le début du mois vous allez de moins en moins bien. Les deux autres ne sont pas vraiment du genre à montrer leur inquiétude ou à discuter. Mais les adultes doivent être là pour écouter les plus jeunes.

— Tu as à peine 10 ans de plus que nous, lui fit remarquer Ethan.

— Je n'en reste pas moins une adulte, déclara-t-elle en le fusillant du regard.

— Ce n'est rien de grave je te rassure. Juste un peu de nostalgie je dirais, répondis-je d'une voix calme.

Un silence doux s'installa juste qu'à ce que Léïtis le brise de sa voix hésitante :

— Comme vous le savez déjà, le père de l'enfant et moi ne sommes pas ensemble. On a eu quelques relations, mais il n'a jamais voulu rendre ça officiel, tout comme moi qui ne voulais pas d'attache.

Aucune de nous n'osa dire un mot. Léïtis ne parlait jamais d'elle et voilà qu'elle se confiait. On avait peur que le moindre son puisse lui faire changer d'avis.

— Mon père nous a abandonnés quand j'étais jeune et ma relation avec ma mère est... compliquée. La famille a toujours été une forme de prison pour moi. Quand j'ai appris que j'étais enceinte, j'ai ressenti un tourbillon d'émotion, mais la plus présente était la peur. Alors j'ai essayé d'avorter, annonça-t-elle sobrement.

Léïtis fit une pause pour prendre une grande respiration avant de poursuivre.

— Évidemment ça n'a pas fonctionné, dit-elle d'un rire nerveux en passant rapidement sa main sur son ventre. En plus de ça, quelques autres problèmes sont survenus jusqu'à ce que je rencontre Dimitri. Il m'a aidé, expliqué la situation et fait une offre, je porte l'enfant jusqu'à terme et en échange il me protège durant toute la grossesse. J'ai accepté, mais je compte partir après sa naissance.

— Et le géniteur ? osa demander Ethan.

— Dimitri l'a retrouvé et a confirmé que ce n'est pas en suceur de sang, mais il manque un peu de contrôle. Apparemment il n'aurait pas eu de mentor et dépasse à peine les trois siècles, ce qui est assez rare. Mais il ne sait pas pour la grossesse. Je sais ce que tu vas dire, m'interrompit-elle lorsque j'entre ouvrit la bouche. Ses instincts le pousseront à le protéger, mais ce n'est pas juste ça être parent. Je ne veux pas qu'il se contente de le protéger physiquement comme c'est mon cas actuellement.

— Il pourrait être un excellent père, tout comme tu ferais une excellente mère.

— Tu ne peux pas en être sûr.

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