Enchantement

2 0 0
                                    

Deux jours plus tard.

Asperia compte d'innombrables forêts. Les arbres y prospèrent par milliers, et près d'un tiers de la surface du continent principal est boisé.

Et cela est principalement dû à la forêt de Hyunon.

Une mer végétale, dont les vagues sont soumises à la volonté du vent du Nord. Un paradis luxuriant, temple naturel de Sylvias, incarnation de la symbiose entre tous les êtres, ce bois est simplement parfait et parfaitement simple. Rien ne trouble la tranquillité, la plénitude absolue des lieux.

Si ce n'est l'entrée d'une dizaines de guerriers à l'entrée de la forêt. Djolsulfur avance en tête de sa troupe, l'air inquiet : à ses côtés progresse Hammerfield, qui porte nonchalamment Jormund, inconscient, sur son épaule. Les autres suivent, sur leurs gardes.

La lumière se fait plus intense à mesure que la troupe approche du centre de la forêt. Les buissons bruissent doucement, comme animés d'une vie calme. Les bourgeons embaument d'une subtile odeur printanière, si agréable, si apaisante. Les nessels, petits rongeurs des bois à la longue queue préhensile et au pelage doré, courent et se chamaillent gaiement parmi les branches centenaires.

Ce décor paradisiaque laisse bientôt place à une ville tout aussi somptueuse. Les bâtisses, faites d'un bois à la fois léger et massif, semblent se fondre dans la végétation toujours aussi foisonnante. Dans cette cité millimétrée s'élèvent à intervalles réguliers d'immenses tours sylvestres, dont les escaliers, recouverts d'une fine trace de rosée luisante, semblent infinis.

De nombreuses personnes s'y promènent, insoucieusement, affichant des sourires joyeux. Ce sont des êtres éthérés, à la beauté surhumaine, aux traits fins et délicats. Certains volent, de leurs longues ailes transparentes partant de leur dos et faisant presque leur taille. Ils semblent faire partie de la nature. Non, c'est plus que cela : ils la créent.

« Mes amis, bienvenue à Cimard, cité phare des Xonjartiras ! », déclame Djolsulfur.

Ces derniers les accueillent comme s'ils les attendaient, avec une chaleureuse hospitalité qui, il faut le dire, manquait à tous par les temps qui courent. Ils offrent aux combattants fruits et baies fraîchement cueillis, et leur proposent le gîte et le couvert. Cependant, Djolsulfur les interrompt :

« Je cherche la grande prêtresse Miliana ».

A ce nom, tous s'écartent, et apparaît, presque par enchantement, une figure, grande et imposante, qui se meut d'un pas lent et gracieux jusqu'au groupe de l'Areen.

C'est une magnifique femme, au charme hypnotisant et à la présence forte, presque intimidante. Ses long cheveux d'or tombent en cascade dans son dos et bouclent sur ses épaules ; ils encadrent un visage sans défaut, aux yeux d'un bleu marine intense, au nez parfait, à la bouche exquise. Ses bras d'un blanc de nacre sont vierges de toute marque, et ses mains sont fines au possible. Ses jambes sont longues et, malgré une formidable élégance, montrent également une force indomptable ; ses pieds, nus, semblent ne pas toucher le sol. Enfin, ses courbes voluptueuses, qu'elle met volontiers en valeur, attirent inexorablement quiconque aime les femmes.

S'approchant de Djolsulfur, elle effleure sa joue d'un geste tendre, et s'adresse à lui d'une voix claire, cristalline, emplie de toute la musicalité du monde :

« Djolsulfur Areendel, fils de Dartran Tiresias et de Mira Quirana, quelle facétie du destin t'amène donc de nouveau en notre fabuleuse forêt ?

-Dame Miliana, je viens quémander vos services. Notre ami va mal, et je ne connais nulle meilleure guérisseuse que vous ».

La grande prêtresse Xonjartiras adresse un regard furtif à Jormund et sourit.

« Il sera soigné avant le crépuscule. Mais tu en connais le prix, très cher ami.

-Et quel est-il, gente dame, demande Hammerfield Dawn d'un ton empli de méfiance, méfiance qui n'a cessé de grandir envers cette femme au ton mielleux qui semble bien trop connaître Djolsulfur.

-Le prix est simple et unique ».

Miliana regarde avec appui chacun des guerriers et, sous son apparente préciosité, il se voit une force et une détermination invincibles.

« La vie ».

Les Chroniques de DjolsulfurWhere stories live. Discover now