Chapitre 25 : Régénération intoxicante.

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Je n'étais plus qu'irrévérence. Affalé sur ma chaise dans une posture qui soulignait mon effronterie, j'étirais mes jambes pour poser directement mes pieds sur la table.

Le militaire et moi étions dans une grande salle aux atours luxueux. Une pièce que j'imaginais réservé à de fastes banquets, un lieu de fête qui devait recevoir la haute société du dôme, où manger ne correspondait plus à un besoin mais plutôt à un divertissement, une expérience.

Tout autour de moi n'était que luxe et ornement : Des tapisseries baroques aux motifs complexes et aux couleurs chatoyantes, des chandeliers majestueux qui défiaient la gravité, des statues d'hommes et de femmes si réaliste qu'on les surprendrait presque à s'animer du coin de l'œil. Il y avait une indécence dans cette profusion de richesse, comme si l'on souhaitait hurler aux visiteurs : « regarde tout ce que j'ai et admire-moi au travers de mes richesses. »

Loin d'être émerveillé, je trouvais ce décor en tout point pitoyable. Ce spectacle m'était en tout point ridicule, nous étions deux dans cette salle immense, chacun positionné aux extrémités d'une table dont les dimensions ne faisaient que nous séparer au lieu de nous réunir. Une corbeille de fruit y était disposée en son centre.

Sans que mon hôte ne m'y invite, je me levais pour y saisir une poire que je dévorais sans ménagement. Alors que je regagnais mon siège, je ne cachais plus mon dédain, je veillais à dévoiler la totalité de ma haine. En désignant le fruit à moitié croqué, je rompis le silence qui s'installait.

-C'est probablement la plus belle chose que j'ai vu aujourd'hui.

J'échangeais un regard bien trop long avec le militaire qui ne cilla pas, malgré la défiance dont je faisais preuve.

-Mon très cher hôte, vous n'allez pas donné raison au bas-peuple, vous n'allez pas confirmer nos stéréotypes sur les étrangers.

Tiens ? Il me vouvoie maintenant ?

Je ricanais de manière sarcastique.

-Si cela est plus au goût de monsieur, je peux camoufler mon mépris derrière un voile de déférence.

L'homme soupira d'exaspération. Il reprit d'un ton doucereux.

-Nous avons mal commencé. Peut-être serait-il temps de prendre un nouveau départ.

Le gradé se leva de sa chaise pour se rapprocher de moi. Je sentais dans sa démarche militaire le poids de ses années de services. Même si les traits de son visage affichaient une forme de suffisance, je pouvais toutefois lui reconnaître une certaine forme d'allure. Qu'il s'agisse des cicatrices qui ornaient sa peau parcheminée ou des rides profondes qui creusaient son visage, on devinait derrière son faciès une existence tumultueuse.

Immédiatement en le voyant s'approcher, par réflexe je me levais pour me mettre à son niveau.

Nous nous dévisagions l'un l'autre, comme si nous cherchions à percer à jour l'être qui nous faisait face.

Dans une lenteur calculée, il me tendit la main.

-Occamen. Sénéchal au service de la couronne. Je représente la plus haute autorité militaire du dôme.

Couronne, hein ? Intéressant...

Je mis ma condescendance de côté avant de lui serrer la main.

-Zachary Tempès, voyageur du dôme de la vue.

J'insistais plus particulièrement en prononçant mes origines pour observer sa réaction. A nouveau il mordit à l'hameçon et son visage se figea, sa communication non verbale trahissait son intérêt.

Anthropo-nihilismeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant