Apocalypse : j+35

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chapitre spécial : point de vue externe

Pour tous les survivants, ces deux derniers jours avaient surtout consisté à préparer leurs affaires pour le grand départ. Leur limite pour leurs affaires personnelles s'était élevée à un carton par personne. À cela s'ajoutait dans leurs voitures le maximum de provisions possible ou d'objets indispensables comme du nécessaire pharmaceutique ou des couvertures.

Ils s'étaient également tous relayés pour aller prendre des nouvelles de Tendou. Étrangement, Bokuto se fit la remarque qu'il n'avait pas l'air de si mal le vivre. Ou alors, et c'était plutôt l'avis que partageait Akaashi, il allait tellement mal qu'aucun d'eux ne savait faire la différence. En tout cas, il ne parlait plus que quand quelqu'un lui adressait la parole sauf avec Oikawa. Dans leur deuil, les deux garçons s'étaient énormément rapprochés. Bokuto avait observé ça de loin à chaque fois qu'ils s'étaient tous retrouvés en groupe : Tendou faisait de pair avec l'ancien capitaine d'Aoba Josai.

Ils se parlaient tous les deux à voix basse ou plus loin du groupe comme si maintenant qu'ils étaient les seuls survivants de leur cercle intime de proches, ils avaient plein de choses à se dire. Bokuto avait eu peur que la rancœur qu'avait toujours eu Oikawa pour Ushijima soit néfaste à Tendou mais au final c'était plutôt l'inverse qui s'était produit. La tragédie les avait rapprochés et c'était pour le mieux.

La nouvelle de la mort d'Ushijima s'est révélée être un gros choc pour chacun d'eux : comment le plus robuste, le plus fort physiquement -Bokuto, comme tous les autres, n'avait aucun mal à se l'avouer, en terme de force brute, aucun d'eux ne faisaient le poids face au géant de Shiratorizawa- avait pu tomber contre les atteints ?

Evidemment, avec Akaashi, ils étaient allés voir Sugawara pour le soutenir et écouter sa version. Ca avait été dur pour eux de voir le gris autant effondré, lui qui d'ordinaire débordait de gentillesse et de bonne humeur. Cependant, rien que déjà en l'honneur de leur défunt camarade, ils se devaient tous de connaître sa fin afin de pouvoir honorer correctement sa mémoire. Sa mort était d'ailleurs honorable. En connaissance de cause, il avait pris la place de fin de file pour quitter le magasin encerclé par des atteints. Sugawara, premier, s'était mis à couvert afin de pouvoir les couvrir. Pourtant, la situation avait viré à l'incontrôlable en une seconde et ainsi, le vice-capitaine de Karasuno avait manqué le premier zombie à se jeter sur Ushijima. Sauf que ce dernier, en tentant de se libérer de la créature qui l'avait attaqué par derrière, ne pouvait plus assurer à lui seul sa défense et Asahi et Daichi se trouvait déjà trop loin pour pouvoir l'aider au corps à corps. Impossible également d'utiliser leurs armes à feu alors qu'à tout instant la balle était susceptible de tuer leur camarade. Ils s'étaient alors condamnés à regarder leur ami mourir, sans rien pouvoir y faire, complètement impuissants. Ushijima finit par crouler sous les zombies et les garçons durent l'abandonner là aux griffes des atteints.

Bokuto trouvait ça horrible autant que courageux. C'est aussi pour ça qu'il s'efforçait d'y penser le moins possible.

Donc ce matin, Bokuto bouclait son carton. Après y avoir empilé des vêtements, des photos et souvenirs de son ancienne vie, il ferma le carton et s'assit sur son lit. Il suivait des yeux Akaashi devant lui entrain de terminer également son propre carton. Les doigts fins du passeur glissèrent dans la commode de fortune de leur chambre pour en tirer un petit porte clé en forme de hiboux. Bokuto le lui avait offert pour la fin de sa première année de lycée, il y a de ça un an et demi ? Un peu plus ? Akaashi avait perdu le compte. Toutefois, il sourit à cette gravure parce qu'il l'affectionnait particulièrement. Il ne remarqua pas le regard de son attaquant rivé sur ses moindres mouvements, perdu dans sa tâche. Au bout d'un moment, le grand brun termina lui aussi son carton.

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