𝐍𝐈𝐍𝐄

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L'ambiance ne ressemblait plus à rien, si ce n'est à une interminable catastrophe. 
Balançant son annonce plus que maladroite, réalisant après coup ce qu'il venait de dire, Katsuki ne trouvait même plus le courage de regarder Izuku dans les yeux. 
La gorge fermée et les poings serrés dans ses poches, il mordit violemment l'intérieur de ses joues en baissant la tête, prenant la mesure de sa propre connerie en avalant difficilement sa salive. 
Malgré lui, il revoyait ce baiser absolument fiévreux, celui qu'ils avaient échangé avec son colocataire le samedi matin, leurs bouches hors de contrôle contre la porte des vestiaires du club de boxe. 
Il repensait au contact grisant de sa peau, quand ses doigts effleuraient la courbe du creux de ses reins, l'odeur de son parfum aussi, et la texture douce de ses lèvres pendant qu'il s'acharnait dessus. 

Et puis, la pointe de remords lui brisant la poitrine, il se souvenait de sa fuite complètement lâche, la façon dont il avait déserté les lieux en ignorant les appels d'Ochaco pour mieux disparaitre en douce et refouler toujours plus de sentiments. 
Il repassait à sa mémoire les longues heures d'errance dans les bus et les trains, manipulant son téléphone éteint dans ses mains en hésitant à le rallumer, sans le faire pour autant ceci dit. 
Inconsciemment, en s'éloignant d'Izuku, il brûlait d'envie de surveiller ses messages entrants, juste pour voir si celui ci lui avait écrit quelque chose, s'il s'interrogeait. 
S'il s'inquiétait. 
Quelque part, il voulait admettre les émotions de sa poitrine, celles qui colonisaient l'espace entre ses côtes à chaque fois qu'il se tenait trop près de lui, ou quand la lumière à travers la porte fenêtre faisait ressortir les nuances de ses yeux au hasard d'un sourire. 

Mais son cœur restait piégé dans sa petite cellule de contention, condamné à hurler dans le vide alors que Katsuki prenait une décision stupide seulement dictée par les craintes de son cerveau mal habitué. 
Ainsi, il s'insultait intérieurement en repensant à cet instant pathétique, quand il descendait du train pour marcher directement en direction de l'appartement d'une de ses anciennes connaissance du lycée. 
N'ayant qu'elle dans ses contacts et dont il connaissait à peu près l'adresse, il s'était naïvement réfugié dans son parfum et ses courbes féminines, dans l'espoir complètement ridicule de se rassurer sur ses attirances. 
En revoyant ses propres actions de ce soir là, il rêvait de se frapper lui-même, redessinant à son esprit ses gestes brusques et empressés de se taper la première venue pour se convaincre qu'Izuku n'avait pas tant d'importance que ça. 

_ Tu .. ? sembla essayer Izuku, avant de se raviser en avalant sa salive.  

La panique dans les yeux, Katsuki releva difficilement la tête, cherchant son regard en bloquant sa respiration alors que les regrets le mordaient si fort qu'il pouvait sentir leurs crocs déchirer sa peau de l'intérieur. 

_ Je voulais juste-

_ Récupérer ta dignité bafouée ? cracha durement Izuku, la voix profonde de colère et de déception. 

Inspirant longuement, la poitrine secouée d'un spasme nerveux, Katsuki dût se concentrer pour expirer doucement, sentant la honte s'accrocher partout le long de ses os et de ses muscles pour alourdir encore ses remords. 
Détournant à nouveau le regard, il réalisa subitement que, au milieu des miroirs, le reflet d'Izuku l'assiégeait de partout, sans qu'il ne puisse jamais s'en soustraire. 
La panique grimpait inlassablement le long de son œsophage, rampant comme un animal menaçant jusqu'à atteindre sa gorge, là où il bloqua le passage de l'air pour le mener à l'asphyxie. 

Puis, sans rien ajouter de plus, Izuku amorça soudainement un pas en avant, passant à côté de lui sans le regarder pour quitter lentement la pièce, disparaissant silencieusement de l'autre côté de la porte pour s'élancer dans le couloir.

𝓛𝐚 𝐭𝐞𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant