Waiting Game [Receuil d'os] (terminée)

[OS] Sous le masque (Naruto Shippuden) [UA]

Les couleurs se mélangeaient sur cette feuille incolore au moment où elle laissait tomber son pinceau au sol. Ses iris blancs ne semblaient projeter aucune émotion alors qu'un énième soupir franchit ses lèvres fines. Son cœur battait lentement dans sa poitrine tandis que son corps ne trahissait en aucun cas sa colère. Le contrôle : un mot qui résonnait en elle de plus en plus fort, elle ne devait rien laisser paraître ni sa frustration ni sa tristesse qui l'opprimait à chaque lever du soleil.

Ses rayons caressaient futilement sa peau claire, tandis que pour la première fois, elle releva son regard vers son œuvre. Lorsque ses yeux se commencèrent à analyser ses traits, ses coups de pinceau, qui n'avaient rien d'artistique pour elle. Ses mains se mirent à trembler, elle ne semblait plus être connectée à la réalité, son échec se heurtait à son âme sans lui céder une seconde de répit. Pourtant, elle ne s'effondrait pas. Hinata ne pouvait pas perdre complètement le contrôle d'elle-même, elle ne pouvait pas donner encore raison à son père au sujet de la maîtrise de ses sentiments.

Elle devait se calmer, respirer et afficher un visage fier et dédaigneux. Cependant, elle n'y était jamais arrivée, ses traits se déformaient continuellement, et dévoilant sous leurs regards remplis de pitié, ses plus grandes peinent. Son corps finissait par la trahir, ses larmes perlaient et coulaient sur ses joues pâles au moment où elle aimerait partir. Elle voulait ne plus jamais revenir, elle ne souhaitait plus affronter toutes ses personnes. Hinata décida de s'asseoir sur le sol ne parvenant plus à garder la main mise sur ses propres émotions.

Elle n'était qu'une ratée, à ses yeux, les commentaires de son père devenaient progressivement plus réalistes, de plus en plus poignants. Et elle n'avait plus le courage de lui montrer qu'il ne la connaissait pas vraiment, qu'elle était capable de se relever même devant les pires atrocités. Ce minime instant de rébellion semblait à présent terminé, tel un mirage qui n'avait sans doute jamais existé. Et les engagements qu'elle s'était faits s'envolèrent tout doucement sans lui laisser une seconde chance pour pouvoir les accomplir. Hinata cédait à ses larmes alors que des anecdotes remontaient à la surface, ses souvenirs où son cœur battait encore à la chamade, où ses beaux iris azur lui avaient dit quelques mots sous le clair de lune.

La jeune femme lui avait promis de ne plus jamais baisser la tête, de ne plus jamais se dire qu'elle ne servait à rien, mais ses promesses s'effondraient comme toutes les autres sans qu'elle ne puisse rien faire pour les retenir. Ses cheveux foncés cachant son visage, elle espérait juste que personne ne pourrait la voir ainsi, elle devait essayer de remettre ce masque, ce masque où aucun de ses sentiments négatifs ne prenait le dessus. Pourtant, elle n'avait jamais effectué quelque chose d'aussi complexe, d'aussi destructeur son âme et son esprit.

Immergée dans ses abysses sombres, elle put entendre une personne rentrer dans la pièce. Il avait comme ressenti sa tristesse, malgré la distance, son cœur s'était resserré dans sa poitrine pour l'avertir, lui déclarer qu'elle allait mal. Son regard scrutait sa peinture quand ses sourcils se foncèrent lorsqu'il la vit pleurant à chaude larme :

— Hinata, l'appela-t-il tout en se rapprochant lentement.

Il était conscient que la moindre maladresse allait la détruire et il ne désirait guère cela. Sa chevelure blonde retombant sur son épaule, le jeune homme se baissa à sa hauteur et ce fut à ce moment précis qu'elle remarqua sa présence. Elle n'ancra pas ses yeux dans les siens, honteuse, mais quelques secondes suffirent à changer la donne. Ses iris translucides plongèrent dans son regard aussi clair que l'océan tandis qu'elle se retint encore une fois d'éclater en sanglots. Elle devait se contrôler, prendre sur elle et essayer de ne rien révéler :

— Tu n'as pas besoin de ce masque avec moi, princesse, tu peux pleurer si tu le souhaites.

— Je... je ne peux pas, Naruto, murmura l'artiste en sentant ses joues devenir de plus en plus rouges.