Apocalypse : j+43

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-Comme on se retrouve ...

J'avais subi des chocs ces derniers temps. Je commençais à bien le connaître ce sentiment de vide qui surgissait d'un coup en moi quand quelque chose que je n'avais pas pris en compte ou que je n'imaginais pas finissait par arriver, juste sous mes yeux. Cela survenait et l'instant d'après je n'étais plus le même. Le choc prenait alors la place -toute la place- et je ne pouvais qu'espérer arriver à rebondir un jour. Ça m'arrivait tout le temps maintenant, prendre ce que j'avais pour acquis et puis finir par toujours retomber plus bas. Le dernier choc en date était Daichi, il y a à peine quelques minutes. Mon premier choc, quel était-il ? Je peinais à me souvenir. Papa et maman ? Non plutôt, papa ou maman ?

Mais ce choc là, je ne l'avais même pas redouté. Je n'avais même pas osé l'imaginer, certain que l'espoir que j'aurais nourri m'aurait fait plus de mal qu'autre chose. Et pourtant, ...

-Tanaka ? Bégaya Asahi, question qui parlait pour nous tous.

-J'ai toujours rêvé de faire un retour de héros, soupira mon meilleur ami. Maintenant que la surprise est passée, quelqu'un peut me retirer la puce qu'on m'a foutu dans le crâne et me bander les côtes ? Je perds un peu trop de sang, je vois des étoiles, fit-il sans réellement insuffler de force à sa voix.

Aussitôt, Asahi se pressa de le rejoindre en deux enjambées et pour connaître à la perfection ses traits, je constatais qu'il demeurait tout autant sous le choc que moi. Atsumu le rejoint pendant que mon amant s'affairait à se désinfecter les mains à l'aide du gel de notre trousse de secours pour lui infliger le même traitement, également donné à Tsukki qui vint en renfort. Tous les trois s'affairèrent à soigner Ryu alors que le reste d'entre nous restait pantelant, choqués et affaiblis. Dans un geste lent mais qui sur le moment me parut brusque tant je redoutais de devoir lui donner une réponse, Ryu releva la tête. Je savais ce qu'il allait me demander. Et c'est bien pour ça que je n'avais aucune envie de lui répondre.

-Les gars, où sont Daichi et Hinata ?

Les épaules de Kageyama tombèrent, figées par la question. Il n'était évidemment pas le seul à avoir cette réaction, Sugawara en tomba même à genoux. Le sol en bois du bateau craqua sous son mouvement brusque. Ses yeux se remplirent d'eau, la douleur venait de reprendre le pas sur la surprise.

-Ils vont bien, n'est-ce pas ? Chuchota Tanaka. N'est-ce pas ? Répéta-t-il, la voix brisée alors que ses larmes rejoignaient celles du gris.

Si je voulais bouger et parler, du moins si je devais des explications à Tanaka, mon corps se refusa pourtant tout mouvement. Peut-être avais-je atteint le point de non retour, mon trop. Trop d'émotions, de fatigue ... Mon esprit peinait à suivre et mon corps ne le faisait plus. J'étais comme en mode off, plus capable d'agir. Je restais là, dans le paysage, à regarder mon meilleur ami pleurer, au même titre que deux de mes camarades.

-Ken' ? Kenma ! S'écria Kuroo sur ma droite.

Kenma, qui s'était assis à cause de son souffle erratique après notre course, venait de tomber dans les pommes. Avant qu'il s'éclate le crâne sur le sol, Kuroo avait bondi pour se précipiter sous lui. Je crois que c'est le fait de voir le sang de Kenma couler le long de sa jambe qui finit par me sortir de ma léthargie.

-Kenma ! M'écriais-je à mon tour.

J'entendis Asahi jurer puis ses pas accourir dans ma direction. Il tenait entre ses mains un rouleau de bandage et m'envoya les bandes collantes à la volée. Je les découpais rapidement alors que Kuroo remontait le pantalon du décoloré. Je lui en tendais des morceaux qu'Asahi colla sur son mollet.

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