Barbatos parcourut plusieurs kilomètres dans les airs, sans trouver la moindre trace des lanceurs de parasites. Il alla jusqu’à la porte des Enfers la plus proche, sans rien trouver. L’herbe n’avait même pas été effleurée, rien n’avait été abîmé. Aucune odeur de soufre, signe de l’ouverture récente de la porte. Les responsables de l’attaque avaient habilement effacé les pistes.
Ce qui impliquait une orchestration des plus inquiétantes. En revenant au campement des réfugiés, il songea à sa récente rencontre avec des anges, non déchus. Venus pour le délivrer de ses chaînes au fond de l’océan, ils lui avaient donné une mission, supposée lui conférer une énième seconde chance de réintégrer le Paradis. La bonne blague. Comme s'il voulait retourner avec cette bande de fillettes empruntées.
Après des siècles au contact d’Alastor et de Nergal, il n’y avait aucune chance pour qu’il supporte les jérémiades des angelots à propos de la température du thé, ou sur la monstruosité latente de ces « indignes d’humains ».
Être Déchu lui convenait très bien. Il travaillait pour Exil, car il avait un don sans pareil pour dénicher les artefacts, revendus par la suite pour financer les dépenses du village. Malheureusement, la guerre civile compliquait ses activités actuelles. Cette stupide mission céleste n'arrangeait rien.
Barbatos se posa au milieu des ruines du campement. Les choses avaient déjà changé, en vingt pauvres minutes : une dizaine de Nergals se chargeaient d’enterrer les corps des parasites, une armée de truelles, de bacs et de sceaux d’eau, naviguaient d’un pas hésitant entre les réfugiés étonnés. Le tout accompagné par… Des nains de jardins ? Oui. Des nains de jardins, qui sifflaient en travaillant. Blanche avait dû se servir dans le jardin de Holly Damon, la maîtresse d’école du village. Ils avaient déjà monté un muret ceignant toutes les ruines. Efficaces.
Massées dans un coin, les femmes des réfugiés se concertaient, apparemment énervées. Alastor quitta le groupe pour lui foncer dessus, avec le regard des mauvais jours. Oh oh...
-Cassandra te cherche.
Mauvaise nouvelle.
-Et je vais devoir partir. J’ai quelque chose à régler d’urgence.
Quoi !?
-Partir ? Mais, et la défense de la ville ? Tu es le chef, Al, tu ne peux pas partir à un moment aussi…
-Je sais parfaitement ce qui se passe ! rugit-il, le faisant sursauter. Mais je n’ai pas le choix, alors ne me complique pas la vie ! Surtout que j’ai appelé du renfort.
Du renfort ? Où diable avait-il trouvé du renfort ? Ils étaient froid avec tout le monde, du fait de l’hébergement de la lie des sociétés de l’Invisible, alors qui… Non… Il n’avait tout de même pas…
-Tu n’as pas fait ça ?
-Si, je l’ai fait, répondit Al avec un sourire carnassier.
-Rah, ce sont les seules personnes que je ne peux pas blairer ! Tout sauf eux !
-Admets qu’un dragon pour défendre le village, c’est pratique.
-Fergus Ferguson, je suis d’accord ! Mais pitié, pas sa sœur…
Le coup d’œil fut éloquent. Bon sang ! Hell Ferguson, cette garce sans cœur. Elle l’avait coulé dans du béton, lui avait menotté les mains dans le dos et l’avait bâillonné avant de le jeter dans l’océan atlantique. Dire qu’il lui en gardait quelque rancœur était un euphémisme. Le seul fait de penser à elle lui pourrissait le caractère.
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2. La Nymphe Gothique
ÜbernatürlichesAlastor pouvait faire une liste non exhaustive de ses ennuis. Petit un : la guerre civile en Enfers était aux portes de son village. Petit deux ? Les réfugiés du conflit susmentionné le détestaient. Petit trois : Cassandra lui cassait les pieds. Ses...