𝐎𝐍𝐄

1.7K 138 35
                                    

Assit sur un siège de la sixième rangée, ses écouteurs vissés dans ses oreilles, crachant à ses tympans des percussions agressives, Katsuki scrollait sans but l'écran de son téléphone. 
Son corps aléatoirement secoué par les tressautements légers du bus sur la chaussée, ses yeux parcouraient les informations qui y défilaient sans y porter d'attention particulière. 
Soupirant dans le vide, complètement coupé des sons extérieurs par la musique, il leva un regard morne vers la fenêtre à sa gauche alors que son portable affichait un peu plus de quatorze heures, signifiant déjà qu'une partie de sa journée venait de s'envoler.

A travers la surface vitrée, son propre reflet se dessinait en transparence, renvoyant principalement l'ambre vif de son regard et les nuances cendrées de ses cheveux éparpillés sur son front. 
Près de sa pommette gauche, traçant un demi cercle presque parfait, un bleu sur le déclin décorait peu gracieusement sa joue et, pressant deux doigts curieux dessus, il grimaça en y ressentant un résidus douloureux malgré tout. 
Soupirant une seconde fois à la frustration de voir cet hématome persister à colorer sa peau, déviant alors son regard de son image, il bailla ouvertement en cognant l'arrière de son crâne dans le dossier du siège, fixant son attention sur le plafond de l'habitacle en priant pour que le trajet se termine vite. 

Dehors, et en dépit de la saison printanière qui devait normalement illuminer l'espace, un nuage tout gris faisait barrage au soleil depuis plusieurs heures, menaçant de faire tomber la pluie d'une seconde à l'autre, et rafraichissant la température à l'extérieur. 
Pour autant, les piétons arpentant les trottoirs ne semblaient pas s'en formaliser outre mesure, fourmillant à droite et à gauche, entrant et sortant des quelques boutiques qui bordaient la petite ville qu'il traversait. 
Du reste, à l'intérieur du bus, personne ne s'incommodait non plus du mauvais temps de l'autre côté des vitres, les passagers piaillant entre eux, leurs visages tous couverts de sourires, profitant pleinement de leur dimanche sans s'inquiéter de la possible averse qui leur tomberait dessus en descendant à leur arrêt. 

Finalement, au milieu de tout ça, seul Katsuki tirait la tronche.  
Cela dit, il apparait qu'il s'agissait d'une habitude chez lui, faire la gueule figurant dans le top trois de ses activités favorites.
En numéro deux il dirait, juste derrière la boxe. 

Pour lui, pratiquer le sport de combat, et tout particulièrement ce sport de combat, demeurait sa plus grande passion depuis son jeune âge. 
Son unique passion, en fait. 
Débutée alors qu'il n'avait pas tout à fait dix ans, la boxe c'était très rapidement fait une place d'honneur dans son quotidien, donnant alors un véritable sens à ses journées. 
D'ailleurs, et son entraineur le répétait souvent, Katsuki était doué. 
Il a ça dans le sang, qu'il disait. 

Ainsi, certainement ravis d'avoir enfin trouvé quelque chose qui plaisait à leur éternel insatisfait de fils, ses parents étaient alors prêts à débourser plus que nécessaire pour son activité favorite. 
L'inscrivant uniquement dans les clubs les plus renommés de la région au gré de leurs déménagements ou des études de Katsuki, dépensant sans hésitation leur argent dans du matériel de haute qualité, ils nourrissaient la passion de leur garçon sans jamais compter. 
Au demeurant, il semblait bien qu'ils aient eu raison, voyant non seulement Katsuki devenir de plus en plus doué au fil des années, mais surtout s'assagir et canaliser son infinie colère. 
Frapper stratégiquement lui était bénéfique, son éternelle rancœur et ses pics d'agressivité diminuaient au fil des ans, laissant la place à un adolescent, puis un jeune adulte, plus posé et mesuré. 

Aussi, et de par son talent, il recevait également des offres plus qu'intéressantes en provenance de plus grands clubs encore, lui promettant une carrière professionnelle, un nom sur une affiche, et un salaire à faire pâlir un patron d'entreprise. 
Inconsciemment, il se faisait connaitre autour de lui, les coachs parlaient de lui entre eux, certains n'hésitant même pas à se crêper le chignon pour espérer le compter dans leur équipe. 

𝓛𝐚 𝐭𝐞𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant