𝐄𝐈𝐆𝐇𝐓

878 114 44
                                    

Essuyant quelques gouttes de sueur résiduelle sur son front, le cœur battant à tout rompre et le ventre complètement retourné d'avoir couru tout ce qu'il pouvait pour sauter dans le bus de quinze heure vingt trois, Katsuki souffla lentement l'air de ses poumons alors qu'il venait tout juste de passer l'imposant portail de l'école supérieure. 
En arrivant devant, deux minutes auparavant, la stupéfaction l'avait quelque peu cloué sur place, alors qu'il s'immobilisait pour observer la large structure métallique. 
Haute de près de trois mètres -selon ses estimations- la surprenante grille arborait très fièrement une élégante peinture blanche et de nombreuses arabesques sculptées dans l'acier. 

Comme l'entrée d'un château, ou quelque chose qui s'en rapprochait, le décor tranchait avec le reste du paysage, l'immense bâtiment aux allures royales implantés en plein milieu de la ville somme toute banale. 
En pressant la sonnette, qui elle même ne se contentait pas d'un malheureux bouton à pousser, mais d'une élégante sculpture dorée protégeant un petit boitier d'interphone, une voix grave et peu avenante l'avait accueillis et, pantois et nerveux, Katsuki avait eu du mal à expliquer sa venue. 
Suivant les indications de son entraineur, il annonça avoir été expressément invité à rejoindre les lieux et, sans obtenir la moindre réponse verbale, le portail se déverrouilla en même temps que la communication prit fin à travers le petit micro de l'entrée.  

L'extérieur de l'établissement s'étendait en un imposant jardin parfaitement entretenu, pavanant des arbustes taillés à la branche près, et même une élégante fontaine, bien qu'éteinte et visiblement hors fonctionnement. 
Au centre du grand terrain impeccablement vert, donnant l'impression que le gazon y était artificiel, une bâtisse aussi large qu'impressionnante s'imposait en maitre incontesté de ces lieux. 
Présentant de nombreuses fenêtres réparties sur trois niveaux, les murs s'offraient de somptueuses gravures aux abords des ouvertures, alors que le toit s'étirait grâce à une impressionnante girouette totalement démesurée. 

Le bâtiment semblait sortir tout droit d'une autre époque, créant autour de lui son propre environnement et sa propre ambiance qui le détachait du reste de l'agglomération. 
Katsuki craignait presque d'abimer le chemin de graviers alignés au caillou près rien qu'en marchant dessus, se sentant tout à coup très peu à son aise dans ce décor à la limite de l'irréel. 
Marchant doucement pour ne pas faire trop de bruit en foulant le sol avec ses lourdes semelles, il s'avança jusqu'à la haute porte vitrée -parfaitement propre cela va de soi- qui faisait office d'entrée. 
Sans oser poser ses mains brutes sur la belle poignée forgée, il ouvrit en s'aidant simplement du bout de ses doigts, gardant cette impression constante qu'il risquait de tout détruire rien qu'en le touchant. 

Dans le hall, aussi immense que le reste, un luxueux carrelage brillant s'accordait merveilleusement bien aux peintures claires des murs intérieurs, accentuant encore plus l'impression de grandeur infinie des lieux. 
Presque vide, l'espace donnait sur quelques portes réparties à droite et à gauche, correspondant aux différents bureaux administratifs et, passant devant sans s'y arrêter, il arriva face à deux imposants escaliers tournants. 
Les deux constructions semblaient mener au même endroits, rejoignant l'étage par ses deux côtés et, admirant la structure marbrée des marches et des rampes, Katsuki hésita une seconde. 

Tout paraissait si beau, si grand et si luxueux que sa seule présence suffisait à faire tâche dans ce décor, alors que son front transpirait encore légèrement et qu'il portait un ensemble de survêtement, sa veste ouverte sur un pauvre marcel foncé. 
Il se sentait comme un intru, un ogre au milieu d'une colonie de nymphe, ou un vaurien dans une cathédrale. 
Lentement, s'efforçant de n'émettre aucun bruit pour ne pas déranger la vie dans le bâtiment, ses pas le menèrent vers l'escalier de gauche, alors qu'il ne posa pas sa main sur la rampe de peur de la salir contre ses doigts maladroits. 
Grimpant la quinzaine de marches, il débarqua dans un tout nouveau couloir, arborant un carrelage et une peinture similaire à ceux du rez de chaussée. 

𝓛𝐚 𝐭𝐞𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant