Chapitre 4

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Pour quelques gouttes de sang

Je me réveillais à 1 h 13 à cause des cris du Brigadier Burns. Il n'avait pas arrêté depuis son enfermement jusqu'à 20 h 43 et le voilà qui recommençait. Je me levais pour voir ce qu'il voulait, mais sa cellule était trop loin pour que je puisse regarder correctement l'intérieur. À peine une minute plus tard, ses grognements cessèrent pour être suivis par des bruits de déchirure et du liquide qui giclait. Je compris ce qu'il venait de se passer lorsque l'homme de cette nuit sortit de la cellule les mains couvertes de sang, me faisant reculer de quelques pas. Je me retins de vomir et l'interpella quand il passa devant moi.

— Pourquoi ne pas m'avoir tué aussi ? demandais-je entre les dents.

— Je n'ai aucune raison de le faire.

— Une raison !? Et tu avais une raison de tuer ma mère peut-être ! m'écriais-je en attrapant les barreaux.

Malgré mes supplications il garda la bouche close.

— Pourquoi avoir tué le brigadier ?

— Il t'a fait saigner. Ton sang est important, ne le gaspille pas.

Je le fixais dubitative en entendant ses mots. Je ne pouvais pas croire qu'il l'avait tué pour quelques gouttes de sang.

— Qu'est-ce que mon sang a de si important ? Soit plus clair.

Mais une fois encore, il garda le silence. Je finis par abandonner face à ce mutisme, appuyant ma tête sur les barreaux.

— Donne-moi au moins ton nom.

— Je ne pensais pas que ça t'intéresserait.

— Je veux au moins connaître le nom de mon stalker, à défaut de connaître ses intentions. La disparition des policiers, c'est toi non ? Et je suppose que la raison a encore un lien avec comment ils m'ont interrogé.

— Stalker, murmura-t-il. Appelle-moi Chris.

« Appelle-moi » et non « je m'appelle », ça doit être un pseudonyme, mais c'est mieux que rien. Il fit demi-tour avant de se stopper pour me dire une dernière chose avant de disparaître.

— Ton chemin sera couvert de sang. À toi de choisir lequel coulera, jeune porteuse de la mort.

Il y avait énormément d'agitation depuis qu'un des policiers avait découvert le corps du Brigadier Burns. Il tenta de me poser des questions avant de se rappeler que c'était inutile. La seule chose qu'il avait pu confirmer était mon innocence, impossible pour une fille de 16 ans de déchiqueter un homme capable de la soulever sans effort. Est-ce que ce serait même possible pour un humain normal ? Comment est-ce qu'il avait fait pour s'introduire jusqu'ici sans se faire voir ? Et comment ça « jeune porteuse de la mort » ? Peut-être à cause de mon nom de naissance. Je fus sortie de ma réflexion par les policiers venus me chercher pour mon transfert.

Le trajet dura 13 h 22 dans un van sans fenêtre pour se retrouver au milieu de nulle part, ou plutôt la prison se trouvait au milieu de nulle part. À chaque pose j'étais autorisée à sortir avec un bandeau sur les yeux, mais ils ignoraient que c'était inutile, je n'avais pas besoin de voir pour savoir exactement où je me trouvais.

Une fois à destination, je traversais plusieurs couloirs avant de passer à la fouille où j'ai pu enfin retirer le bandeau. Il y avait trois policiers qui m'accompagnaient et cinq gardiennes pour s'occuper de moi. Je dus leur remettre ce que j'avais sur moi, mon médaillon compris. Je fus surprise de recevoir un petit coffret avec ouverture par empreinte digitale pour mettre mes objets de valeurs en plus de la boite, avec la même fermeture, contenant tous mes effets. D'après l'une des gardiennes, tant que le prisonnier n'est pas condamné à perpétuité sans possibilité de libération ou à mort, la prison garantit la sécurité de ses effets. Je doute qu'il y ait beaucoup d'autre prisons qui fassent pareil. Après avoir donné mes informations et passé toutes les étapes nécessaires, je fus emmenée à ma cellule. En dehors de la grosse porte en fer et du boitier tactile à côté, elle ressemblait à un petit studio rudimentaire avec un lit, un bureau, une armoire, un coin douche et un autre pour les toilettes. Sur le bureau se trouvait un morceau de papier avec les horaires et autres informations de base, j'avais limité l'impression d'être dans un hôtel à thème. Apparemment c'était le privilège des prisonniers de la section A, ceux qui restaient moins d'un an.

Destin SanglantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant