[OS] À travers ton regard couleur saphir (Naruto)

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À travers ton regard couleur saphir

LE POIDS CHAUD ET LÉGER CONTRE SON DOS LE RASSURAIT. Le picotement perpétuel de sa soyeuse respiration contre l'épiderme de son cou rendait ses mains doucement moins moites. Ses cheveux dorés contrastaient avec sa peau pâle, renvoyant à ses yeux à la description que tous faisaient à présent pour ce garçon au grand cœur ; il brûlait comme le soleil, laissant toutes planètes tourner autour de son sourire étincelant. Ses iris bleus étaient le ciel que les artistes aimeraient tous peindre, la douceur et l'instinct presque animal étaient dépeints dans son regard espiègle. Ces yeux qui racontaient tout, mais, rien en même temps. Il se voyait des années auparavant, avec un enfant de cinq ans en face de lui, dont les iris ne brillaient plus, dont leur regard autrefois aussi beau qu'un saphir était tellement terne qu'un ciel embrumé par les nuages et la lourde pluie.

Resserrant sa prise derrière les genoux de cet enfant, il pouvait encore sentir la maigreur de l'adolescent sous son épaisse couche de vêtement. Pourtant, malgré toutes ses épreuves, ce manque de considération, d'attention et d'amour. Il n'était guère devenu qu'un gentil et admirable jeune homme. Les années passaient, mais le ninja avait l'impression de le voir plus fort, plus déterminé, plus adorable encore. Il protégeait les siens avec son corps et son cœur où des cicatrices profondes se dessinaient mêmement. Mais, son rictus radieux, lumineux et presque aveuglant parvenait à tout cacher. Le ciel ne pleurait jamais en sa présence, souriant face à cette force née de malheur et de larmes réprimés. L'orphelin marchait et libérait le monde de sa brume tout en promettant — avec ses mots remplis d'or — que personne ne verra ses paupières se fermer tant qu'il sera toujours capable de respirer.

La naïveté d'un enfant semblait être enfermée dans une innocence perdue, la haine et la colère ayant brisé l'image d'un monde parfait, rempli de lueurs encore plus brillantes que la sienne. Néanmoins, cela ne peut l'empêcher de rêver, d'ouvrir ses ailes et de proclamer haut et fort que personne ne pourrait détruire ses objectifs. Quiconque oserait essayer se retrouverait face à cette part sombre que le garçon n'avait jamais prise la peine de dissimuler. Il s'émerveillait, admirait de loin ce courage qui lui rappelait le souvenir illusoire d'un homme de guerre, ses cheveux blonds volants dans le vent, sa voix forte emplissant l'air. Un être simple et brave qu'il aurait aimé pouvoir rencontrer de nouveau, pouvoir revoir celui qui avait encore une fois fait de lui un fils et qui avait accepté de devenir le père d'un petit sanguinaire.

Son cœur se serra, son esprit dérivant vers des pensées qu'il ne pouvait plus éviter. En se souvenant de ce sourire affectueux, de cette voix encourageante et légèrement menaçante. De ces dîners où l'enfant qu'il avait toujours été pouvait s'exprimer dans la douce chaleur d'un endroit qu'il pouvait qualifier de foyer. La dure réalité le frappa comme la foudre trancherait l'écorce d'un arbre, silencieusement, tout en écoutant attentivement la respiration presque inaudible du plus petit, il se demanda : aurait-il dû être celui qui accueille l'enfant dans la bienveillance de son domicile ? Aurait-il dû parvenir à être la personne qui pouvait le réconforter avec la chaleur de ses sourires, de ses étreintes. Devenir une famille pour cet enfant qui cherchait désespérément un lieu où l'amour serait donné en abondance. Un endroit où la lumière du clair de lune illumine les flammes d'une cheminée en écoutant de multiples voix raconter les plus belles histoires. Ayant déserté la bataille trop tôt, il ne pouvait jamais le goût de la victoire après un long chemin parmi les terres remplies d'eau et de sang. Il n'aurait jamais la satisfaction d'avoir pu rendre fier l'homme, celui qui l'avait choisi et non subis.

Son âme s'emprisonna dans la glace, alors que doucement l'être encore minuscule à ses yeux bougeait lentement, s'éveillant d'un long sommeil où la mort avait effleuré tendrement son front. Il ne pouvait imaginer la douleur qui se dessinait dans son regard bleu, cette solitude que son corps lui renvoyait alors que son esprit brumeux tentait de trouver une lumière pour décrire ce qu'il venait de se dérouler. Cette douleur interne devenant de plus en plus dévastatrice, presque sauvage. Pendant quelques secondes, il ne pouvait guère entendre la voix grinçante, mais joyeuse de son élève, le silence semblait froid, presque irréel de la part du petit être qui l'avait rendu plus solaire qu'il ne l'avait jamais été sans même le savoir. Tous ces jours, à veiller sur lui, à l'endroit où les nuages pouvaient cacher sa peine et son ressentiment, toutes ces nuits alors que les paupières se fermer doucement, s'asseoir prêt de sa fenêtre écoutant sa longue respiration résonner telle une berceuse dans tout l'appartement. L'enfant aux yeux aussi clairs que la voûte d'été était tout sauf silencieux, faisant passer la beauté des mots au travers de la plus minuscule inspiration.

Waiting Game [Receuil d'os] (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant