Chapitre 14

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Éléna grimpa les marches de l'escalier qui menait à l'étage avec lenteur, tant elle était angoissée. Son estomac se contracta à chacun de ses pas. Elle avait peur. Elle était terrifiée à l'idée de retrouver les deux hommes qui lui avaient fait du mal. Le premier pour lui avoir menti, le second, pour l'avoir violemment agressée et provoqué la colère de Mark qui, à coup sûr, se déchaînera sur elle demain matin.

La trouille au ventre qui compressa ses entrailles, Éléna frappa timidement à la porte du bureau de Karp. Cette dernière s'ouvrit sans qu'elle n'ait eu le temps de baisser la poignée. En franchissant le seuil, elle remarqua immédiatement son patron, le teint livide, assis derrière son bureau. Le blondinet qui l'avait taquinée la veille était assis sur le meuble en noyer vernis. Il s'amusait à faire tourner ne paire de ciseaux autour de son index droit. Deux hommes, aussi hauts que larges, vêtus de complets noirs et à l'air grave, se tenaient derrière son patron qui ne faisait pas le malin. Il n'avait plus rien à voir avec l'homme qui l'a violée vingt minutes plus tôt.

À nouveau, la jeune femme se sentit étouffée par l'atmosphère lourde et pesante autour d'elle. La porte du bureau se referma d'un coup, ce qui la fit sursauter. Elle se retourna vivement et croisa le regard gris de Volkov qui ôta sa main de la porte. Il se redressa et se posta à côté de la blonde qui s'interrogeait sur sa présence dans cette pièce, en compagnie de tous ces hommes.

Éléna n'osa pas soutenir son regard trop longtemps. Le criminel était énervé et contrarié. Inutile qu'elle se le mette à dos lui aussi. D'ailleurs, quelle était la raison de sa colère ? Elle ? Karp ?

— Je viens d'apprendre que vous avez posé vos sales pattes sur Éléna...

Cette dernière se raidit, à l'instar de son employeur qui balayait le bureau à la recherche d'une issue de secours. Il n'y en avait pas et il le savait. Comment ce gangster a-t-il pu être au courant de ce qui venait de se produire ?

— La chaise est-elle inconfortable ? s'amusa Nikon, de la condition du quarantenaire.

— J'ai appris qu'Éléna souffre. Vous l'avez même faite saigner...

La jeune femme, honteuse que son agression soit étalée devant ces inconnus, baissa la tête et noua ses doigts sur son ventre. Cependant, Volkov attrapa doucement sa mâchoire afin de lui faire relever la tête et de croiser son regard bleuté.

— Ce n'est pas à toi d'avoir honte, Éléna, mais à cette ordure qui a abusé de toi. Ne baisse jamais la tête. Ainsi, vous ne connaissez pas le trigramme K.A.Z. ? ajouta le criminel à l'intention du gérant du DC'. Je vais me faire un plaisir de vous rafraîchir la mémoire.

Karp ne broncha pas. Même s'il n'avait jamais entendu ces trois lettres, il sut que ce trigramme avait un lien avec l'homme qui l'avisait de son regard le plus noir. Il déglutit difficilement et fut pris de tremblements corporels incontrôlés.

Le criminel déboutonna la veste de son sempiternel costume trois-pièces, écarta le pan de gauche et passa sa main à l'intérieur pour en extraire un couteau à longue lame. Éléna fut horrifiée en voyant l'arme blanche et ne put s'empêcher de se demander si elle sera la première ou la dernière à se faire poignarder. Elle s'éloigna le plus possible du brun, tandis que le criminel tendit sa main libre vers les deux gorilles aux mains gantées de cuir.

— Messieurs, s'il vous plaît.

Chacun d'eux sut immédiatement ce qu'il devait faire. Ils se saisirent des bras de Karp et le soulevèrent brutalement comme s'il ne pesait rien avant de l'allonger sur le bureau. Nikon se redressa, passa derrière le bureau et entreprit de découper la chemise de sa nouvelle victime avec la paire de ciseaux qu'il tenait, ce qui horrifia la jeune femme, craignant ce qui allait indubitablement se produire.

MafiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant