Le silence d'un mort
Je me réveillai à nouveau en sursaut avec pour seul souvenir du rêve des yeux bleus avec des nuances de violet, exactement comme le mien. Je ne perdis pas plus de temps et me préparais à partir, je devais rendre la chambre aujourd'hui. Pendant que je passais à la réception, j'entendis les infos parler de la mort de maman et ma disparition, présenter comme un enlèvement. Ça passait sur toutes les chaînes régionales depuis hier soir, mais heureusement, seule la réceptionniste m'avait reconnue. Je pensais qu'elle appellerait immédiatement la police. Mais à la place elle m'avait lancé un regard inquiet en disant que si je n'avais nulle part où aller, je pouvais rester au manoir aussi longtemps que je voulais, que je n'étais pas seule. Je ne savais pas pourquoi elle était si gentille, mais je refusai, je ne voulais pas leur attirer d'ennuis et je n'avais pas assez d'argent pour continuer de fuir comme ça. Durant les trois derniers jours, j'avais bien réfléchi et avais décidé de retourner à Bran pour laisser la police m'arrêter. Malgré mes antécédents, ils ne devraient rien trouver contre moi et vu comment l'inconnu était détendu, il n'y a peut-être aucune preuve. La seule chose qui m'inquiétait était qu'il aurait pu en fabriquer. Après tout, sa première consigne était de ne pas parler à la police. Je n'avais de toute façon pas d'autre choix et il serait difficile pour l'assassin de venir me chercher dans une prison.
Une fois à Bran, je soulevai enfin ma capuche, dégageant ainsi mon visage. Même s'il n'y avait pas beaucoup de monde, c'était une petite ville, quelqu'un me reconnaitra forcément et me signalera. J'eus malgré tout le temps d'atteindre la maison d'Hélène pour y déposer Étoile, je savais qu'elle prendrait soin d'elle. Ça me fit bizarre, c'était la première fois que j'étais séparé d'elle depuis mon adoption et j'espérais que ce serait la dernière fois.
Je n'eus même pas le temps de rejoindre ma maison, que je fus entourée par quatre voitures de police, leur sirène en marche. Chaque policier était armé et me renvoyait un regard dur et méfiant. C'était évident qu'ils me considéraient comme suspect et non comme disparue. On dirait que je passerais plus de temps derrière les barreaux que je ne pensais. Un policier brun à la peau légèrement mate s'approcha, contrairement aux autres son regard gris dégageait une certaine douceur et sa voix était très calme :
— Blaire Kean Mordova ?
Je sursautai un peu en entendant mon nom complet, d'habitude les gens s'arrêtaient à Kean. Je ne répondis cependant pas, me contentant de le fixer dans les yeux, ce qui ne le découragea pas de poursuivre.
— Je te demande de me suivre au commissariat sans résister, je n'ai pas envie de devoir te passer les menottes.
N'ayant pas non plus envie de subir ça, je le suivis sans discuter.
Après avoir passé la nuit à l'hôpital pour des tests médicaux nécessaires à la procédure, j'ai été directement emmenée en salle d'interrogatoire. Il fallut encore attendre une heure pour que mon avocat commis d'office arrive. Maintenant il était clair que j'étais ici comme suspect. Maître Clay me prit à part pour me dire de ne pas répondre, peu importe leur provocation, ils n'avaient pas de preuves. Le même policier qui m'avait emmenée entra et se plaça en face de nous.
— Je suis le Lieutenant David Bates, c'est moi qui t'interrogerai ce matin. Blaire Kean Mordova. Tu portes deux noms, Mordova de tes parents biologiques et Kean de ta mère adoptive, Patricia Kean. Je vais être direct, en dehors de celles de ta mère il n'y a que tes empreintes dans la maison, faisant de toi le suspect principal.
— Il n'y a rien d'étonnant que les empreintes de ma cliente se trouvent dans cette maison, elle y a grandi.
— C'est pour ça qu'elle est en salle d'interrogatoire et pas en prison. Je cherche la vérité et pour ça j'ai besoin de sa coopération. Blaire, tu es rentrée chez toi vers 16 h 10 le 30 octobre et d'après l'autopsie, ta mère est morte la nuit du 30 au 31. Tu as ensuite été vu à la gare le 31 au matin, ce qui signifie que tu étais présente lors du meurtre. Que faisais-tu ?
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Destin Sanglant
VampireJe n'ai jamais vu le destin comme quelque chose qu'un être surpuissant t'imposait, mais plus comme le chemin que tu avais le plus de chance de suivre en fonction d'innombrables facteurs. Je pensais que le mien serait assez simple, peut-être que je s...