4| ᴅᴀɴᴄᴇꜰʟᴏᴏʀ

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Précédemment dans ADRENALINA:
Alors qu'elle est a un bal de charité avec ses parents, Adria feint une migraine pour pouvoir s'en aller ...

Bonne lecture :)


Je suis à la maison

J'éteins l'écran de mon téléphone sur la conversation avec ma mère alors que les portes de l'ascenseur se ferment derrière moi. À cette heure, il n'y a personne dans le hall pour me retenir, et je sors de l'immeuble inaperçue. Le froid de la nuit me gifle, mais qu'importe. Tout est mieux que l'univers aseptisé que je viens de quitter. Trouver un taxi ne m'est pas difficile, et je donne au chauffeur l'adresse de la boîte de nuit où je vais retrouver mes amis avant de me glisser sur la banquette arrière. Le cuir froid du siège se pressant contre mes cuisses nues m'arrache un frisson.

J'ai tenu précisément huit minutes dans la maison vide avant d'étouffer. Je devais faire quelque chose, n'importe quoi pour me sortir de là. Pour me vider la tête. Il ne m'a fallu que quelques instants pour découvrir que certains de mes amis faisaient la tournée des clubs de Manhattan — ce n'étaient pas les invitations qui manquaient. Une poignée de minutes de plus pour assombrir le fard à paupières sur mes yeux, enfiler une paire de talons plus hauts, ébouriffer mes cheveux et enfin recouvrir mes lèvres de rouge intense, et j'étais partie.

Le trafic est dense malgré l'heure nocturne, les lumières tout aussi vives qu'en plein jour, et c'est ce que j'aime. À mesure que la voiture approche des quartiers branchés, je vois de plus en plus de personnes dans la rue, qui rentrent chez elles après une soirée où qui ne font que transiter entre deux opportunités de faire la fête. Des gens s'interpellent d'une trottoir à l'autre, des voitures passent en diffusant à plein volume du rap ou des vieux classiques que s'empressent d'entonner les jeunes éméchés, dans une cacophonie de voix qui accomplit l'exploit de ma pas atteindre une seule note juste. Un groupe de filles éclate de rires tonitruants. Je souris. J'aime la nuit, l'insouciance qu'elle semble apporter. C'est la nuit que les idées les plus folles, les plus téméraires, les plus inspirées naissent, parce que toutes les possibilités sont ouvertes. C'est quand le commun des mortels dort que se réveille ma liberté.

Il ne me faut qu'un sourire un air assuré pour passer par l'entrée V.I.P. du club dont les néons de l'enseigne sont si lumineux qu'ils déversent des flaques colorées sur le sol bétonné du trottoir. Quand je rentre, je dépasse sans le moindre remord la longue ligne de gens qui attendent dans le froid pour ne serait-ce qu'un aperçu de l'intérieur huppé. Certains me lancent des regards venimeux, la plupart me paraissent envieux. Eux aussi, s'ils le pouvaient, s'épargneraient l'attente. Voilà bien longtemps que j'ai piétiné mes scrupules. Il suffit d'avoir un visage vaguement familier et un air assuré pour que tout aille plus vite.

La musique m'arrache les tympans, l'effet stroboscopique des lumières m'éblouit. Je ne m'entends plus penser, et justement pour cette raison, je me sens enfin bien. Ce n'est que dans une foule vibrante, les sens submergés, que je me sens chez moi. Je me perds dans une marée de corps, j'épouse les mouvements de la foule pour avancer, et je ne suis plus qu'une enveloppe charnelle parmi des centaines d'autres. Anonyme.

Je ne sais pas combien de temps je me perds dans cette béatitude. Étrangement, l'empreinte olfactive du club m'apporte du réconfort. Un mélange de la multitude de parfums portés par les personnes qui m'entourent, de la sueur, l'odeur de cigarette que les fumeurs ont apportée accrochée à leurs vêtements. Je sens des corps effleurer le mien, se rapprocher, s'éloigner. Je vibre sur la même fréquence que la foule, au point de ne plus savoir où se termine ma personne et où commence une autre. Et puis, peu à peu, je me laisse glisser vers l'extérieur du mouvement, de plus en plus loin de l'épicentre du dancefloor, jusqu'à en être totalement éjectée. Je suis arrivée de l'autre côté du bâtiment.

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