Pandore

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- L'amour c'est quoi ?

-L'amour c'est accorder à quelqu'un sa confiance, tant et si bien que la personne finie par mieux nous connaître que nous même.

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Une salle, sans trop de meubles, semble toujours un peu vide. Un endroit sans trop de vie, semble toujours un peu vide. Le vide, prends de la place et brise un peu tout dans son uniformité. Mais seulement, comme l'on dit, l'univers est rempli de vide. Est-ce que pour autant un cœur, lui, se doit d'être vide ?

Sébastien regarde la table, un peu vide. Qu'est-ce qu'il peut bien faire de ça ? Juste un mot laissé sur cette table pas si vide et un tout petit objet presque imperceptible, sûrement aussi vieux que le bois sur lequel il se repose.

Cette goutte de sueur, rencontre sa nuque et descend le long de son cou, un léger frisson lui prend et ses maigres poils se dressent. Un geste de dédain fouette l'air, l'objet, lui se fend à la racine mais seule Stéphanie pourrait le remarquer, ne serait-ce que le ressentir.

-Mais qu'est-ce que je vais faire de ça ?

Il met la petite clé dans sa poche et se lève, il a quand même une journée à commencer. Ce n'est pas parce que Stéphanie lui a laissé cette clé, qu'il ne va pas commencer sa journée.

Il prend sa baguette, un peu compliqué sans et parle dans sa barbe, bougon. Il peste contre un peu tout, mais surtout de cette lourde tâche dont il n'est pas sûr de pouvoir assumer toutes les responsabilités. Qu'est ce qu'il va faire de ça ? Est ce qu'il pourrait comprendre ? Est-ce trop compliqué de juste expliquer pourquoi, à quoi ça sert ?

Il avance, un peu énervé de tous ces secrets si tôt le matin. Un peu énervé au point d'oublier de nourrir les oiseaux qui attendront de manger toute la journée, partant au crépuscule se sentant oubliés. Stéphanie les adore, ces oiseaux, c'est son petit chant du matin et du soir quand elle part tôt et rentre tard.

Il arrive au ministère et dit bonjour à un peu tout le monde. Un monde fou et fou à lier. Il se demande encore pourquoi il n'a pas quitté ce boulot misérable pour les érables qui l'attendaient vers le sud. Il lui en veut toujours un peu, à elle, de ne peut pas avoir quitté son boulot, à elle qui, elle, lui plaisait tant.

Il est arrivé au ministère et a dit bonjour à tout le monde mais surtout à la petite sorcière du coin du bureau qui lui sourit tous les matins, il aime bien la voir. Oui, il aime bien la voir. Elle sourit à chacun de ses passages et il a rêvé d'elle les jours derniers, peut-être même la nuit passée. Il ne l'a dit à personne mais parle dans son sommeil. Mais est-ce vraiment de sa faute ? Qu'est ce qu'il va faire de ça ?

Il s'installe à son bureau, le rouge aux joues, ricanant comme ces enfants pleins de malice. Il n'arrivera pas à se concentrer de longues minutes, se souvenant du joli haut de la petite sorcière au coin du bureau. Ce soir, il sait qu'il ira boire un verre avec, juste un dernier verre. Il pourra se dire que ce ne sera qu'un dossier de plus, qui finit tard comme Stéphanie a l'habitude en plus. Tout ira bien, non ?

Il rentrera, oui, mais il est tard. Les oiseaux sont partis depuis plus longtemps qu'il faut pour le dire. Cette table vide, cette pièce vide ne contient que le rayon de lune de ce rideau pas tiré jusqu'au bout. Enivré comme il est, il ne se rend pas compte que la table vide n'est pas si vide.

Un mot, comme ce matin mais d'une écrire moins enjouée. Une clé, comme ce matin mais d'une pierre plus sombre que la pupille de ses yeux. Il se réveillera, tard, le soleil remplaçant la lune de ce rideau n'ayant pas bougé. Seulement s'il avait compris que ce cheveu sur l'oreiller, ce seul cheveu était bien plus dangereux que le jeu d'hier soir. Un enjeu dont -il fallait s'apercevoir.

Titubant en ouvrant cette porte fermée à la va vite, il se rendra-t-il compte tout ce qu'il mérite? D'un éclair de génie pas si génial, il met sa main dans sa poche et ne sens que les miettes du bois défaillant. Sébastien a le cœur qui s'emballe, la drôle mécanique de son cœur s'émiette, s'enflamme. Qu'est ce qu'il va faire sans ça ? Se précipitant si vite dans le séjour qui ne lui a jamais semblé si vide, il se rend compte que tout a disparu sauf cette table qui appartenait à sa mère qui lui appartenait de sa mère.

Une boîte, noire. Dans l'immense silence éloquent de cette pièce d'une clarté obscure. Il s'approche de ce mot qui lui rafraichit la mémoire :

"Mais en même temps, croire que tu ne m'abandonnerais pas était peut-être un rêve impossible tu vois"

Il prend cette toute petite clé, froide comme l'hiver ou la mort. Il la place dans la petite boîte se trouvant sur la table, plus du tout vide. Rien de spécial se produit, il en rigolerait presque.

Le capot se lève d'une force effrayante, il aurait préféré que rien de spécial se produise. Tout sort de cette boîte, vite, de plus en plus vite, comme si la fuite était réduite à être inscrite à que la joie ne soit que détruite.

Les peurs, les angoisses, le mal-être prennent place dans le vide de l'univers de la pièce et il comprend ce qu'il a raté. De mauvaise foi il pourrait s'en vouloir de parler dans son sommeil mais, cette fois-ci il n'ose plus rien dire. La boîte de pandore est ouverte. Il n'y a pas besoin de regarder au fond, pour savoir ce qu'il reste.

Ce petit espoir, aussi frêle qu'une nouveau-né le regarde. Sébastien tend la main pour le toucher et se fait aspirer. Il tente d'hurler mais ses cordes vocales l'ont lâché aussi vite que sa lâcheté a tout gâché.

L'espoir le ramène des jours, des mois en arrière. Et il comprend tout ce que cette petite clé en bois fissuré signifiait. Tout lui revient en mémoire en un sacré désespoir ne laissant plus d'espace à ce petit espoir.

Elle vivait pour lui, le connaissait bien. Pouvait réciter ses chansons et lui cuisinait tous les plats qu'ils aimaient des heures durant, où lui durant des heures, voyaient d'autres femmes, d'autres mots. Les trois plus beaux mots qu'elle n'avait dit qu'à lui, lui les utilisaient à tout escient. Elle l'aimait au point de s'oublier pour ne plus penser à elle mais eux. Lui ne voyait rien, la petite sorcière au coin du bureau dans ses pensées futiles. Il ne l'appréciait même pas plus que cela ! Il n'aimait que sa Stéphanie qui était partie.

Elle lui avait donné la clé de sa confiance en soi aussi fragile que le vieux bois de la branche de rameau, séchée au-dessus de l'escalier. Elle voulait lui donner cette confiance pour qu'il la connaisse bien mieux qu'elle-même. Un peu comme elle, elle le connaissait, lui.

Est- ce que remonter en arrière est si difficile ? Oui, bien sûr. Il avait failli et il le savait. Comment lui courir après alors que c'est elle qui courait après lui depuis des années ? Il n'a jamais fait ça, jamais réussi à aimer comme Stéphanie pouvait aimer.

Il devait la connaître bien mieux qu'elle se connaissait. Un détail devait lui revenir ! Maintenant ! Il devait la poursuivre à travers le temps. Qu'est ce qu'elle aimait tant ?

La musique, car oui messieurs, dames, la musique et l'amour sont liés étroitement. Étrangement amour et musique se retrouvent liés par la bonne fortune, et aimer en musique devient l'évidence.

Il chercha cette cassette avec leurs musiques d'avant, quand ils étaient un peu plus jeunes ce n'était même pas il y a si longtemps.

Il doit la trouver pour lui apporter et surtout lui faire écouter. Cette cassette, ces musiques sont l'essence de leur "eux" si précieux. Il fonce vers cette mare aux canards qui lui rappelle la campagne de son enfance, là où vivait ses vieux parents.

Cette fois-ci il n'a pas oublié de quoi lui faire écouter, à même aux oiseaux, laissé à manger. Cette nuit, il a rêvé d'elle mais il aurait aimé qu'elle soit là pour l'entendre comme personne ne l'a aussi bien fait qu'elle.

Elle est là belle comme une déesse. Il ne suffit pas de revenir dans le passé. Il suffit d'être meilleur.






"Mais maintenant qu'je sais qu'j'pourrais t'perdre

J'ferai d'mon mieux pour te garder"

Ensemble, Orelsan

https://www.youtube.com/watch?v=n-2FxFYA8y0

L'amour c'est quoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant