Jeno entendit la porte s'ouvrir mais ne se retourna pas pour autant. Il ne savait pas ce qu'ils allaient se dire, il ne savait pas ce qu'ils allaient faire, mais il était sûr d'une chose. Ce moment, sur ce toit, serait sûrement le dernier de leur histoire. Le jeune homme entendit des pas se rapprocher, mais ne bougea pas. Il avait trop froid pour effectuer ces simples mouvements, ayant attendu près de deux heures dehors. L'autre s'arrêta, restant derrière lui, hors de sa vue.
- Je m'excuse.
- Pour le retard ? T'inquiètes, j'ai l'habitude d'attendre avec toi.
Jeno se surpris lui-même à parler violemment. Il détestait son comportement, qu'il adoptait inconsciemment pour se protéger de la situation, pour mettre une barrière entre lui et ses émotions. Il respira plus fort, il devait se calmer. Écouter ce que Jaemin allait lui dire après cinq ans.
- Pardon, c'était violent.
- Je le mérite.
Jaemin s'approcha un peu plus, et remarqua son carnet dans la main de Jeno. Il devait s'expliquer, s'excuser et surtout se faire oublier. Ne plus jamais revenir dans la vie de son ex petit-ami. Ne plus jamais lui faire subir de faux espoirs. Ne plus jamais le revoir.
- Tu l'a lu.
- Évidemment, tout. Même la petite note de 2008 que tu as oublié.
Le visage de Jaemin pâlit à cette phrase, Jeno savait donc tout. Les adieux allaient être plus compliqués que prévu. Le jeune homme soupira, il pourrait tout simplement demander pardon, recommencer leur relation, mais non. Sa culpabilité, sa lâcheté et sa honte lui ordonnaient le contraire. Il était persuadé qu'il ne pourrait jamais rendre Jeno heureux, que leur couple ne serait qu'un cercle vicieux de malheur et de tristesse si tout recommençait. Alors Jaemin fuyait. Comme toujours.
Je sais que de simples excuses ne pourront jamais effacer cinq ans de violence, d'insultes, tous les bleus sur ta peau, tous les mots qu'on t'a crachés. Je ne veux pas que tu me pardonnes parce que j'ai été harcelé petit à cause de mon homosexualité. Je veux que tu te rappelles que j'ai été un imbécile qui t'a vu souffrir sans agir. Il faut que tu m'oublies. Parce que je vais encore fuir et te faire mal.
La voix de Jaemin craqua pendant que les larmes dévalaient en silence les joues de Jeno. Il le savait maintenant, cette rencontre était un adieu.
- Pourquoi tu me détestes pas bordel, murmura Jaemin.
- Parce que je t'aime imbécile.
Cette phrase eut l'effet d'un choc électrique dans le corps de Jaemin, qui prit dans ses bras Jeno, le serrant le plus fort possible. Leurs phrases n'étaient maintenant que des murmures, pouvant être entendus seulement par eux.
- Il faut pas. Tu ne dois pas m'aimer, tu peux pas.
- J'ai pas choisi.
- Je sais et j'en suis désolé.
Les deux ne bougèrent plus pendant plusieurs minutes, ne sachant quoi dire ni faire. Les larmes sur leurs joues commençaient à les brûler à cause du froid, et le vent emportait leur respiration saccadée. Jaemin n'osait briser ce moment de quiétude, cherchant une façon d'annoncer son départ sans causer trop de ravage. Mais l'autre garçon semblait déjà avoir réalisé.
- Pas besoin de le dire, j'ai compris.
- De quoi tu parles.
- Ce soir, t'es pas juste venu me présenter tes excuses. Tu viens me voir pour la dernière fois.
Jaemin s'écarta un peu, se retrouvant face à Jeno. Les quelques centimètres qui les séparaient raccourcissaient au fil de la conversation, mais aucun des deux ne voulait rompre cette fine barrière.
- Je suis désolé.
- Arrête de t'excuser, je comprends. Mais sache une chose. Tu m'as dit de me souvenir de toi comme un connard qui ne m'a pas aidé. Je suis pas d'accord. Pour moi tu es et resteras celui qui m'a rendu le plus heureux dans ma vie, qui m'a fait ressentir plus de chose que n'importe qui-
- Pourquoi tu ne te rends pas compte des horreurs que tu as subi à cause de moi?
- Parce que peu importe ce que tu as fait ou pas-
Jeno s'arrêta en plein milieu de sa phrase, retenant un sanglot. Il ferma les yeux, reprenant sa respiration. Il sentit sur ses lèvres celles d'un autre, qu'il connaissait que trop bien, et répondit au baiser. Toutes les émotions qu'il retenait prisonnières depuis des années le submergèrent, et Jeno lâcha prise. Il partagea ce dernier baiser, mélange de nostalgie et de larmes, avant de s'écarter un peu, reprenant sa respiration, et ouvrit les yeux en finissant sa phrase.
- Tu es et resteras mon âme sœur.
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"Blablabla je vais pas faire de sad end" Je me hais 🤡
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Bubblegum bıtch
FanfictionLui, avec son putain de chewing-gum. Lui, qui avait fait de sa vie un enfer. Lui, qu'il n'arrivait pas à détester. Lui, bubblegum bitch.