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Bismillah...

Dans la cour fleurissent des bougainvilliers violets, jaunes et orangés, entrelacés, accrochés aux murs de la case. Magnifiques. En cette fin de matinée, ils semblent se mêler aux boubous colorés, exactement de la même couleur, des femmes de la « maison Ibrahim » dont chacune a sa propre façon de porter son « mouchoir de tête », ces fichus, dont toute Sénégalaise aime se parer. Ndeye Maguette Diawara, 24 ans, ne porte pas de boubou. En jean et petit chemisier blanc, la chevelure tressée, elle est assise sur l'un des petits escaliers avec, non loin d'elle, appuyé contre le mur, Hamid, son frère âgé de 31 ans. Lui aussi est vêtu d'un jean, d'un T-shirt blanc et d'une casquette jaune, enfoncée sur des lunettes noires.
Diawara joue au tennis, s'habille à l'occidentale. Éprise de liberté, elle quitte le Sénégal dès son enfance pour faire ses études à Paris, New-York, Tokyo. Mais l'attachement au pays de son enfance est fort, et c'est à Dakar qu'elle décide de s'installer pour travailler. Diawara veut faire carrière. Et comme on dit la vraie nouveauté naît toujours dans le retour au source. Seulement elle ne pensait pas qu'une fois les pieds foulés au sol sénégalais, elle allait faire une rencontre qui changera complètement sa vie.

C'était une matinée, alors que Diawara était toujours au lit son amie d'enfance rentre dans la chambre en trombe pour tirer celle-ci de son lit.

Moi: putain mais ioe loy def ni?

Aminata: diouguel ga melni koudoul nite.

Moi: sheut nata stp laisse moi dormir je suis très fatigué et je ne veux pas être là où on me traite de pute...

Son amie ne le laisse même pas terminer qu'elle tire sur la couverture.

Moi: arghhh t'es pas possible toi khawma foma topé rek

Elle: mane ga diouge sangou on va faire une sortie avec les filles.

Moi: les filles? De quelles filles tu parles?

Elle: se sont des amies à moi. Vas te préparer stp il est presque midi.

Je sors en traînant les pieds. Avec ce décalage horaire j'arrive pas à m'habituer avec cette connasse  qui me sert d'amie. Mais bon c'est pas pour me déplaire, ça me fera du bien de sortir et changer d'air. Cela maintenant un mois que je suis revenu de Paris. Pour travailler avoir la main et ainsi créer ma propre entreprise. Seulement depuis que je suis ici ma tante et ses filles me font la misère. Je ne rapplique pas parce que ma mère me l'a demandé mais aussi parce que je ne veux pas manquer de respect à mon père. Cet homme qu'est-ce que je ne donnerai pas pour lui? C'est toute ma vie. Ma mère, elle que dire d'elle? J'ai grandi avec une maman qui ne savait pas lire, qui ne savait pas écrire mais qui était pour moi la plus grande entrepreneure qui soit. Elle faisait justement des tontines, elle faisait de la vente à domicile, elle faisait pleins de choses pour se débrouiller. Je crois que j'ai été formée dans cet environnement où mon papa m'a transmis la rigueur, la valeur du travail et ma maman, cette détermination et ce sens de la conviction. J'ai grandi en me disant que rien n'était impossible.'Dès mon plus jeune âge, j'ai eu de la chance d'avoir sur mon chemin de vie des professeurs incroyables qui m'ont permis de nourrir cette volonté de réussir l'impossible, de déterminer mes propres limites, de ne pas croire en ce déterminisme social qu'on voulait m'imposer. Et ils ont véritablement nourri mes rêves. Je me rendais compte à chaque fois de la chance que j'avais de pouvoir apprendre et combler ces chances que des personnes n'ont pas eu dans la vie mais que j'avais bien décidé de construire, d'écrire, de créer.
Un coup sur la porte me ramène de ma rêverie. Je me rends compte que j'ai duré dans la douche.

Nata: ioe khana sangou rek defoko deih? Daga done daye?

Moi: doumala sakh tontou neup

C'est dans cette ambiance que nous avons pris le petit-déjeuner dans ma chambre ne voulant de problème avec ma tante et ses folle de filles. Je demande à maman si je pouvais sortir. Elle me dit oui mais que je dois pas tarder à rentrer. Aminata sors m'attendre dehors en attendant que je sors ma voiture. Oui je suis véhiculée, mais rassurez-vous ce n'est pas mon père qui l'a acheté mais moi de part mes économies et ma bourse scolaire que j'avais gardé sur un compte bloqué. Même si papa pouvait le faire il ne le ferait pas parce qu'il a d'autres enfants et qu'il ne pouvait pas se permettre de telles choses mais aussi parce qu'il veut que nous volons de nos propres ails. J'étais sur le point de monter dans la voiture quand ma sœur Ndeye sokhna m'interpelle.

Une braise glacée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant